Sainte Marie-Josée part en croisade

Festival Juste pour Rire 2020 | Alec Pronovost nous présente Sainte Marie-Josée part en croisade

Dans le cadre du 38e Festival Juste pour Rire, Alec Pronovost a réalisé une nouvelle comédie de 22 minutes qui sera disponible gratuitement les 9 et 10 octobre prochain sur la page du festival. Pour l’occasion, on s’est entretenu avec le réalisateur pour discuter du projet, de la réalité des tournages pandémiques et de l’avenir de la comédie québécoise.

Sainte Marie-Josée part en croisade met en scène Rosalie Vaillancourt dans le rôle d’une « Karen » dont le but est de « protéger » son quartier des jeunes délinquants en bâtissant un nouveau projet de condo. « Protéger », parce que la seule menace qui semble réellement peser sur la banlieue tranquille où demeure Marie-Josée est en fait le caractère explosif de ce protagoniste mal-aimée (et mal-aimable).

Rejoint par vidéoconférence, le réalisateur avoue qu’il y a « quelque chose de très satisfaisant à regarder cette femme-là, super désagréable, faire chier tout le monde. C’est rare de voir un personnage principal aussi détestable. Ça fait comme du bien d’une certaine façon. » Effectivement, ça fait du bien. En visionnant le court-métrage, on rit des blagues, on rit du jeu burlesque de Brian Piton mais on rit surtout aux dépens de Marie-Josée.

Parce que si le court-métrage fonctionne si bien, c’est qu’on connaît tous quelqu’un, quelque part, qui est notre Marie-Josée.  C’est là que le film excelle : on sent que l’équipe derrière le projet (Charles-Alex Durand, Félix Brouillet, Rosalie Vaillancourt et Alec Pronovost) s’est bien ancrée dans l’actualité pour écrire le scénario. Qu’il s’agisse d’un meme ou d’une vidéo d’une personne qui pète un plomb dans une épicerie, le court-métrage ne pourrait pas être plus d’actualité avec ce qu’on voit actuellement défiler sur nos réseaux sociaux. C’était un pari payant de pousser cette tendance en s’imaginant le quotidien d’une de ces nombreuses Karen dans un scénario comique.

Crédit photo: Festival Juste pour rire

Sa « gang de comédie »

Autant devant que derrière la caméra, Alec Pronovost s’est encore une fois entouré d’amis et de collaborateurs avec qui la liste de projets communs continue de s’allonger. « C’est des amis avec qui j’ai des référents communs. Ça rend ça plus facile », admet le réalisateur. Ceux qui suivent la carrière d’Alec reconnaîtront sans doute certains noms rattachés aux projets. Pour lui, un projet comme celui-là est également « l’occasion de tester des collaborations. Rien de mieux qu’un projet indie fait dans le rush pour voir si ça clique ou pas. » On pense à Louis Girard-Bock et Liliane Blanco Binette, deux étudiants à l’École nationale de l’humour qui font partie de la distribution.

Bien que le réalisateur aime découvrir de nouveaux talents, cela ne veut pas dire qu’il travaille exclusivement avec eux. Ayant d’abord fait son succès en réalisant des capsules web pour plusieurs humoristes, Alec Pronovost a récemment réalisé son premier long-métrage Femme ta gueule, une adaptation en film à sketchs du premier one-woman show éponyme de Marianna Mazza. Ce premier effort porte ses fruits, car la collaboration se poursuivra cette année avec Maria, une comédie mettant en vedette Marianna Mazza et qui est actuellement en préproduction. Alec s’avoue chanceux: « je suis dans le jus ben raide depuis cet été. Le confinement a créé un genre de bouchon qui a débouché tout en même temps. » Bref, il y a fort à parier que le réalisateur était, est et sera très en demande dans les prochaines années.

Crédit photo: Charles Boisseau

Le futur en humour

Pour l’avenir, quels sont les souhaits de celui qui a récemment été comparé à un jeune Judd Apatow canadien lors d’un festival de court-métrage? « M’éloigner des commandes » et se « concentrer sur la réalisation télé. » Deux souhaits qu’il semble tranquillement concrétiser avec un projet comme Le Killing, sa websérie de fiction qui suit le quotidien d’animateurs d’un camp de jour Boucherville. Toutefois, il reste du travail à faire: « même si Le Killing a un aspect grand public, ça reste quand même absurde. Ce qui fait qu’on est pas capable de passer au next level. »  Pour lui, l’industrie québécoise actuelle laisse « beaucoup de place à l’humour, mais encore plus de place aux vedettes. »

Même si le vedettariat fait partie de la réalité de l’industrie du divertissement, les adeptes d’humour au Québec ne peuvent qu’espérer que les producteurs continuent de faire confiance à des réalisateurs comme Alec qui priorisent la comédie plutôt que le « contenu sympathique qui fait sourire »  auquel on s’est trop souvent habitué, faute d’avoir autre chose à se mettre sous la dent. Désireux de développer une culture comique québécoise authentique et de le faire avec sa gang, ce n’est peut-être pas si fou que ça de le comparer à Judd Apatow finalement.

Sainte Marie-Josée part en croisade sera disponible les 9 et 10 octobre prochain par ici.

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