Hamza

Hamza au OfF Piknic | Sauce God, pour les intimes

Le rappeur belge Hamza était de passage dans la métropole ce vendredi 2 juin pour y dévoiler son nouvel album, Sincèrement, paru en février dernier, au OfF Piknic, sous-branche de la programmation du Piknic Électronik. Son compatriote bruxellois YG Pablo s’avérait également présent durant la soirée, de même que les DJ Nana Zen et High Klassified.

Le site du OfF Piknic se révèle très « été » dans sa globalité : food trucks, activités ludiques ou éléments saisonniers (tennis de table extérieur, volleyball, hamacs), une grande variété dans les alcools vendus (davantage que dans la nourriture, c’est un choix comme un autre).

L’emplacement rappelle le festival Osheaga — ce qui est normal, puisque c’est à toutes fins pratiques le même lieu —, mais en trois fois moins cher pour prendre part à l’événement!

Si le site se présente comme relativement grand, la scène Fizz, quant à elle, s’avère absolument minuscule. Et ce n’est pas une façon de parler : minuscule au point d’établir un parallèle avec une « Scène Découverte » présentant des artistes émergents dans un festival quelconque.

Aucunement un reproche, ça amène cette belle couleur showcase, mais doit tout de même un peu déstabiliser Hamza, lui qui s’apprête à s’offrir un Accor Arena (20 000 places) en novembre prochain.

Après trois solides performances, le rappeur bruxellois, dit « Sauce God », arrive vers 21h, sous le piano du premier titre de son récent projet, Introduction.

 

Le spleen, à la sauce moderne

L’appellation de Sincèrement parle d’elle-même : la pandémie a grandement influencé les relations d’Hamza, qui se livre en introspection et sans gêne sur la vingtaine de morceaux de l’album.

Les textes sont sombres, mélancoliques, évoquent sa dépendance à de multiples substances, comme sur l’excellent Codéine 19 (à noter que l’artiste a avoué dans les pages du quotidien belge L’Écho qu’il ne consomme plus ces drogues aujourd’hui); comme quoi, la disposition scénique concorde parfaitement avec le message de son album.

« J’vois la vie en noir mais j’ai des billets violets, mauves », chante-t-il sur Ma réalité, vers le milieu de sa performance, sous une touche d’ego trip tant caractéristique au rap actuel.

Vêtu d’un polo et de lunettes fumées reconnaissables au style du Sauce God, Hamza alterne entre des morceaux de Sincèrement (Free YSL, Murder, Sadio) et des classiques de sa discographie (Mucho Love, El Dorado, le très populaire Life), sans jamais perdre cette ambiance mystérieuse et gangsta qui lui a sans aucun doute procuré son succès depuis les dernières années.

Sans être spectaculaires, trois écrans projettent des motifs et des couleurs tout au long de la performance, alors que la nuit tombe progressivement sur le site, arrivant parfaitement à combler l’absence d’éclairages; il est toutefois à se demander si une caméra n’aurait pas pu présenter Hamza en temps réel à l’écran, l’intimité de la scène n’ayant certainement pas permis aux plus éloignés d’apprécier le concert davantage.

Alors que l’artiste mise essentiellement sur les morceaux en collaboration dans sa performance, notamment avec Drill FR 5 (feat. Gazo), Atasanté (feat. Tiakola), Sadio (feat. Offset, ancien membre du groupe de référence de la trap Migos – un petit exploit pour le Plat Pays d’attirer un si grand nom du rap! –), Hamza termine avec deux morceaux nés d’un duo génial avec son compatriote Damso, soit God Bless et BXL ZOO, avant d’enchaîner sur le tube Fade Up, avec ZEG P et SCH.

« Si je pouvais rester une heure de plus je le ferais, wallah les gars », conclut-il.

Pourtant, deux reproches notables ressortent face au passage d’Hamza à Montréal : avant tout, le manque d’interactions.

