Émile Proulx-Cloutier

Festival REGARD 2017 | Émile Proulx-Cloutier : porte-parole multi-facette

Émile Proulx-Cloutier a tout d’un porte-parole idéal pour le Festival REGARD, événement saguenéen qui met en lumière les meilleurs courts-métrages du 15 au 19 mars 2017. Cinéaste, acteur et chansonnier, l’homme aux multiples talents s’est montré généreux malgré une voix enrhumée lors d’un spectacle d’ouverture créé exclusivement pour le festival.

emile-proulx-cloutier-regard-03C’était le happening du festival, le grand coup de la soirée d’ouverture : une projection-concert d’Émile Proulx-Cloutier.  Pour l’occasion, il était invité à proposer une sélection de huit courts-métrages (un choix très varié!) en projection, suivie d’un concert avec son band, où il a sorti de son sac presque juste des nouvelles chansons.

« C’est une leçon d’humilité », nous confie le comédien-chanteur maintenant moustachu. Il ne parlait toutefois pas de la moustache (qu’il renie à grands coups de « c’est pour un rôle, je vous assure »), ni de l’apport de chansons toutes neuves à son set. Il parlait plutôt de la vilaine toux qui étouffait sa voix.

Personne n’en a fait grand cas. Non seulement parce que l’artiste a su tourner ce désagrément en charmante humilité, mais parce que le charme d’un spectacle d’Émile Proulx-Cloutier repose sur les petites histoires qu’il y raconte, les portraits qu’il y brosse, les personnages qu’il y décrit. « Je ne fais pas dans la performance vocale, je ne suis pas un acrobate de la voix, explique-t-il avec lucidité au lendemain de sa performance. C’est du récit chanté. » Il se voit, à juste titre, comme un conteur-chansonnier, qui crée des chansons « comme d’autres créent des courts-métrages, c’est-à-dire que j’ai un rapport scénaristique à l’écriture de chansons. Je crée un storyboard, j’essaie de placer des images pour entraîner les gens dans un récit. »

Pas étonnant que le public ait autant apprécié la performance, comme en témoignait l’ovation monstre qu’il lui a réservé. « C’est un excellent public ici, parce qu’il est prêt à embarquer dans toutes sortes de propositions. Ils sont habitués aux ruptures de tons aussi. C’est la nature des projections de courts-métrages. Pour moi c’est le public idéal, parce que c’est ce que j’aime faire : casser les moods d’une chanson à l’autre. Être dans quelque chose de simple et enfantin, d’autres fois complètement tragique, ou vraiment niaiseux. »

Photo par Tom Core.

Photo par Tom Core.

Le rendez-vous qui ne perdait rien pour attendre

Au fil des ans, plusieurs des films que Émile Proulx-Cloutier a créés ou dans lesquels il a joués ont été présentés à REGARD… sans lui. Pour toute sorte de raison, toutes sortes de conflits d’horaire. Or, la bonne réputation de REGARD avait fait son chemin jusqu’aux oreilles de l’artiste et l’envie de s’y impliquer n’a fait que croître. Lorsqu’on lui a proposé de représenter le festival cette année, Émile a décidé de ne plus repousser son inévitable implication.

« Ici, c’est une programmation très relevée. Ce sont des programmateurs très exigeants. Mais en même temps, la chaleur des gens, le côté très accueillant de l’endroit, ça fait en sorte que tu ne peux pas venir ici et jouer une game. Je sens depuis longtemps qu’ils ont la recette parfaite. C’est très impressionnant ce que Sébastien Pilote (et des amis à lui) ont fait, eux qui ont lancé tout ça il y a 21 ans. C’est devenu un des festivals phares dans l’univers du court-métrage. »

En ce qui a trait aux nouvelles chansons proposées lors du spectacle, l’artiste n’avance pas de titre ni de date de sortie pour un prochain album. « J’écris beaucoup. C’est en chantier, et je veux que (l’enregistrement de l’album) avance bientôt, mais il n’y a aucun détail précis pour l’instant. »

Parmi les faits marquants de ce qui nous a été proposé sur scène, notons un texte sans musique à portée féministe qui a littéralement soulevé la foule. « C’est un mélange de coup de gueule, d’hommage aux femmes et de pep talk. Au-delà du caractère revendicateur, c’est peut-être davantage un hommage à cette force-là qu’on ne souligne pas assez souvent. »

Émile Proulx-Cloutier a aussi offert une adaptation de Mommy (écrite par Marc Gélinas, et popularisée par Pauline Julien) détournée de son contexte original pour aborder « le constat d’une autre disparition dont on ne parle pas », soit la condition des peuples autochtones d’ici, ainsi qu’une autre chanson abordant les touchants adieux d’un père à son fils.

Notre escapade au Saguenay n’a duré que vingt-quatre heures et nous a permis de voir, en plus du concert de Émile Proulx-Cloutier, quelques projections de courts métrages pour le moins intéressants. Parmi eux, notons le saisissant Bon Voyage (de Marc Wilkins), qui relate les mésaventures d’un couple de voyageurs nautiques suisses aux prises avec un groupe de réfugiés, ainsi qu’Oscar, un court documentaire au sujet d’Oscar Peterson et des lourdes conséquences de son métier sur sa vie familiale (par Marie-Josée Saint-Pierre).

Le festival se poursuit jusqu’à dimanche. Plus de détails au sujet du Festival REGARD par ici.

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