Half Moon Run

Half Moon Run et l’OSM | Une rencontre parfaitement réussie

Mardi soir, le 13 mai 2025, la Maison symphonique de Montréal accueillait un projet audacieux : réunir sur scène Half Moon Run et l’Orchestre symphonique de Montréal. Huit ans après leur dernière collaboration, les deux formations se retrouvaient pour une série de trois concerts qui explore un territoire musical rarement emprunté.

Dès les premières minutes, une atmosphère particulière s’est installée. Le trio — Devon Portielje, Conner Molander et Dylan Phillips — est apparu calme et parfaitement à sa place au milieu des musiciens classiques dirigés par Adam Johnson. Plutôt que de chercher à dominer la scène, Half Moon Run a choisi de s’adapter au langage orchestral, avec une retenue qui donnait toute la place aux arrangements.

Une alliance finement dosée

Le groupe a choisi de modérer la puissance de ses instruments, laissant de côté l’intensité habituelle de ses concerts rock pour adopter une approche plus nuancée. Ce parti pris ouvrait l’espace aux cordes, aux cuivres et aux percussions de l’OSM, qui ont su enrichir chaque pièce avec précision et subtilité. Au départ, j’ai été un peu déstabilisé par l’absence de contrastes marqués, mais rapidement, l’oreille s’adapte. On saisit alors mieux l’intention : un équilibre repensé, où chaque instrument trouve sa place sans écraser l’autre. Le résultat était délicat et immersif.

Un concert continu en mouvements

Le spectacle, présenté sans entracte, s’articulait en cinq segments distincts, chacun construit comme un tableau sonore. Plutôt que d’enchaîner simplement les morceaux, le groupe a opté pour une progression réfléchie, presque narrative, qui donnait une structure claire à l’ensemble. La majorité des pièces provenaient de Salt, leur plus récent album paru en 2023, et prenaient une toute nouvelle ampleur grâce aux arrangements orchestraux. Grow Into Love s’est particulièrement démarquée : les cordes y étaient travaillées avec finesse, révélant toute la richesse de l’orchestre sans jamais tomber dans l’emphase.

Le moment fort

C’est dans la seconde moitié du concert que tout a vraiment pris son envol pour moi. Avec Then Again, Full Circle et Call Me in the Afternoon, le groupe a replongé dans ses morceaux les plus emblématiques. Un vrai retour dans le temps. Je me suis surpris à repenser à mes années de cégep, casque vissé sur les oreilles, à écouter ces chansons à plein volume sur mon iPod — oui, j’en suis là.

Full Circle a été l’un des sommets de la soirée. L’arrangement avec les vents, tout en finesse, ajoutait une profondeur incroyable. À ce moment précis, tout semblait parfaitement en place : les voix, les harmonies, l’orchestre. Comme une scène de film qui tombe juste. J’aurais racheté un billet rien que pour revivre cet instant.

Devon Portielje, derrière son micro et son tambour, affichait un sourire sincère après chaque chanson. Un geste simple, mais révélateur : on sentait une vraie fierté, une joie calme face à ce projet mené à bien. Et sa voix… rarement entendue une aussi belle résonance dans la Maison symphonique. Elle semblait faite pour cet endroit.

Une sortie toute en retenue

Après une ovation bien sentie, le groupe est revenu pour un dernier morceau. Sun Leads Me On, dans une version réduite à l’essentiel : une guitare, trois voix, et un silence total dans la salle. Une fin à l’image du concert : sobre, cohérente, sans faille.

En résumé

Le concert a duré environ 80 minutes. Assez pour créer une impression forte, pas assez pour combler l’envie d’y retourner. Ce n’est peut-être pas un défaut. Certaines expériences gagnent à rester brèves pour mieux s’imprimer.

Amateurs de Half Moon Run, il reste deux représentations, les 15 et 16 mai. Une occasion rare d’entendre leur musique transformée, sans la dénaturer, dans un dialogue réussi avec l’univers symphonique.

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