crédit photo: Marie-Claire Denis
Gorillaz

Gorillaz à Montréal | Quand Damon Albarn procure un rare moment de réjouissance au Centre Bell

On ne verra pas beaucoup de foules en liesse durant deux heures et demie ces prochains mois au Centre Bell. Il faut le prendre quand ça passe. Et en ce début octobre, c’est par le passage de Damon Albarn et Gorillaz qu’on a pu vivre cette précieuse séance de réjouissance.

Il faut dire qu’il n’y avait pas tout à fait 10 000 personnes dans l’amphithéâtre en ce samedi soir d’octobre, ce qui est moins que la moyenne des match du CH. Quoi qu’on risque de voir des chiffres d’assistance semblables à ça dans quelques mois…

Rien de si notable en quantité, mais la qualité, elle, était au rendez-vous. Il y avait une euphorie digne d’un Centre Bell bien plein samedi, et les musiciens de Gorillaz ont su en donner pour leur argent aux fans réunis.

Dans le respect qu’on connaît de Damon Albarn envers les cultures et les langues locales, la soirée a débuté avec un « BONJOUR » (inscrit à l’écran géant, en écho au « Helloooo » de l’intro de M1 A1) et s’est terminée  par un « Bonsoir » du chanteur après avoir interprété Plastic Beach avant le rappel.

C’était là l’un des nombreux aspects sympathiques de la prestation plus humaine que ce à quoi le projet nous a habitué. Car inutile de le rappeler : il y a maintenant plus de 20 ans, Gorillaz débarquait sur la scène musicale comme un mystérieux projet parallèle d’artistes camouflés derrière des alter-egos en dessins animés.

Lors de la toute première tournée du groupe, vers 2001, les musiciens de Gorillaz devaient composer avec les inconvénients d’un concept autrement génial : ils devaient jongler entre une présence sur scène en direct et virtuelle, en jouant derrière un écran de cinéma géant, qui projetait des clips vidéo et du visuel à la foule.

Lors de leurs présences au Centre Bell en 2010 et 2018, on voyait déjà progressivement le concept se transformer en véritable concert, avec les musiciens bien en vue.

Mais ici, en 2022, c’est carrément un show de Damon Albarn et ses musiciens, le leader bien au-devant de la scène, souvent même en contact physique avec le public, sans pour autant que le génialissime univers visuel de l’illustrateur Jamie Hewlett soit relégué aux oubliettes. Les écrans nous proposent toujours des bouts de clips et des animations qui ajoutent au spectacle. Sauf que la star, c’est Damon. Et c’est bien correct comme ça.

Cela permet notamment de créer une véritable communion du public avec à la fois les nombreuses chansons marquantes du désormais vaste répertoire de Gorillaz, mais aussi avec le musicien britannique mythique qui entame maintenant sa quatrième décennie de pertinence renouvelée.

Accompagné de cinq choristes, deux batteurs, un percussioniste, et bien entendu de Mike Smith au clavier, Albarn peut assumer son rôle de frontman à souhait, dans une facture musicale moins soignée qu’à ses dernières visites à Montréal, mais plus brute, plus rock d’une certaine façon. On le ressent dès le départ d’ailleurs, lorsque le groupe doit recommencer Last Living Soul à la suite d’un petit problème de communication. Un moment d’imperfection parfaitement charmant.

Et cela ne signifie pas non plus que Damon Albarn soit le seul talent digne de mention à bord, bien au contraire. Non seulement peut-il compter sur l’excellent et charismatique bassiste nigérien Seye Adelekan à ses côtés, en plus de son fidèle guitariste des douze dernières années, Jeff Wootton, mais aussi des présences « virtuelles »  de Thundercat, Little Dragon et Kevin Parker (Tame Impala) via vidéo, ou Bobby Womack et Del The Funky Homosapien en bande son, mais aussi les présences « en présentiel » du polyvalent Booty Brown (de The Pharcyde) pour Dirty Harry, New Gold et Stylo, ainsi que les gars de De La Soul pour Feel Good Inc. !

D’ailleurs, tant qu’à traîner les gars de De La Soul en tournée, pouvez-vous bien me dire pourquoi Gorillaz se prive de nous offrir le mythique duo hip-hop en première partie?  Rien contre le duo d’Atlanta EARTHGANG, qui a parfaitement rempli sa mission de réchauffer la foule avec son rap funky et rassembleur, mais tout de même…

Tout ça pour dire que Gorillaz dispose de plus d’outils qu’il n’en faut pour faire vivre au public une soirée hors du commun, et c’est précisément ce qui est arrivé.

Paradoxalement, même si le groupe prévoit lancer un nouvel album intitulé Cracker Island en février 2023, ce sont les deux premiers albums qui ont occupé plus de la moitié de la grille de chansons : neuf titres de Demon Days,  et cinq de Gorillaz. Les adeptes de Plastic Beach ont aussi été servis avec six titres. On a quand même eu droit à trois chansons toutes neuves, soit Cracker Island, New Gold et Skinny Ape.

Bref, un très bon équilibre de chansons, interprétées à la chaîne comme un feu roulant très bien calibré, qui s’est terminé par un Clint Eastwood endiablé, au plus grand plaisir d’une foule absolument conquise.

Manquait juste le Oléééééé, olé olé olé pour nous faire vivre les frissons typiques du Centre Bell, qui risquent de nous manquer pour les prochains mois…

 

 

Grille de chansons

  1. M1 A1
  2. Last Living Souls
  3. Tranz
  4. White Light
  5. Tomorrow Comes Today
  6. 19-2000
  7. Rhinestone Eyes
  8. Every Planet We Reach Is Dead
  9. Cracker Island
  10. O Green World
  11. On Melancholy Hill
  12. El Mañana
  13. New Genious (Brother)
  14. Empire Ants
  15. Skinny Ape
  16. Kids With Guns
  17. Opium
  18. Andromeda
  19. Dirty Harry
  20. DARE
  21. Momentary Bliss
  22. Plastic Beach

Rappel

  1. New Gold
  2. Stylo
  3. Feel Good Inc.
  4. Clint Eastwood

Photos en vrac

Earthgan

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