
Festival au Lac de Granby 2025 | Retour sur un week-end punk/métal endiablé!
Le Festival au Lac sévissait ce week-end à Granby, avec une programmation impressionnante de groupes punk, metal et plus encore au plus grand plaisir de la foule réunie au Parc Daniel-Johnson. Notre collaboratrice Geneviève Girard a assisté à la journée du samedi, alors que notre photographe Hugues Bouchard y était vendredi et samedi. Retour en texte sur la journée de clôture, et en photos sur les deux jours du week-end.
La formation russe Slaughter to Prevail avait été choisie pour clore la troisième édition du Festival Au Lac de Granby, ce samedi 7 juin, la plus grosse pointure décrochée par les organisateurs à ce jour. Tandis que les voisins devaient se demander quel étrange animal rôdait dans le Parc Daniel-Johnson la nuit venue (s’était-il évadé du zoo local?), les festivaliers se sont prêtés au jeu du chanteur Alex Terrible, dit « le Grizzly », qui n’a fait qu’une bouchée de la foule.
Bien que plusieurs spectateurs qui avaient pris la ville d’assaut en étaient à leur troisième journée de festivités et avaient passé une journée bien arrosée sous un soleil de plomb, l’énergie était à son comble au moment d’accueillir la sensation deathcore qui en était à sa première apparition dans un festival au Québec. La tension était palpable; on savait de quel bois ils se chauffent et qu’ils allaient fort probablement tout déchirer.
Slaughter to Prevail
Alex Terrible est apparu sous une lune rougeâtre, arpentant la grande scène, après que le band ait eu fait languir la foule pendant une dizaine de minutes avec un rythme techno soutenu avant de se pointer.
Les Jack Simmons (guitare lead), Dimitry Mamedov (guitare rythmique), Mike Petrov (basse) et Evgeny Novikov (batterie), masqués tout au long du spectacle, ont rapidement entamé Bonebreaker avant d’enchaîner avec la très brutale Baba Yaga, qui a eu l’effet d’une bombe. Les surfeurs de foule affluaient et la masse ondulait.
On savait que la voix gutturale d’Alex « Terrible » Shikolai, renommée dans le milieu, serait impressionnante en live, mais plusieurs ont été surpris par la profondeur et la lourdeur de celle-ci. Le qualificatif rauque ne s’applique même quand vient le temps de la décrire; « animale » serait plutôt le terme à privilégier. Fidèle à son habitude, il a fait son coup classique de chanter brièvement sans micro, ce qui a permis de prendre toute l’ampleur de sa force, même à l’extérieur.
La formation qui flirte par moment avec du nu metal rappelant Slipknot, des passages parlés à la Rammstein, du tech metal et du beatdown sur des paroles alliant russe et anglais a entre autres aligné Conflict, Song 3, jouée pour la première fois en « live », Bratva, Russian Grizzly in America et Kid Of Darkness, tirées des albums Misery Sermon et Kostolom. Les ambiances sonores étaient parfaitement mixées, allant du symphonique au folklorique en passant par des rythmes quasi asiatiques.
Les fans, dont certains arboraient le masque fétiche du band en déclinaison de couleurs, ont crié quand l’ours russe s’est enveloppé d’un fleurdelisé, le seul moment où il aura été couvert, lui qui est réputé pour être allergique aux chandails et qui performe toujours torse nu, exposant son corps sculpté entièrement et massivement tatoué.
Mais on ne s’attendait pas à ce qui allait suivre, une demi-heure après le début de leur prestation, alors que Terrible a dû abandonner Viking et demander à ce que tout s’arrête : quelqu’un venait de se blesser sérieusement dans le « pit » très animé et l’heure semblait grave du point de vue de la scène. Le chanteur a vivement ordonné aux spectateurs de créer un large espace autour de la personne et qu’une voie soit tracée dans la foule pour permettre aux secouristes de l’amener en lieu sûr. « Non, non, non, pas d’applaudissements pour ça! Je ne rigole pas. C’est une règle de base dans la vie, une question de respect », a-t-il lancé alors qu’on saluait son geste. Leur présence sur scène a été écourtée en raison de l’incident qui a stoppé le concert pendant plus de 15 minutes. « On s’excuse, ça arrive souvent dans pendant nos spectacles », a tout bonnement lancé la bête de scène.
Paradoxalement, il a ensuite commandé un mur de la mort avant de finir avec Demolisher, qui est notamment à l’origine du succès du band désormais basé à Orlando en Floride; la foule les a laissé partir en scandant des « olé, olé, olé » typiques qu’on pouvait entendre de loin.
Alex Terrible n’aura pas mordu et aura au contraire été très généreux et bienveillant envers la foule, multipliant les adresses et les messages humains. Lui et ses acolytes poursuivent leur tournée tout en préparant une grande virée européenne, avec Dying Fetus et Suicide Silence, « The Grizzly Winter Tour » qui débutera en janvier 2026.
