crédit photo: William B. Daigle
Festival FRIMAT

Frimat 2025 – Jour 2 | Aucune Fausse note pour Souldia

Après une première soirée sous le thème de la douceur, la programmation du festival valdorien nous réservait un programme plus mouvementé hier, le 18 juillet. La direction de la soirée était résolument rap, mais sous des formes variées qui ont permis au public de visiter le genre sous plusieurs de ses coutures. Si Souldia aura réclamé avec assurance la place de headliner qui lui revenait de droit au sein de cette programmation, Original Gros Bonnet aura sans doute été l’artiste qui aura le plus brillé.

Cinqops

On s’en est parlé hier, les vitrines issues du concours de la relève du Frimat laissent place à une variété d’artistes, à différents stades de leurs carrières d’ailleurs. Le constat était particulièrement criant hier lorsqu’on compare les trente minutes de performance de Thomas Ariell et Cinqops, l’artiste abitibien en sélection pour cette seconde soirée.

frimat2025 williambdaigle cinqops* Photo par WIlliam B. Daigle

Le rappeur témoigne d’une belle énergie et d’une grande confiance, bouge bien et occupe la scène dans son entièreté, des gestes qui témoignent d’un amour de la musique et du live. Il a une expérience de plusieurs années de scène et s’en sert également bien, même si un certain manque d’expérience demeure toutefois bien présent à certaines moments du spectacle. Le Rouynorandien parlera beaucoup avec le public, parfois à l’excès, coupant drastiquement le rythme et l’énergie d’un public qu’il devra travailler. Le monde est arrivé tôt, mais déjà relativement avancé pour l’heure et n’est là bien souvent là que pour Souldia. À la fin, Cinqops aura tout de même réussi à accueillir de nouveaux fans au sein de sa famille (le stéréotype par excellence des interventions de rappeurs sera omniprésent tout au long de la soirée) avec des chansons aux influences variées, à l’écriture souple et honnête, toujours surprenantes et incarnées. Le musicien dévoilera probablement un nouvel album à l’automne et reste à surveiller.

Naya Ali

L’une des meilleures rappeuses du moment au Québec, toute langue confondue, Naya Ali doit tout de même, elle aussi, travailler son public. Moins connue à Val-d’Or que son prédécesseur, qui pouvait au moins s’asseoir sur son statut d’artiste local, elle réussira tout de même à charmer la crowd dès les premiers moments de sa présence sur scène. Accompagnée comme à l’habitude d’un batteur et d’un guitariste, la musicienne offre un produit avec plus de prestance, occupant beaucoup plus d’espace sonore dans l’équipement audio de la salle.

frimat2025 williambdaigle nayaali* Photo par WIlliam B. Daigle

Son énergie sur scène est indéniable, elle qui saute de gauche à droite, se penchant régulièrement vers son public et l’invitant à la danse à plusieurs reprises. On constate immanquablement son professionnalisme. Là où le bât blesse peut-être un peu plus, c’est au niveau musical. Les chansons très américanisées de la rappeuse contrastent régulièrement à ce que les deux autres artistes du bill offrent normalement, et leurs structures deviennent parfois redondantes. Les morceaux sont courts, punchés, mais après 45 minutes, on ne dirait pas non à des titres différents, plus longs ou champ-gauche, ne serait-ce que pour se rafraîchir le palais l’espace de quelques minutes.

Rien de dramatique, le spectacle reste tout de même engageant, mais ce serait nécessairement le prochain défi auquel l’artiste montréalaise en pleine lancée devra se confronter pour continuer de progresser au sein de l’industrie nord-américaine.

