crédit photo: William B. Daigle
Festival FRIMAT

Frimat 2025 – Jour 1 | Le calme de Safia Nolin avant la tempête

On se mentira pas, il y avait une tempête avant même le début du calme. Après une averse sans bon sens dans le parc de Vérendrye, l’arrivée à Val-d’Or s’est toutefois bien déroulée et la première soirée de spectacles de ce volet principal de la 20e édition du petit, mais fier, festival abitibien présentée hier, le 17 juillet, l’était également. Au programme : une soirée de douceur en compagnie de Safia Nolin à la Cité de l’Or, avec Alex Pic, Thomas Arriel et Gawbé aussi à l’affiche.

Alex Pic

Le leader de Lubik, natif de l’Abitibi, Alex Pic devait initialement performer en extérieur dans un parc du centre-ville. La pluie en aura décidé autrement et le spectacle de ce 5 à 7 inaugural aura plutôt eu lieu sur le site principal du festival. Ça aura peut-être réduit la foule, on ne le saura jamais, mais le musicien fait comme si de rien n’était, se produisant devant la quarantaine de personnes présente comme s’il y en avait 200. Parlant beaucoup au public, sa « chorale du bonheur », au risque de parfois tomber dans le cheesy, il réussit néanmoins à motiver les gens présents à chanter avec lui et participer au spectacle.

frmai2025 williambdaigle alexpic* Photo par William B. Daigle

Niveau musical, les chansons sont parfois simples, mais son groupe leur donne un dynamisme indéniable. Entouré de ses quatre acolytes, dont l’excellent Cédric Martel à la basse, Alex Pic livre au final une performance honnête et sympathique pour lancer la soirée.

Thomas Ariell

L’une des principales caractéristiques du Frimat, c’est son historique concours-vitrine réservé aux artistes abitibiens. Dernièrement, la tradition est de faire gagner trois présences au festival, accompagnées d’activités d’écriture et de formations professionnelles. Hier, c’est le récipiendaire Thomas Ariell qui a inauguré la première soirée à la Réserve.

Son nom circule déjà, certains d’entre vous l’auront probablement déjà vu passer dans les dernières années, ou le verrons passer de plus en plus avec sa présence à Granby prochainement. Il prouvait hier que cette attention sera fort méritée. Les nouvelles chansons de l’auteur-compositeur-interprète, dont DISQUE COMPACT, titre paru plus t[ot cette année avec des arrangements à la War on Drugs radio-ready, sortent mieux que ce à quoi il nous avait habitués par le passé.

frmai2025 williambdaigle safianolin01* Photo par William B. Daigle

Son énergie, calme et maîtrisée, fonctionne bien. Il se permet quelques blagues au passage, bien « qu’il ne soit pas humoriste », et le public réagit bien, tout comme ses accompagnatrices. Misant sur une formule sobre, Arriel s’entoure d’une choriste et d’une claviériste (également affectée aux voix) pour créer un beau sentiment d’intimité autant sur la scène que dans la salle. S’il manque encore peut-être un petit edge à la musique par moments, la performance, elle, répond bien aux attentes.

Gawbé

Énergies un peu plus conflictuelles pour la performance de la musicienne de Québec, elle qui nous a récemment habitués à des sets plus axés vers le rock. Lineup oblige, le reste étant assez soft merci, elle a plutôt ici misé sur une formule « smooth » qui ne l’a pas nécessairement servi, malgré la meilleure cohérence avec le reste du sandwich.

frmai2025 williambdaigle gawbé02* Photo par William B. Daigle

Plutôt que de voyager avec son groupe complet, Gawbé a uniquement traîné son claviériste et son bassiste, de même que ses deux guitares (incluant celle reçue gratuitement par un généreux inconnu pendant un festival la semaine dernière!). Le résultat est un peu trop smooth, justement. On manque du crunchiness habituel et ses interventions plus flegmatiques, qui normalement fonctionnent bien, lui donne ici un air un peu factice, voir légèrement vedge par moments, comme si l’on était dans son salon ou sur le Parvis (les chums de Québec comprendront l’idée), plutôt que dans une salle de spectacles.

frmai2025 williambdaigle gawbé* Photo par William B. Daigle

Après, ça n’enlève rien à sa musique. Les arrangements réduits mettent mieux de l’avant ses textes personnels et amusants, alors que le groove de la basse sort particulièrement dans l’ensemble sonore, donnant un fil conducteur évident à l’ensemble. Gawbé elle-même livre bien la marchandise à la guitare, alors que les keys manquaient toutefois peut-être un peu de tone. La performance s’étire un peu, mais nous initie bien au catalogue de l’artiste que plusieurs dans le public iront fort probablement explorer à nouveau dans le futur à en croire les réactions du public qui semble avoir beaucoup apprécié.

Safia Nolin

La star de la soirée était un choix risqué pour le festival. La musique allait-elle être trop tranquille? Les ventes allaient-elles être bonnes même si l’artiste n’a peut-être plus le statut d’headliner qu’on lui a prêté pendant quelques années par le passé? Après les premières notes du spectacle, toutes ces questions disparaissent et la musique prend plutôt toute la place qui lui revient, répondant par la présente à nos questions.

frmai2025 williambdaigle safianolin02* Photo par William B. Daigle

Axé autour de l’album UFO RELIGION, le spectacle met tout de même de l’avant des pièces tirées de l’ensemble de la discographie aux tons variables de la musicienne. Des projections en fond de scène viennent d’ailleurs rythmer la performance, nous démontrant facilement si les titres interprétés sont nouveaux ou pas, avec une belle originalité dans les visuels choisis. On tourne parfois dans le très Lynchien aux accents de Stanley Donwood, alors que d’autres moments sont beaucoup plus simples, orientés autours de couleurs changeantes selon les textes et les arrangements.

frmai2025 williambdaigle safianolin01* Photo par William B. Daigle

Certaines chansons sortent du lot : la magnifique la fin de monde en tête de liste, mais ma favorite restera l’anglophone shrooms, avec sa formule plus noise qui se révèlera encore plus désarmante que sur album. Cette idée de noise sera d’ailleurs régulièrement présente pendant le spectacle, pour la bonne cause. Des guitares stridentes étendues, du bruit blanc, des cris d’oiseaux… tout ça vient créer un univers sonore sur scène qui nous transporte en dehors de l’ancienne réseve à minerais où l’on se trouve physiquement pour nous amener dans la tête de Safia, là ou ça va parfois vite, mais toujours avec une remarquable sensibilité. Vite comme quand l’artiste prendra une pause pour s’asperger de chasse-moustique, ou quand elle nous parlera longuement d’une lampe de Jésus reçue lors de son dernier passage en ville à la défunte Cabane. Et c’est aussi ça la beauté de Safia : un manque de filtre qui la rend résolument elle-même, question de nous aider à mieux comprendre sa musique et fournir un efficace soulagement à ceux qui se laisseraient trop affecter par la beauté torturée des litanies de l’artiste.

frmai2025 williambdaigle safianolin03* Photo par William B. Daigle

Tout ça nous laisse sur une bonne impression. Cette première soirée du volet principal du Frimat (je dis ça parce que le festival roule officiellement depuis lundi avec des activités satellites dont des spectacles de Chantal Archambault et Velours Velours ainsi que l’enregistrement devant public d’un podcast célébrant les 20 ans de l’événement) nous aura bercer avec une belle douceur. Maintenant la tempête ce soir avec l’ouragan Souldia.

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