Face-à-face à l’Agora de la danse | Dialogue dansé de la rencontre

Projet de pandémie pour lequel seule une centaine de chanceux ont pu obtenir des billets en 2021 à La Chapelle, Face-à-face de Jérémie Niel est enfin présenté à tous à l’Agora de la danse du 31 janvier au 3 février 2024. Sors-tu? s’est entretenu avec le metteur en scène pour discuter de sa dernière collaboration avec la chorégraphe Catherine Gaudet.

Un projet qui attend son public depuis longtemps

D’entrée de jeu, nous discutons avec Jérémie de Face-à-face, qu’il décrit comme un spectacle de pandémie. Passionné, Jérémie est impatient d’enfin présenter son projet à un public élargi. Annulé au printemps 2020, présenté en horaire décalé à une poignée de personnes à la fois pour cause de couvre-feu en 2021, il aura fallu attendre cet hiver pour permettre un retour à la normalité pour la diffusion du spectacle.

Inévitablement, nous questionnons le metteur-en-scène sur l’état d’esprit qui entoure ce projet. « Ce projet, on a juste hâte de le montrer », dit-il. Si la logistique des annulations n’a pas été évidente, elle n’a en rien démotivé l’équipe. Le projet créé en 2019 est-il toujours autant d’actualité en 2024? « C’est une pièce qui parle de départ, de désir, d’amour, d’horizon, d’inspiration (…) », explique Jérémie. Des sujets vastes et intemporels dont quatre ans d’attente ne diminuent en rien la pertinence.

*Photo par Fabrice Gaëtan.

Face-à-face : œuvre expérientielle 

Catherine Gaudet, chorégraphe, et Jérémie sont deux complices de longue date qui, dans Face-à-face, explorent le thème de la rencontre. Louise Bédard, interprète charismatique et Félix-Antoine Boutin, metteur en scène formé en jeu à l’École Nationale de Théâtre, matérialisent le projet sur la scène.

Le spectacle commence par une conversation. La pièce démarre « un peu comme une activité de médiation culturelle », nous dit Jérémie. Les deux interprètes Félix-Antoine et Louise discutent de leur façon de travailler dans leurs disciplines respectives. Au départ, Félix-Antoine est Félix-Antoine le metteur en scène, Louise Bédard est Louise, mais les personnages vont évoluer. Les deux interprètes qui se jouent donc eux-mêmes au départ, jouent aussi Jérémie Niel et Catherine Gaudet.

Tout en prenant soin de ne pas révéler de détails qui gâcheraient la surprise que le spectacle nous réserve, le metteur en scène décrit une expérience immersive où le jeu des acteurs, le travail de son et de lumières, permettent de brouiller les pistes. Alors que l’ancrage dans le réel disparaît peu à peu, Louise et Félix-Antoine sont avalés dans une fiction. La bascule dans un autre univers emporte alors interprètes et spectateurs.

De l’autre côté du miroir, on n’est plus du tout à se poser des questions sur la pratique de la danse ou du théâtre, ça n’a plus d’importance.

Ce tour de magie est soutenu par une trame sonore complexe créée par Ariane Lamarre et Jean-Sébastien Côté. Le travail technique de spatialisation du son de Jérôme Guilleaume et celui d’effets lumières de Cédric Delorme-Bouchard sont des éléments très importants de la création. « L’idée est d’embarquer le spectateur avec nous », conclura Jérémie. On quitte la médiation culturelle pour embarquer dans une histoire d’amitié, de désir, d’envie de franchir les frontières entre les disciplines, les âges, les générations. Les personnages sont multidimensionnels, « on est ce quatuor qui fait dialoguer pratique et désirs », décrit-il.

La liberté du corps fusionne avec les mots du théâtre

Dans Face-à-face, tableaux parlés alternent ainsi avec la danse pure. Le metteur en scène a l’habitude de travailler avec les danseurs, que ce soit sur des spectacles multidisciplinaires ou de théâtre plus classique. Jérémie indique que sa pratique théâtrale a toujours été proche du milieu de la danse dont il affectionne particulièrement le processus créatif.

Il aime référer au principe de la page blanche. Concept classique pour un dramaturge mais qui l’est moins pour un metteur en scène qui démarre habituellement son projet sur la base d’un texte existant.  Jérémie décrit avec passion et respect ce qui le pousse travailler avec des danseurs. « J’aime beaucoup la liberté des danseurs, (…) travailler avec eux (…) Il y a une manière très entière d’être sur scène. Ils sont dans leur corps, très généreux du point de vue de la physicalité ».

C’est la capacité à l’abstraction du mouvement qui attire le metteur-en-scène qui travaille avec des chorégraphes comme Catherine pour dessiner le mouvement.

Face-à-face est en représentation du 31 janvier au 3 février à l’Édifice Wilder, détails et billets ici. Paroles d’artistes, qui permet de rencontrer les artistes, est organisée le jeudi. Nous avons ajouté le spectacle à notre agenda!

Figures ::: Face-à-face | Louise Bédard + Félix-Antoine Boutin from Agora de la danse on Vimeo.

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* Cet article a été produit en collaboration avec l’Agora de la danse.