crédit photo: Alexya Crôteau-Grégoire
Festival Petite-Vallée

Festival en chanson de Petite-Vallée 2024 – Chapitre 2 | Hommage et amitié

Dans un décor toujours aussi enchanteur, la 41e édition du Festival en chanson de Petite-Vallée battait son plein cette fin de semaine, laissant place sur scène à des vétérans de la chanson comme à des jeunes débutant dans l’industrie. Retour sur les performances de Marie-Jo Thério, Maten, Galaxie ou encore des chansonneurs de la cohorte 2024 des Escales en chanson.

« Un électron libre. »

Voilà comment Alan Côté, grand manitou de Petite-Vallée, a su décrire Marie-Jo Thério, l’artiste passeure de cette édition du festival, quelques minutes avant que la musicienne acadienne ne foule les planches du Théâtre de la Vieille Forge.

* Photo par Alexandre Cotton.

D’entrée de jeu, Thério laisse entendre à quoi aura affaire le public ce soir, avec la mystérieuse et planante chanson La maline, tirée du célèbre album du même nom. D’autres morceaux provenant du même projet seront interprétés, notamment la géniale Another Love Song About Paris et Café Robinson. Ça passe du prog à l’atmosphérique, en s’aventurant dans la chanson française et le folklorique.

Marie-Jo Thério est dissipée, étrange (une belle forme d’« étrange »!), imprévisible, elle se sent libre. Libre comme ses cheveux qui partent dans tous les sens, libre comme une adolescente insouciante qui se moque du regard de l’autre.

Les mots d’Alan prennent encore tout leur sens.

Marie-Jo Thério termine sa performance en rappel sur L’oiseau de paradis, dans la tendresse la plus totale.

Honorée

Le lendemain, au soir, Marie-Jo Thério se retrouvait encore au centre de l’attention, mais sans réellement monter sur scène pour chanter. Divers musiciens professionnels ou amateurs, de la région comme d’ailleurs se succédaient sur les planches pour interpréter des titres de la discographie de Thério. Le spectacle hommage à l’artiste passeur existe depuis plusieurs dizaines d’années déjà, et s’est imposé peu à peu comme un incontournable du Festival en chanson.

À l’animation, Christian Bégin est derrière le micro, comblant le vide entre les numéros dans un humour autodérisoire et qui s’assume embarrassant. Il esquisse des sourires et des rires authentiques à travers le spectacle, et non de vagues ricanements de politesse auxquels certains animateurs ont souvent droit.

Au menu, dans les meilleurs moments : Étienne Coppée interprète Les matins habitables, Jeanne Côté s’attarde à Brille brille petite tortue alors que Marc Déry présente Ziggy Stardust de David Bowie, artiste dont Marie-Jo Thério raffole apparemment.

* Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

Certains numéros manquent de préparation, de professionnalisme et d’éclat, ils ne marquent pas les esprits à travers ces trois heures consacrées à l’artiste acadienne. Mais la chance doit être donnée au coureur, chaque musicien a dû commencer quelque part, en rappelant que certaines chansons sont interprétées par des personnes qui ne pratiquent pas la musique régulièrement.

Un spectacle par et pour les gens de la région.

Et pour Marie-Jo Thério, bien évidemment.

L’artiste, émue aux larmes, le sourire qui remonte jusqu’à ses oreilles, monte sur scène après le final du spectacle assuré par Olivier Bloch-Lainé, entourée de tous les artistes lui ayant façonné cet hommage.

Unis par la chanson

Autre incontournable du festival : les chansonneurs de la cohorte 2024 des Escales en chanson donnaient, lundi, un spectacle qui rimait avec la fin de leur aventure estivale, cultivée depuis presque deux mois déjà. Les Escales ont débuté au début du mois de juin, et ont fait voyager et grandir ensemble ses participants à travers différentes régions du Québec.

