FrancoFolies de Montréal – Jour 7 | La Femme, Eiffel et Mademoiselle Nineteen

De jour en jour, un constat s’impose au sujet des 25e FrancoFolies de Montréal : les arrivages européens volent la vedette aux spectacles québécois. Les découvertes, les jeunes artistes, les happenings nous proviennent de la France, de la Belgique… C’était le cas une fois de plus mercredi soir, avec La Femme et Eiffel.

Notre soirée a débuté à la Place des Festivals afin de jeter un oeil sur Mademoiselle Nineteen. Juliette de son prénom, la chanteuse belge est présentée comme artisane d’une « pop pétillante et sucrée tout droit sorti des années 60 ».

Sucrée est le bon mot. En ce qui a trait au pétillant de l’affaire, on repassera.

Timide sur scène, Mademoiselle Nineteen donne dans le mignon, avec un spectacle mi-compositions, mi-reprises.

Pour les compos, ça passe : le ton est bien adapté à la joliesse de la chanteuse et de sa proposition, mais les reprises exposent les limites évidentes de la jeune dame sur le plan vocal. Ce fut particulièrement le cas pour Goodbye Moon de Shivaree. Juliette n’arrivait pas à atteindre les notes clés.

Pas mal, mais pas marquant.

 

Eiffel rocke la baraque

Petit détour du côté de l’Astral, où Eiffel ouvrait la soirée en plateau double avec Hôtel Morphée.

« Je sais que nous ne sommes pas connus ici au Québec, mais il y a un moment pour toute chose », a lancé Romain Humeau, le sympathique leader Cantatesque de la bande, qui compte plus de 15 ans de carrière.

Sans détour, le rock d’Eiffel est viscéral et foutrement efficace. Le groupe a essentiellement pigé dans les deux plus récents albums (et seuls disques disponibles au Québec) : À tout moment (paru en France en 2009 et au Québec l’an dernier) et Foule monstre (paru en France en 2011 et au Québec en mai dernier).

Si des pistes comme À tout moment la rue, Nous sommes du hasard, Place de mon coeur et Le même train fonctionnent comme de petits vers d’oreille, les moments plus féroces comme Frères ennemis ou Sombre (à laquelle Humeau a greffé un bout de I Wanna Be Your Dog d’Iggy Pop) font encore meilleur effet.

Au rappel, Eiffel a démontré un autre pan de sa personnalité avec une interprétation inspirée du poème de Boris Vian, Je voudrais pas crever.

Habiles vétérans, les musiciens d’Eiffel savent comment « gagner » une foule et l’ont une fois de plus prouvé en déniaisant un Astral plutôt austère. L’ovation finale témoignait d’un petit exploit.

 

La Femme 

Comme les ajustements scéniques entre les prestations d’Eiffel et de Hôtel Morphée s’éternisaient, nous avons fait un saut vers le Parterre du Quartier des Spectacles où La Femme effectuait son retour, deux ans après avoir foulé les mêmes planches.

Surf rock, yéyé et new wave mystérieux se côtoient dans la musique de La Femme, rafraîchissant comme une Nouvelle vague (de surf). Le premier album Psycho Tropical Berlin est l’une des merveilles de 2013 à date et la prestation scénique n’allait pas décevoir non plus.

Côté charisme, les cinq mecs et la jeune dame de La Femme se sont transformés en véritable bête de scène depuis leur dernière visite. Jeunes et fringants, ils affichent une assurance presque imposante et leur interprétation est tout à fait à la hauteur de cet aplomb.

Leur esthétique sonore est irréprochable : les synthés reproduisent une richesse sonore travaillée en profondeur qui donnent toute la saveur à ces compositions d’inspiration rétro.

Les rythmées Amour dans le motu, Si un jour, Antitaxi et bien sûr, Sur la planche, ont transformé le Parterre du Quartier des spectacles en piste de danse yéyé. Le disco survolté de Welcome to America a récolté pas mal le même effet.

Toute une prestation de la part de La Femme, qui prouve hors de tout doute que le talent de la jeune bande n’est pas éphémère. Loin de là.

À voir en première partie de Peter Peter au Club Soda ce soir à 19h.

 

Photos en vrac
(par Pascal Leduc)

La Femme

Eiffel