Entrevue Frànçois & The Atlas Mountains | Varappeur musical
François Marry démontre que la créativité (et la productivité) passent par le mouvement perpétuel, tant dans son entourage que dans les villes où il habite. Malgré (ou plutôt grâce à) ces nombreux changements, son projet Frànçois & The Atlas Mountains donnait lieu ce printemps à un huitième album en moins de 12 ans, l’excellent Solide Mirage, et le voici qui s’amène à Montréal ce soir pour nous le présenter dans le cadre des FrancoFolies de Montréal, au Club Soda. Entrevue avec l’artiste, rejoint au bout du fil alors qu’il se trouvait à Bruxelles, son nouveau domicile.
C’est également dans la proverbiale « capitale de l’Europe » que Solide mirage a été créé. À plusieurs égards, cet endroit convient à François Marry. « C’est une ville très paisible et chaotique, traversée de mille courants : arabe, congolais, wallons… C’est un territoire en mouvement perpétuel, un lieu un peu incompréhensible. J’ai appris à apprécier le chaos urbain pour ce qu’il est. J’avais envie de trouver un sens, de figer une cohérence en musique. C’est comme si j’étais retombé sur mes pattes, paradoxalement, à Bruxelles. »
Au fil des ans, François Marry a habité dans diverses villes, voire divers pays, changeant au passage plusieurs des musiciens du projet d’album en album. Seul point d’ancrage, le percussionniste et bassiste, Amaury Ranger, l’accompagne depuis 4 albums. « Les musiciens avec qui je bosse savent qu’il s’agit de projets à court terme. Je leur dis toujours qu’on bosserait à partir du moment où on en a envie, et dès que le plaisir disparaît ou s’amenuise, on arrête. Ça se fait dans la bonne entente, ce qui permet de faire de la musique sans se prendre la tête. Il n’y a pas d’engueulade, j’ai un respect profond pour les projets des autres membres. »
Cette formule permet à François Marry de conserver une certaine fraîcheur dans la créativité de Frànçois & The Atlas Mountains. « J’aime bien ça, ça me permet d’explorer des capacités différentes des musiciens avec qui je joue, tant mélodiques, rythmiques, qu’au niveau de l’expérimentation et des textures. Ça permet de voyager, c’est comme une balade dans des montages très profondes, où je rencontre diverses tribus. » On comprend alors le titre du projet…
La carrière de Fràncois & The Atlas Mountains fait son petit bonhomme de chemin depuis plus de quinze ans. Plusieurs ont découvert le projet avec l’album E Volo Love en 2012, ou encore avec Piano Ombre en 2014, et son single La Vérité.
S’il y régnait une certaine légèreté et un côté un peu abstrait aux textes auparavant, Solide mirage démontre une approche plus engagée, avec des textes aux significations plus explicites.
« Ça s’inscrivait dans mon évolution artistique. À force d’échanger avec des gens, je me suis rendu compte de la capacité que peut avoir la force d’un morceau. Je jugeais que j’avais assez fait dans l’abstraction, je souhaitais communiquer de manière plus compréhensible. » La situation géopolitique de l’Europe fait notamment partie des inspirations incontournables. « Chaque album a été créé dans un contexte différent. Je crois que pour celui-ci, l’approche des textes allait de soi. »
Si les deux derniers albums ont permis à Frànçois & The Atlas Mountains d’acquérir une certaine notoriété, le principal intéressé y voit simplement le résultat d’une évolution constante. «Moi, j’ai ressenti que l’escalade des montagnes se faisait en pente douce, explique-t-il. C’est un peu comme si tout d’un coup, tout se justifiait et était accepté. »
Frànçois & The Mont Royal
À leur dernier passage à Montréal, Frànçois & The Atlas Mountains assuraient la première partie de Fauve au Métropolis, le lendemain d’un spectacle extérieur gratuit. C’était en 2014. Les voici qui reviennent aux Francos, cette fois avec leur propre spectacle au Club Soda. L’artiste a toujours senti une belle réceptivité pour son approche musicale en Amérique du Nord. « Il y a une certaine sensibilité à la pop et aux sonorités de guitare oniriques, ici. »
Dans l’élan de la conversation, il y va de ses coups de coeur québécois sans même qu’on lui pose la question : « J’aime beaucoup Philémon Cimon et Chocolat, ce sont deux groupes canadiens que j’écoute souvent. En explorant ce qui se fait chez vous, je trouve qu’ils ont un peu une longueur d’avance dans cette façon de mélanger le chant en français et la pop. »
Comment le musicien a-t-il fait la découverte de ces projets québécois, qui demeurent toujours un peu en marge même ici ? « Je suis des conseils, je vais dans les disquaires, j’explore… Parfois, je suis simplement inspiré par la pochette. J’ai une sensibilité à l’ancienne, en quelque sorte.» Le musicien admet même avoir regretté d’avoir loupé Chocolat alors qu’ils étaient en tournée française, alors qu’il se trouvait lui aussi en France. Quelqu’un pourrait passer le mot à Jimmy Hunt ?
* Frànçois & The Atlas Mountains seront en spectacle ce soir (mercredi 14 juin) au Club Soda dans le cadre des FrancoFolies de Montréal. Billets et détails par ici. Barbagallo (qui est également batteur au sein de Tame Impala) assurera la première partie. Consultez notre entrevue avec Barbagallo.
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