James Blake – Assume Form | L’album qui dépasse largement le hype…
À deux semaines de la venue de James Blake à Montréal, notre collaborateur Philippe Mercier a fait fi du fait que nous ne publions à peu près plus de critiques d’albums, et s’est laissé emporter par l’envie irrésistible d’encenser le nouvel album du musicien britannique, « Assume Form », paru le 18 janvier dernier. Et pourquoi pas. La parole à Philippe Mercier.
Comment expliquer le phénomène James Blake? Un artiste éclectique qui collabore avec les plus grands noms de l’heure et qui semble défier le format radio à chacune de ses chansons – une combinaison souvent retrouvée chez des artistes vétérans qui ont « mérité » le bénéfice du doute. Blake est par contre très jeune et connaît actuellement une montée fulgurante propulsée par sa voix unique et ses fusions de styles. Il est une curiosité sur laquelle il vaut la peine de s’attarder, car la profondeur de sa dernière œuvre Assume Form dépasse largement le hype autour de l’homme.
La pièce titre confirme dès le début qu’Assume Form ne sera pas une écoute facile. Un piano délicat qui change subitement de tempo fait contraste aux promesses de Blake de devenir un meilleur amant. La chanson n’est pas sans rappeler les sonorités parfois dissonantes de Radiohead, même si le son est définitivement plus moderne. Mile High – le premier single de l’album – se distingue plutôt par la collaboration de Travis Scott, qui navigue aisément le rythme électro plus calme et intime. Une autre collaboration – celle d’André 3000 sur Where’s the Catch – inflige une bonne dose d’énergie à un album qui se veut plus tranquille.
Parce que s’il y a une critique majeure à faire à propos d’Assume Form, c’est que c’est un album qui se prend très au sérieux. Une ambiance de morosité plane au-dessus du disque et le rendu final peut paraître comme étant prétentieux à première écoute. On ressort avec l’impression que d’avoir collaboré avec Beyoncé, Jay-Z, Kendrick Lamar et Anderson .Paak lui est peut-être monté à la tête. Mais c’est plutôt un album qu’il faut déballer – une écoute à la fois – pour s’accrocher à de nouveaux éléments à chaque passage.
La direction prise ici par Blake est intéressante et audacieuse. L’album n’est pas parfait et son ambition fait peut-être ombrage à la grandeur de son talent, mais Assume Form demeure la barre à franchir pour le statut de meilleur album de l’année 2019.
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