The Devil Wears Prada
La populaire formation de Dayton, en Ohio, a eu l’honneur d’annoncer que le festival vivait la plus grosse journée de son histoire en fait de participation alors que 4000 personnes avaient afflué vers le parc, ce qui a fait dire au chanteur Mike Hranica : « Cette place est absolument incroyable! » et « Oh, mon Dieu, j’adore le Québec! Faites en sorte que nous revenions bientôt! »
Formée en 2005, le band de metalcore et de christian metalcore a fait très bonne figure, entre autres grâce aux voix impressionnantes des chanteurs Mike Hranica et Jeremy DePoyster et à la qualité des mélodies enchaînées. Mais il serait légitime de se demander ce que faisait une formation du genre dans un tel « line-up ». Peut-être avait-on voulu trouver un moyen de calmer les ardeurs avant le grand clou? La foule a semblé apprécier malgré le fait que l’ambiance a quelque peu été étouffée et que la lancée graduellement installée dans la journée a été freinée par leurs multiples opus plus lents et quasi pop. Le contraste avec le groupe Blind Witness, qui les précédait, était marqué.
Moment fort et attendu de leur prestation : la chanson Chemical a été dédiée en hommage à l’ex-batteur du band, Daniel Williams, 39 ans, décédé tragiquement dans un accident d’avion à San Diego, le 22 mai dernier, avec cinq autres personnes, dont l’agent d’artistes de renom Dave Shapiro. L’un des chanteurs a demandé à la foule d’une voix tremblante d’allumer la lampe de poche de leurs cellulaires et de penser à tous ceux que nous avons perdus en chemin pendant que les photos des deux disparus étaient diffusées sur grand écran près de la scène.
Blind Witness
Les fans de métal de la ville attendaient leurs enfants chéris, Blind Witness, pour qui un solide accueil a été servi sous un soleil rouge feu. Leurs « merch » « Blind Witness tabarnak! » prédominait et bon nombre de spectateurs connaissaient l’entièreté de leurs paroles.
C’est que ce groupe de deathcore et de metalcore originaire de Granby et formé en 2005 a de l’énergie à revendre et maîtrise parfaitement l’art de soulever une foule et de faire monter la pression d’un cran.
Jonathan Cabana, chanteur, a fièrement parlé de son combat contre la dépendance, de ses trois ans de sobriété et du fait que de se trouver sur cette scène tenait du miracle, avant de foutre le bordel avec Baby One More Notch, qui traite d’alcoolisme. Les festivaliers ont scandé en cœur la fameuse parole francophone « Tabarnak! » à mi-parcours de cette chanson anglophone, l’un des nombreux moments où ça vibrait à l’unisson.
Madball, Bodysnatcher, Peer Pressure et Obscure Mantra
« Granby, ville rayonnante » est également devenue « ville résonnante » grâce aux bands qui avaient ouvert la journée devant des familles et plusieurs enfants en bas âge qui s’étaient mêlés aux amateurs de longue date.
Mention spéciale à Freddy « Madball » Cricien, chanteur de Madball, dont l’énergie demeure inégalable, même après près de 40 ans de carrière. Celui qui est aussi le frère de Roger Miret, chanteur d’Agnostic Front, a su transformer un problème de micro survenu au moment d’entamer New York City en rigolade : « Ça fait des années que je pète des micros, on s’en fout! », a-t-il hurlé.
Le band de deathcore floridien précédent, Bodysnatcher, ont démontré qu’ils sont non seulement d’impressionnants musiciens, mais aussi les rois du « breakdown »; on ressentait les vibrations de la basse et de la batterie jusqu’aux tripes tout au long de leur prestation, où ils ont joué quelques pièces de leur plus récent album, Vile Conduct.
Très attendues des festivaliers, l’explosive Victoria Mladenovski et ses acolytes de Québec, Peer Pressure, ont aussi servi une très bonne entrée en matière avec un hardcore dont on se souvient et qu’on redemandera. Même chose pour Obscure Mantra, un band de deathcore mélodique d’Asbestos en pleine ascension dont il faut très sérieusement continuer à suivre l’évolution.
Soulignons l’organisation du Festival Au Lac, un événement très bien pensé, dans le style d’un Vans Warped Tour sur un site parfait où personne ne semble avoir manqué de rien.
Pourra-t-on camper sur le site l’an prochain pour profiter des trois journées sans se déplacer comme le demandent plusieurs habitués?
Ça serait la cerise sur le sundae.
Photos en vrac
Vendredi
Atreyu
Four Year Strong
Underoath
This Disaster
Silverstein
Samedi
The Devil Wears Prada
Slaughter To Prevail
Peer Pressure
Bodysnatcher
Blind Witness
- Artiste(s)
- Atreyu, Blind Witness, Bodysnatcher, Festival au Lac (festival), Four Year Strong, Madball, Peer Pressure, Silverstein, Slaughter to Prevail, The Devil Wears Prada, This Disaster
- Ville(s)
- Granby
- Salle(s)
- Parc Daniel-Johnson
- Catégorie(s)
- Death metal, Doom metal, Hardcore punk, Heavy metal, Métal, Metalcore, Punk, Rock,
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