
Festival international de jazz de Montréal 2025 – Jour 5 | Ambre Ciel et Nubya Garcia, deux poids lourds et de belles mesures
On se le répète constamment chaque année au point que c’est rendu une formule aussi consacrée qu’éculée, mais la notion de jazz du FIJM est aussi souple et vague qu’inclusive et intéressante. Lundi dernier, le 30 juin, en était un énième probant exemple.
Ambre Ciel
Après quelques années discrètes depuis son arrivée fracassante (malgré le ton général de sa musique) dans l’industrie en 2021, alors qu’elle avait lancé son premier EP Vague distance et atteint la finale des Francouvertes, on avait hâte de retrouver Ambre Ciel. Depuis, elle a signé avec l’estimé étiquette jazz anglaise Gondwana Records (Gogo Penguin, Allysha Joy, Chip Whickham), effacé le susmentionné EP de partout sur les internets (bouh!) et lancé un nouvel opus, still, there is the sea, en juin dernier en plus d’annoncer quelques trop rares spectacles. Gros début d’année! Celui de lundi était présenté dans le cadre des vitrines d’export internationales du FIJM, performance écourtée donc.
La Montréalaise y va dans l’efficacité, préférant jouer que de parler à un public exceptionnellement silencieux et semblant fasciné par ce qui se déroule devant lui. En formule trio (claviers et voix, violoncelle, et harpe), Ambre Ciel prouve encore une fois que douceur et vulnérabilité peuvent être des forces. Langoureuses, froides et graves, les pièces s’enchaînent bien, avec certains motifs et procédés compositionnels qui finissent par se ressembler (sans que ce soit une mauvaise chose!), créant de plus en plus une familiarité avec le matériel qui permet au public de mieux suivre et de mieux comprendre une musique à laquelle il n’est pas nécessairement habitué. Entre ambient et néo-classique (#controverse), la musique de l’artiste est apaisante sans être plate et continuera toujours d’étonner.
Nubya Garcia
Passant du tout au tout, on quitte le sombre et frisquet Studio TD pour l’écrasant soleil de la Place des festivals, et de la douce musique de l’artiste montréalaise au jazz plus traditionnel de l’une des figures de proue de la scène musicale de Londres. Le set de la saxophoniste sera entièrement orienté autour de son dernier album, Odyssey, paru l’an dernier. Une sage décision.
* Photo par Frédérique Ménard-Aubin
Ouvrant sur Dawn, chanson originellement enregistrée aux côtés d’Esperanza Spalding et jouée sur scène six jours trop tôt pour honorer la collab, Nubya Garcia donne le ton de ce qui suivra d’emblée : 90% du spectacle sera consacré à des impros de la part des quatre instrumentistes sur scène, affectés au saxophone, évidemment, de même qu’aux claviers (un piano Yamaha et deux synthés), à la contrebasse et à la batterie, sur un kit réduit au strict minimum. Si le bassiste se fera relativement discret pendant le spectacle, les deux premiers seront impossibles à ignorer, enchaînant des segments solistes d’une qualité remarquable et constante. Garcia prouve une fois de plus la qualité de son intelligence musicale et compositionnelle tout au long du spectacle.
* Photo par Frédérique Ménard-Aubin
Avec quelques interventions assez longues, notamment en corrigeant le message d’introduction sur scène avec une mavaise prononciation de son nom (comme probablement pour tout le monde avant qu’elle ne le fasse d’ailleurs), l’heure de spectacle se terminera sur une réinterprétation plus dub la conclusive Triumphance, où elle fera passer des messages de paix et d’espoir en mode spoken word. Le procédé nous laisse un peu sur notre fin, soulignant le principal, et seul, problème de la performance : si l’interprétation est irréprochable, la décision d’étirer les pièces et les interventions pose un enjeu au niveau du rythme du spectacle, qui aurait mérité d’être un peu plus rapide, avec une setlist plus fournie.
- Artiste(s)
- Ambre Ciel, Nubya Garcia
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Le Studio TD, Place des Festivals
- Catégorie(s)
- Avant-garde, Classique, Experimental, Festival, Jazz,
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