Gaëtane Breton en chansons à Pointe-à-Callières | La petite histoire dans la grande
« J’ai vécu 15 ans sur la rue Jeanne-Mance près du boulevard de Maisonneuve en ne connaissant presque rien de leur rôle de fondateurs de Montréal », avoue Gaëtane Breton qui vient de publier aux Éditions Planète rebelle un livre-disque intitulé « La périlleuse fondation de Ville-Marie », écrit par Lise Baucher-Morency, avec 12 chansons originales de la chanteuse.
Lundi prochain le 22 mai à 14h au Musée Pointe-à-Callières, là où tout a commencé de l’histoire de Montréal, Gaëtane Breton offrira un spectacle extérieur gratuit sur la lancée des célébrations du 375e. Elle sera accompagnée des musiciens Andrew Wells-Oberegger et Gilles Plante, ce rare spécialiste des instruments anciens qui a fondé l’Ensemble Claude-Gervaise.
Tambourin, guimbarde, bouzouki, luth, tambour, hochet iroquois, caisse claire, harpe, flûte à bec, cromorne basse, ocarina basse, courtaud, flûte traversière baroque et cloche sont au nombre des instruments anciens utilisés pour le spectacle, alors que se voient ajoutés sur le disque le violon et la taille de viole de Diane Plouffe-Plante et la guitare basse de Michel Robidoux. Ce même Michel Robidoux qui est derrière Le petit roi de Jean-Pierre Ferland et tant d’autres.
Les plus âgés se souviendront très bien du grand succès populaire dans les années 70 du duo Breton-Cyr, avec leurs six albums et leurs tournées partout au Québec. Richard Cyr est décédé à seulement 48 ans en 2004, mais Gaëtane Breton a gardé toute la fougue de ces belles années en convertissant ses talents à mieux faire connaître notre histoire.
« Les années 80, après le référendum, ont été très dures pour tout ce qui était musique traditionnelle, se rappelle la chanteuse. Garolou, Le rêve du diable et bien d’autres n’étaient plus au goût du jour. Je suis repartie pratiquement à zéro. Mais je n’aurais jamais pensé me tourner vers l’histoire sans mon mari, Hugh Phillips, qui m’y a poussée. Ça prenait bien un Britannique pour ainsi défendre et vouloir illustrer l’histoire de la Nouvelle-France. »
Cette Beauceronne du nord, née à Sainte-Hénédine, a connu son baptême de l’écriture de chansons en 2008 avec Les aventures de Samuel de Champlain qui a atteint les 4 000 exemplaires vendus. C’est ce qui l’a encouragée par la suite pour mettre au monde les chansons de La périlleuse fondation de Ville-Marie en se collant au très beau roman jeunesse de Lise Baucher-Morency, sous la supervision précieuse pour les chansons d’une autre amie de longue date, l’auteure dramatique Maryse Pelletier.
Entre la petite histoire et la grande, Gaëtane Breton raconte en chansons le quotidien de la colonie du premier Fort Ville-Marie, exactement là où se trouve aujourd’hui le musée Pointe-à-Callières. En costume d’époque et soutenue par tous ces instruments de musique bizarres, elle ne fait pas que chanter, mais plutôt interprète, joue, habite chacun de ses textes avec un fort pouvoir d’évocation.
« Mieux vaut partir en Nouvelle-France que de mourir de faim en France », chante-t-elle à propos de la famine, souvent provoquée par des guerres intestines en Europe. N’empêche, il fallait toute une dose de courage pour subir dans des conditions infectes la traversée de trois mois en mer, et venir jusqu’ici devant rien, sinon l’affrontement des méchants Iroquois et les terribles hivers. « Les cinq nations iroquoises étaient très menaçantes, avec des guerriers féroces et très bien organisés. Les Iroquois sont devenus des alliés des Hollandais et des Anglais, alors que les Algonquins et les Hurons étaient en paix avec les Français. »
Maisonneuve, un officier de l’armée française, et Jeanne Mance, deuxième d’une famille de 12 enfants, étaient investis d’une mission, celle d’évangéliser ces Sauvages qui ne leur avaient pourtant rien demandé.
D’après l’historien Jacques Lacoursière, qui s’intéresse au plus près au travail de Gaëtane Breton et de ses musiciens, Ville-Marie a été la seule fondation mystique dans le nouveau monde. La colonie, bravement, s’intéressait davantage à convertir les Indiens qu’au commerce des fourrures, rêvant d’une cité mariale vivant en paix.
Hugh Phillips, à qui est dédié le livre-disque, est décédé l’hiver dernier. « C’est notre dernière création ensemble. Grâce à lui, j’ai appris à connaître et à aimer notre histoire. Je continue à chanter pour lui, et en pensant au courage et à la bravoure des premiers colons de ce qui est devenu Montréal, et dont nous pouvons être si fiers », conclue Gaëtane Breton, en ajoutant pour le plaisir de l’anecdote que Maisonneuve à ses heures jouait du luth.
- Artiste(s)
- Gaëtane Breton
- Ville(s)
- Montréal
Vos commentaires