Souldia

Difficile de trouver quoi que ce soit à redire contre le spectacle qu’aura livré le rappeur de Limoilou hier. Avouons-le d’emblée : je n’ai jamais été un fan de la musique du gars, mais ça n’empêche pas de ressentir un énorme respect pour l’artiste qui répond aux exigence de son public depuis déjà plusieurs années et aura changé la vie de plusieurs, à entendre les commentaires du public tout au long de la soirée. C’est que malgré le rythme dansant de certaines pièces et l’énergie qui se dégage de l’ensemble, les textes sont sombres et torturés, même si généralement pleins d’espoir et de gratitude.

frimat2025 williambdaigle souldia02* Photo par WIlliam B. Daigle

Pas nécessairement familiaux non plus, les textes. On sort rapidement du PG-13 quand l’artiste aborde ses antécédents de consommation ou traite de la vie carcérale. La salle est pourtant remplie d’enfants et de pré-ados (ainsi que leurs parents) qui semblent connaître les textes de certaines chansons par cœur, comme en témoignera la propension de Souldia à sporadiquement passer le micros à de jeunes fans lorsque les textes et le bon sens le permettent. Le clash est un peu drôle, mais témoigne bien, comme il le mentionnera lui-même d’ailleurs, de l’étrange caractère multi-générationnel de sa musique.

frimat2025 williambdaigle souldia* Photo par WIlliam B. Daigle

Celui qui se produit devant une salle comble profitera de l’occasion pour explorer la majeure partie de son répertoire, pigeant bien dans une variété d’albums et d’époques de sa carrière différentes, réussissant à garder le public au bout de sa chaise (même si tout le monde et debout et qu’il n’y a pas de chaises, vous comprenez le principe). La performance, soulignée par des éclairages mouvementés, un band live en plein contrôle de ses moyens et un DJ Manifest efficace, bien qu’un peu moins bavard qu’à l’habitude, passe rapidement, mais fera de toute évidence le bonheur d’un public déjà conquis à l’avance.

Original Gros Bonnet

Mouvement de foule un peu longuet entre les deux salles de spectacle de la Cité de l’Or pour un after qui commencera une bonne demi-heure en retard. Pas la faute de l’organisation : plusieurs espéraient plutôt pouvoir croiser Souldia après sa sortie de scène et auront tardé à traverser le terrain gazonné du site du festival.

Le clash stylistique sera aussi marquant dès les toutes premières notes du spectacle du quintet montréalais, en faisant initialement sourciller plus d’un. Si Souldia combine des influences southern, trap et tropicales, OGB fait plutôt dans le jazz-rap à la Badbadnotgood, mais avec un caractère résolument local, issus initialement de la scène rap gentil, on s’en souviendra. Le collectif a depuis toutefois réussi à se départir de cette étiquette au fur et à mesure que son son s’est affiné et hier en était une fois de plus un probant exemple.

frimat2025 williambdaigle ogb02* Photo par WIlliam B. Daigle

Aucune hésitation de la part des musiciens qui livrent leurs compositions avec une précision chirurgicale qu’un mix toutefois surchargé peinera parfois à bien mettre en valeur lors des sections d’ensemble. La voix de Franky Fade reste tout de même centrale, permettant au public de bien apprécier les nuances de textes du groupe et de chanter sur les sections répétitives de certaines chansons. Le rappeur invitera même le public à venir freestyle avec lui vers la fin de la performance, une entreprise risquée et un peu longue, mais qui finira par payer lorsqu’un membre de l’audience viendra livrer quelques lignes avec un bel aplomb.

frimat2025 williambdaigle ogb* Photo par WIlliam B. Daigle

Ici aussi, le groupe se permet d’explorer plusieurs pans de sa discographie, bien qu’elle soit beaucoup moins garnie que celle de Souldia. On ressortia notamment le hit Rebondir, qui avait initialement fait la renommée du groupe à sa sortie en 2018 grâce à un featuring de Fouki, tout juste avant une victoire aux Francouvertes. Le groupe nous laisse finalement sur une nouvelle composition instrumentale encore inédite, emplie de soli qui nous laisseront un excellent arrière-goût en bouche. Excellente première présence dans la région!

Le Frimat se poursuit ce soir avec la troisième et dernière soirée de son volet principal. Ce sont les Planet Smashers qui viendront à nouveau faire brasser la cabane.

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