Gnawa Diffusion à l’Olympia | Quand Grenoble rencontre Montréal

Né en 1992 à Grenoble, dans le sud-est de la France, le groupe Gnawa Diffusion s’impose depuis plus de trois décennies comme une figure emblématique de la « world music engagée », s’il fallait leur donner une étiquette. Fondé autour d’Amazigh Kateb, fils de l’écrivain Kateb Yacine, le groupe puise son nom dans la tradition gnawa tout en mêlant reggae, rock, chaâbi, raï : un métissage des genres et des cultures, avec une attitude punk.

Leur première réalisation, l’album Légitime différence (1993), marque le début d’un parcours audacieux. Ensuite, la discographie s’enrichit, avec notamment Algeria (1997) (avec les fameuses premières phrases : « Je voudrais être un fauteuil… » — vous connaissez la suite —), puis Bab El Oued Kingston (1999), Souk System (2003), Shock El Hal (2012), et plus récemment l’EP Rwina (2025).

La musique de Gnawa Diffusion transcende les frontières — textes en arabe, français, anglais (et parfois tamazight), rythmes mêlant tradition nord-africaine et influences reggae/rock/rap — un art festif, porteur de contestation, de mémoire et d’ouverture.

Originaire moi aussi de Grenoble, je sais combien le contexte de cette ville — montagnes majestueuses, histoire ouvrière, immigration, inégalités sociales — a façonné un terreau fertile pour un esprit rebelle, métissé et lucide. Mais il faut aussi le dire : la ville souffre depuis des années d’une criminalité marquée, d’une insécurité réelle que l’on ne peut nier.

C’est dans ce contexte contrasté — beauté alpine, tensions sociales, diversité culturelle et défis urbains — que Gnawa Diffusion a puisé une identité plurielle, ouverte, engagée.

C’est dans cet esprit qu’ils renouent avec Montréal ce soir — une ville où ils avaient déjà marqué les esprits lors du Festival international Nuits d’Afrique en 2012. Ce soir-là, leur performance au Métropolis avait transformé la salle en un espace vibrant, entre rythmes ensorcelants, engagement politique et communion festive avec le public.

Cette rage de vivre et de justice, le groupe vient à nouveau la partager — et c’est dans ce mélange d’alchimie musicale, de témoignage social et de communion humaine que réside toute sa puissance.

La première partie ce soir est assurée par Abdel Grooz, un artiste algérien aujourd’hui basé à Montréal. Depuis 2022, Abdel est bassiste et directeur musical au sein de Kalabanté Productions.