Halka

Halka du Groupe acrobatique de Tanger à la Tohu | Entre tradition et modernité

C’est la première fois qu’une compagnie de cirque nord-africaine se produit entre les murs circulaires de la Tohu. Le Groupe acrobatique de Tanger, bravant l’hiver québécois, nous arrive avec leur spectacle Halka. Ce mot arabe du titre représente un art séculaire marocain qui correspond au cercle formé par les badauds sur une place publique où des artistes forains s’exécutent dans le même esprit de divertissement populaire, avec des prouesses à couper le souffle.

Le Groupe acrobatique de Tanger, fondé en 2004, réunit 14 artistes, à forte majorité des hommes dont le plus jeune n’a pas encore 20 ans. La plupart ne parlent ni français ni anglais, mais leur spectacle en langue arabe ne constitue en rien une entrave. Avec une extraordinaire poussée d’énergie, non seulement s’adonnent-ils à des mouvements acrobatiques complexes, mais ils chantent et ils dansent aussi, accompagnés de musiciens sur scène dont les percussions ajoutent un niveau de célébration du dépassement de soi, peu importent la nationalité et les origines.

*Photo par Richard Haughton.

L’énergie du cercle

Ce qu’ils appellent « l’énergie du cercle » à propos de la halka, est terriblement communicative. Si bien que, malgré une dépense d’énergie et d’adresse incroyablement poussée, les acrobates semblent s’amuser en nous tenant sur le bout de notre siège. La facture de leur spectacle d’une petite heure est résolument festive.

Ces as de l’acrobatie utilisent dans leur prestation des objets usuels marocains, comme la facha, une ceinture large de tissus colorés qui n’est pas sans rappeler la traditionnelle ceinture fléchée bien québécoise. Ils utilisent aussi la djefna, une sorte de cuve métallique rouge portée sur la tête, autant que placée au sol pour danser dessus avec une résonance stimulante, ou encore transformant l’objet en un instrument de percussions dont les sons musicaux ressortent de la mêlée.

*Photo par Richard Haughton.

Entre l’art ancestral et contemporain

En plaçant la culture populaire au cœur de l’élaboration de ses prestations, le Groupe acrobatique de Tanger fonde sa raison d’être sur la recherche constante de liens entre l’art ancestral et la création contemporaine. Ce qui donne de réels exploits physiques, comme des figures élaborées qui regroupent jusqu’à dix acrobates formant des pyramides humaines qui défient l’imagination.

*Photo par Richard Haughton.

Souvent groupés deux par deux, pieds nus la plupart du temps, les artistes exécutent tout autant des colonnes spectaculaires de quatre étages, se tenant debout, à tout risque, sur les épaules de celui qui précède. Les enchaînements se succèdent à vive allure, allant du souffle choral de l’ensemble aux cris de ralliement qu’ils lancent avec vigueur en dansant à la manière de leur culture arabe. Et l’on se laisse embarquer dans le jeu, comme eux, tête première.

Le Groupe acrobatique de Tanger, qu’il ne faudra pas manquer à la Tohu jusqu’au 9 février, poursuivra sa virée jubilatoire en Amérique du Nord avec une première tournée canadienne qui transportera tout ce beau monde à Toronto, Winnipeg et Vancouver.

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