Les huit artistes de la relève présents sur scène (Bagaï, Émile Bourgault, Feu toute!, FROU, Louve Saint-Jeu, Maud Evelyne, Sandra Contour et Velours Velours) présentaient chacun deux morceaux de leur répertoire. La fenêtre est mince pour se faire apprécier et remarquer par un public qui en vu d’autres.

Parlons d’abord d’Émile Bourgault, qui semble être doté d’un vrai don pour écrire des vers d’oreille accrocheurs, l’artiste qui vient à peine de souffler ses vingt bougies. Bourgault a présenté Juillet et L’alinéa, répertoire qui parvient à combiner un certain entrain musical à des paroles teintées de spleen, joyeux mélange qui rappelle notamment un certain Gab Bouchard.

* Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

Sandra Contour s’est également démarquée dans un registre complètement différent : l’Almatoise d’origine propose un folk doux et à la fois décalé, et prend un malin plaisir à faire rire le public à travers son couplet « miaulé » sur La folle aux chats de Baie-Saint-Pouel.

Pour le reste, c’était à peu près de niveau équivalent. La relève est belle et talentueuse.

Les chansonneurs, tous revenus sur scène, disent au revoir au public pour de bon en reprenant L’oiseau de paradis de Marie-Jo Thério, de manière acoustique. Le rideau tombe.

Ils se reverront. Ils sont arrivés au bout des Escales, mais ils n’en sont qu’au début de leur amitié.

* Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

Dans une galaxie près de chez vous

En fin de soirée, la programmation du festival offrait des performances au Camp chanson, à quelques centaines de mètres du Théâtre de la Vieille Forge. Le samedi, Galaxie prenait d’assaut la modeste salle et enflammait un public déjà ardent et joueur.

Olivier Langevin, meneur de la formation électro-rock, profite de l’occasion pour dévoiler quelques titres tirés du dernier album lancé plus tôt dans l’année par le groupe, À demain peut-être, mixés à des classiques comme Piste 1 ou Dragon. L’inquiétude régnait avant le spectacle, à savoir si le plancher allait tenir et résister face à la tornade Galaxie.

* Photo par Alexandre Cotton.

Si Langevin et sa bande ont bien pu compter sur une vingtaine d’énervés au-devant de la salle gardant le mosh pit constant tout au long de la performance, ils ont aussi pu finalement remercier le sol qui n’a pas craqué (alléluia, parce qu’il est vrai qu’on aurait pu tous s’imaginer accidentellement un étage plus bas par moments).

La meilleure performance du festival, le rock vivra.

* Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

Sur le même bout de territoire

Dans un tout autre ordre d’idées, le trio innu Maten se produisait le lendemain, encore au Camp chanson, devant un public cette fois-ci assis et plus attentif à ce qu’il se passait sur scène. Samuel Pinette prend la parole entre chaque morceau, remercie à chaque fois le public de prendre le temps de venir les écouter.

* Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

Son discours vire souvent vers la même conclusion : on partage le même territoire par la force des choses, et il faudra bien vivre avec. La passion et la fierté sont palpables quand ils chantent les paroles dans leur langue, en innu-aimun, les musiciens affichant des pendentifs en lien avec leur culture autochtone. Fierté visible, même après plus de 25 ans de carrière. La flamme est encore bien vivante.

C’est émouvant, mais surtout nécessaire, cette piqûre de rappel.

Maten, c’est la bienveillance, l’ouverture vers son prochain et la générosité.

Et on en a bien besoin dans ce monde.

* Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

Le Festival en chanson se poursuit toute la semaine avec notamment Karkwa, Jérôme 50 et sa marée des chilleurs de Québec, P’tit Belliveau, Soleil Launière, Sara Dufour, Vendôme et une certaine Jeanne Côté, de retour au bercail à guichets fermés.

Détails et billets par ici.

Photos en vrac

* Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

* Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

* Photo par Alexya Crôteau-Grégoire.

* Photo par Alexandre Cotton.

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