Le rappeur belgo-marocain ne s’adresse que très peu à la foule au cours de son concert, et peut-être à raison : ne disposant que d’une petite heure, il semble difficile d’insérer tous ses hits dans un passage aussi court en établissant une réelle connexion par la même occasion (aurait-il dû « sacrifier » une chanson pour s’exprimer davantage à son public, un questionnement personnel?).

En deuxième lieu, le combo play-back et autotune : la majorité des textes entendus durant sa performance ne semblent être que les enregistrements de ses morceaux, et le reste, un abus de voix autotunée.

Dommage, mais devenue monnaie courante dans le rap actuel.

Le concert se révèle loin d’être mauvais, le public reste bouillant durant son passage, mais compte tenu du grand talent de l’artiste en studio, on aurait sûrement voulu en voir davantage, et sur un set plus long.

 

Récurent

Comme écrit ci-haut, la foule se montre réactive durant la majorité des performances, le rap demeurant l’un des seuls styles musicaux permettant un tel niveau d’ardeur et de turbulences.

Et pourtant.

Il avait déjà été émis dans une autre critique personnelle qu’un problème généralisé semble se dessiner par rapport à un certain public rap.

Outre quelques écarts verbaux par-ci, par-là, rien de très grave ni d’inhabituel, on note avec profond dégoût plusieurs hommes profitant de la proximité de la foule pour se coller et agripper des femmes, de dos, ne semblant souvent qu’à moitié consentantes, partout à travers le parterre.

Comme si trouver une conquête pour la nuit les importait plus que d’apprécier la fine crème du rap belge. Des comportements pareils continuent de ternir la supposée belle image que devraient projeter le rap et le genre masculin.

Installez Tinder, Messieurs, pas ici, et pas de cette manière, surtout pas de cette manière…

 

En mixages, puis en rap

Suivant l’ouverture des portes à 16h, la DJ Nana Zen ouvre le bal avec un set assez plaisant une heure plus tard, optant surtout pour des classiques de la pop ou du rap américain, également francophone, comme Alors on danse ou Bande Organisée.

S’ensuit le producteur et DJ High Klassified, Québécois notamment reconnu pour avoir collaboré avec certains des plus grands noms du rap et du R&B du globe tels que Future et The Weeknd (Comin Out Strong) ou Damso (Ω. Vivre un peu).

Son passage révèle un goût plus prononcé pour le rap francophone dans ses mix, au vu du reste de la soirée, alors que l’artiste montréalais Rowjay et le producteur Freakey! sont invités sur scène pour chanter quelques morceaux à ses côtés.

Le rappeur bruxellois YG Pablo monte sur les planches vers 20h10, après vingt minutes de retard, pour compléter ce trio de premières parties par un brillant passage, son premier à Montréal.

Doté d’un esprit de lover boy provocateur se reflétant sans détour dans ses textes, YG Pablo alterne entre le rap et le chant, montrant au public montréalais sa polyvalence à travers son set.

Dans un style pouvant rappeler de temps à autre le Hamza des débuts, l’artiste interprète notamment des titres comme Questions, Scène de film ou DM, devant une foule malheureusement trop éteinte d’une manière générale, malgré ses mots.

Alors que YG Pablo essaie tant bien que mal d’établir une connexion avec le public, ce dernier ne semble pas assez familier avec sa musique pour complètement y parvenir; à noter des tentatives de mosh pits peu réussies, de même qu’une foule entière tapant des mains s’arrêtant après quelques secondes.

Le rappeur force une pause durant son concert à la suite d’un malaise d’un membre du public (réagissant rapidement, un anti Travis Scott il faut dire), avant d’enchaîner avec le reste de son set, toujours dans l’aisance et les gestuelles appropriées.

« Montréal, faites attention à vous, regardez à votre droite et à votre gauche que tout le monde va bien », lance-t-il durant l’incident, soucieux de l’état des personnes présentes au OfF Piknic.

Terminant sur l’excellent AVM, à la typique prod bruxelloise pouvant rappeler des instrumentales de titres du rappeur Swing ou des deux projets Morale de Roméo Elvis, YG Pablo se distingue comme une perle du rap belge, à découvrir encore pour beaucoup.

 

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