Festivals de l’été 2025 | Notre bulletin parité pour les festivals de musique

La majorité des programmations estivales sont sorties, ou en voie de l’être. Avec l’équipe de Sors-tu.ca, on s’est donc dit que c’était le moment parfait pour un « bulletin parité »!

Certains diront que les équipes de programmation des différents festivals et événements de la Belle province font plus attention que jamais à la place des femmes dans l’industrie musicale, et on est tout à fait d’accord, mais reste qu’on est aujourd’hui encore trop loin d’une parité universelle.

On a recensé les programmations de tous les événements principalement dédiés à la musique prévus de mai à octobre que nous avons couverts dans notre section Nouvelles jusqu’à maintenant pour avoir un meilleur aperçu de la situation.

Sont considérés comme féminins les projets menés par une femme et les groupes où une (ou des) femme(s) occupent un rôle prépondérant au sein de la formation régulière du dit projet. Sont donc exclus les artistes qui tournent, par exemple, avec une choriste ou des instrumentistes en surplus. Finalement, dans le cadre de cet article, sont considérés comme paritaires tous les festivals affichant 50% ou plus de présence féminine sur leur affiche, et en « zone paritaire » les festivals ayant entre 40 et 50%.

* Ariane Roy. Photo par Normand Trudel.

 

La méthodologie est faite, maintenant les résultats! Dans un premier temps, on vous présente les résultats purement statistiques de notre enquête :

A+ et un beau collant :

  • Bleubleu (Carleton-sur-Mer)🐬
  • Colline (Lac-Mégantic) ⛰️
  • Dame Festive (Montréal) 🎷
  • Festif! de Baie-Saint-Paul 🎸
  • Festival de la chanson de Tadoussac 🐋
  • Festival de la poutine (Drummondville) 🍟
  • La Noce (Chicoutimi) ⛷️
  • Les Francouvertes (Montréal) 🦁
  • Musique du Bout du Monde (Gaspé) 🌅
  • Mutek (Montréal) 🎛️
  • Pouzza Fest (Montréal) 🍕 (* voir erratum au bas de l’article)
  • Soif de musique (Cowansville) 🏕️
  • SuperFolk (Morin-Heights) 🦋
  • International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu 🎈

Bel effort, on est tout proche :

  • Générations (Nicolet)
  • Festival d’été de Québec
  • Festival des guitares du monde (Rouyn-Noranda)
  • Festival en chanson de Petite-Vallée
  • Festivoix (Trois-Rivières)
  • Osheaga (Montréal)
  • Osisko en Lumière (Rouyn-Noranda)
  • Santa Teresa (Sainte-Thérèse)

Il reste des devoirs à faire :

  • Cigale (Québec)
  • Envol et Macadam (Québec)
  • Festival Énergik (Shawinigan)
  • Festival Mélo (Repentigny)
  • Festival d’été de Saint-Georges
  • Fête du Lac des Nations (Sherbrooke)
  • Fuego Fuego (Montréal)
  • îLESONIQ (Montréal)
  • Lasso (Montréal)
  • Les Grandes Fêtes TELUS (Rimouski)
  • Les Grands crus musicaux (Chicoutimi)
  • Music 4 Cancer (Sainte-Thérèse)
  • Musique Fest Premier Tech (Rivière-du-Loup)
  • Rock la Cauze (Victoriaville)

* Le groupe PRINCESSES. Photo par Kristof G.

Précisions

Il est toutefois important d’apporter certaines nuances à cette analyse. Dans un premier temps, il s’agit ici purement de statistiques quantitatives. On ne tient donc pas en compte dans cette liste, et c’est un point majeur, de la qualité de la place faite aux artistes féminines dans les différentes programmations. Un festival pourrait très bien être paritaire ou en zone paritaire (et il y en a dans les événements listés plus haut), mais ne leur offrir que des présences sur des scènes secondaires, les faire jouer en même temps que les têtes d’affiche et réduire l’impact de leur performance, ou encore booker plusieurs DJ pour balancer le total final. L’on peut facilement auguer que peu importe la place, ça reste une occasion de publicité et de visibilité pour les artistes, mais l’argument nous semble tout de même faible dans une recherche d’équité véritable. On a consciemment pris la décision de ne pas s’embarquer dans ce type d’analyse dans le cadre de cet article puisqu’il s’agirait d’une réflexion trop subjective à notre avis.

Dans un second temps, on ne prend pas non plus en compte la présence d’artistes « listés » dans la liste ci-haut, une nuance qui nous semble plus importante que jamais aux vues de certaines programmations parues dans les derniers mois. Un festival peut très bien faire la promotion d’artistes féminines, mais également inclure sur sa programmation quelqu’un de coupable (judiciairement ou pas) de violence faite aux femmes, auquel cas l’événement peut-il réellement se targuer d’être réellement inclusif? Personne n’est ici visé directement, on vous laisse vous faire vous-mêmes votre avis sur la question, notamment parce que certains artistes n’ont parfois pas été officiellement accusés en cour ou dénoncés publiquement par leurs victimes.

Pour citer Sébastien Fournier, programmateur de plusieurs festivals et salles dans l’Est du Québec, qui lançait hier sur Facebook un élément de discussion particulièrement intéressant : « Je suis bien placé pour dire que parfois ça peut être compliqué de faire une programmation équilibrée. Toutefois, lorsque tu as un budget énorme pour tes activités, tu as une latitude financière qui devrait t’aider à assurer une diversité dans ce que tu présentes. »

C’est l’argument qui revient souvent : celui des obligations financières et de la demande du public, en considération du fait que les « gros noms » de l’industrie du spectacle sont très souvent des hommes. L’argument nous semble superflu, surtout vu la qualité de la production féminine des derniers mois et l’offre internationale disponible actuellement, versus des groupes comme Papa Roach, Shaggy ou Smash Mouth, qui auront tous trois un été occupé au Québec. On ne sous-entend pas ici de cracher sur une occasion de booking lorsqu’une tournée du genre se présente (un ancien programmateur de festivals au sein de notre équipe peut en témoigner), mais lançons plutôt l’idée de mieux balancer l’inclusion de ces artistes majeurs avec d’autres artistes féminines plutôt que d’investir des budgets colossaux uniquement sur des groupes d’hommes jouant sur la nostalgie comme il est souvent trop facile de le faire.

Notre rôle, en tant que média, n’est pas de réformer l’industrie musicale, mais il nous semble en bref important de lancer une discussion de fond sur le sujet. Certaines des informations communiquées ci-haut sont facilement vérifiables; pour le reste ce sera aux acteurs locaux du milieu du spectacle de se réunir pour améliorer la situation, en évitant autant que possible les « partys de saucisses »…

*Erratum : Une erreur s’était glissée dans la première version de cet article listant le Pouzza Fest dans la mauvaise catégorie. Nos excuses pour ça : seules les informations concernant les headliners avaient été prises en compte. Nous tenons à souligner la profondeur de la programmation du festival et les efforts d’intégration de la diversité de genres promus par l’événement.

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