FTA (Festival)

FTA 2016 | L’année de tous les dangers

«Le FTA scintille, jubile, transporte, étonne, enflamme, fascine, dérange et éclate», c’est en ces mots qu’a été annoncée hier la programmation complète du Festival TransAmériques qui se tiendra dans une quinzaine de lieux culturels à Montréal, du 26 mai au 8 juin 2016. Le FTA est devenu rien de moins que le plus important événement de création contemporaine en théâtre et en danse en Amérique du Nord.

Quatorze jours donc pour célébrer ce qui se fait de plus audacieux en arts de la scène ici et en Europe, avec 25 spectacles dont 12 coproductions et 10 premières mondiales pour ce jeune festival qui fête ses 10 ans, à la suite du Festival de théâtre des Amériques qui aurait eu 31 ans cette année.

C’est Martin Faucher qui dirige le FTA pour une deuxième année, avec une transition très heureusement apparentée à la direction précédente. Dans sa présentation à la presse hier, Faucher parlait de «l’accomplissement de 18 mois de travail», ce qui donne un programme au format d’un petit livre de 128 pages.

Nouvelle identité visuelle également pour le FTA, «trois lettres qui éclatent en couleurs de feu» disait le directeur artistique qui n’a pas manqué de témoigner sa solidarité envers le Kunstenfestival de Bruxelles qui annoncera sa programmation demain.

En ouverture du FTA, Une île flottante du maître européen de l’heure, Christoph Marthaler, un vaudeville discordant qui se prend peut-être trop au sérieux, à en juger par l’extrait présenté hier. Et en clôture, Gala, du Français Jérôme Bel, une forme hybride où se rencontreront 18 danseurs, certains professionnels, certains totalement amateurs.

Une île flottante. Photo par Simon Hallstrom.

Une île flottante. Photo par Simon Hallstrom.

Entre les deux, commençons par une partie du contenu québécois dont le très attendu Mille batailles de la flamboyante Louise Lecavalier. La plus grande star de la danse ici, qui s’est exécutée dans une vidéo avec David Bowie, dansera avec Robert Abubo dans un ring imaginaire où duo et duel se confondent.

Denis Marleau et Stéphanie Jasmin mettront en scène L’autre hiver de Normand Chaurette, en coproduction avec la Belgique où le travail d’Ubu Compagnie de création est grandement reconnu depuis les 20 dernières années. Le texte place en opposition deux figures emblématiques de la littérature française, Verlaine et Rimbaud, mais en tant qu’hommes cette fois. Un spectacle qui promet, comme sait le faire UBU, d’innover sur le plan scénique.

Aussi, le tandem Étienne Lepage au texte et Frédérick Gravel à la chorégraphie offrira la création prévue comme mordante de Logique du pire, pour cinq interprètes, dont Renaud Lacelle-Bourdon. Mi-théâtre mi-danse, le spectacle s’est construit autour des malaises criants d’égos en chute libre face au chaos humain.

Enfin, la compagnie montréalaise Manon fait de la danse créera Fin de série où Manon Oligny dirigera cinq femmes devant l’ultime combat des stéréotypes tenaces de la condition féminine, auxquelles femmes s’ajoutera la soprano Florie Valiquette.

Fin de série. Photo par Yanick MacDonald.

Fin de série. Photo par Yanick MacDonald.

En contrepartie, l’intrigant solo masculin So You Can Feel, du performeur et chorégraphe flamand Pieter Ampe, un iconoclaste frondeur qui osera dans la plus grande impudeur offrir son corps au public.

Une curiosité s’impose ensuite, The Ventriloquists Convention, de l’artiste franco-autrichienne Gisèle Vienne qui, après Jerk, retrouve Dennis Cooper dans ce psychodrame où il faudra départager qui du manipulateur ou de la marionnette mène le bal. Ce, sachant qu’il existe une telle chose qu’un congrès annuel de ventriloques dans le Kentucky.

Romeo Castellucci, le maître italien contemporain, présentera Go Down, Moses qui se veut un dialogue approfondi et hyperréaliste entre Dieu et l’art. «Troublant», résumait hier Martin Faucher.

Du côté français, il faudra surveiller Jamais assez de Fabrice Lambert, une danse du feu qui conjure la peur inspirée par le fait réel selon lequel un site d’enfouissement de déchets nucléaires en Finlande sera scellé pour 100 000 ans. Le numéro a fait grand bruit lors de son passage à Avignon l’été dernier.

Jamais assez. Photo par Christophe Raynaud de Lage.

Jamais assez. Photo par Christophe Raynaud de Lage.

Autre curiosité, The Black Piece, de la Belgo-néerlandaise Ann Van den Broek, qui proposera un périple chorégraphique empruntant au film noir pour pousser les sens à l’extrême, avec une inquiétante fascination pour les ténèbres.

Trois spectacles, relevant de la performance ou de l’installation, seront offerts gratuitement, parmi lesquels le Montréalais 2Fik court la chasse-galerie, qui se transforme en photographe extrême sur la Place des festivals pendant trois jours, de 8h à 20h.

Tout cela, sans compter «Les terrains de jeu» que seront les rencontres avec les artistes, les 5 à 7 autour du feu, les fêtes nocturnes au QG, la présentation de 15 films faisant écho au festival, les Cliniques dramaturgiques, les Ateliers intensifs de danse contemporaine et les Classes de maître.

Les billets à l’unité seront en vente à partir du 2 avril, mais les forfaits de quatre spectacles ou plus le sont dès maintenant.

 

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