crédit photo: Marie-Claire Denis
Lee Fields & The Expressions

Festival de jazz de Montréal 2022 – Jour 5 | Lee Fields, soulman qui traverse les époques

Il n’en reste plus beaucoup, des soulmen comme Lee Fields. Celui que l’on surnomme « Little JB » en raison de son timbre de voix similaire à celui de James Brown a survécu au vrai JB, voire même à Sharon Jones, qui a connu une brillante carrière après avoir été sa choriste, et à Charles Bradley, à qui il avait donné l’opportunité d’une première tournée en assurant ses premières parties. À 71 ans, le Festival de Jazz a eu la belle idée de donner à Lee Fields et son groupe The Expressions les rênes d’un gros spectacle du lundi soir sur la Place des Festivals, pendant qu’il est encore temps.

Après une introduction instrumentale digne de la belle tradition des shows soul — pour ceux que ça intéresse, c’était la pièce Saturn du groupe The Olympians, duquel font partie plusieurs des membres de The Expressions — le charismatique chanteur est arrivé sur scène tel un séduisant preacher : pantalons bleus, gaminet assorti, jacket en peau de serpent, croix au cou…

Il s’exclame : « Are you ready to party ? »

Preuve que le Festival de Jazz est bel et bien reparti comme avant la pandémie, le parterre de la Place des Festivals était encore une fois bien rempli, et la foule a acquiescé. Oui, on était prêt pour la fête !

Ça commence avec la chanson I’m Coming Home, pleine de bons sentiments, et de paroles rappelant les chansons bluesy de la vieille époque :

It’s been a long, long day
The Man tried his best to work me to death
Now I’m heading home
So glad to be alone
With my baby

Ça se poursuit avec la charmante I Still Got It, et ouais, avouons-le : il l’a encore, le monsieur !  On varie les approche avec un suave Will I Get Off Easy This Time, et la foule est complètement investie dans le spectacle.

Comme il se doit, Lee Fields répand l’amour et prêche l’altruisme. « Give love a round of applause ! », s’écrit-il avant de lancer Talk To Somebody. Le monde serait une bien meilleure place si on écoutait davantage notre Lee Fields intérieur.

Preuve qu’il n’est pas qu’ancré dans le passé, il a même présenté une chanson parue ce printemps : Ordinary Lives. Parce que oui, Lee Fields produit encore de la nouvelle musique. Même qu’il vient de renouer avec Daptone Records, prestigieuse étiquette de néo-Motown, qui avait justement besoin de renfort après avoir perdu Sharon Jones et Charles Bradley ces dernières années.

Parlant de deuil, Lee Fields souligne l’absence de son ami et guitariste Joe Crispiano, qui vient apparemment de perdre son grand-père. Il en profite pour dédier la cruellement jolie Wish You Were Here à Joe, et tous ceux et celles qui ont perdu un être cher récemment. « Nous y passerons tous, et nous nous reverrons un jour », lance-t-il avant d’aborder cette chanson qui aborde la difficulté à vivre l’absence d’un proche décédé.

Répétant à tout vent « Are you happy ? », Lee Fields s’est assuré que la réponse soit oui pour la dizaine de milliers de spectateurs (à vue de nez) qui se sont déplacés un lundi soir pour profiter de ce très beau moment, marqué notamment par un enivrant combo Money I$ King / Make the World, et ses croassements lors de Faithful Man en fin de parcours.

Au rappel, il revient désormais vêtu d’un veste bleue décolletée, sans manches, et le public reconnaît immédiatement son grand succès : la sensuelle Honey Drove, tirée de l’excellent album My World, qui l’avait remis sur la carte en 2009. Sensuelle, oui, mais avec une finale explosive, comme un mitraillement d’amour.

Après avoir offert une performance de Tash Sultana, jeune personne en plein ascension, jeudi, et le jazzman moderne Kamasi Washington samedi, Lee Fields apportait un certain équilibre au FIJM en offrant une prestation plutôt old school, sans sentir les boule-à-mites, bien au contraire.

Ça se poursuit demain soir avec Nathaniel Rateliff & the Night Sweats sur la Place des festivals… en espérant que la météo peu clémente prévue pour mardi n’empêche pas le plaisir de se poursuivre.

Grille de chansons

Saturn (instrumentale de The Olympians)
I’m Coming Home
I Still Got It
Talk to Somebody
Will I Get Off Easy This Time
Ordinary Lives
My World
Wish You Were Here
You’re What’s Needed in My Life
Ladies
Money I$ King
Make the World
Faithful Man

Rappel

Mars (instrumentale de The Olympians)
Intro
Honey Dove


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