crédit photo: Simon Emmett
The Darkness

Entrevue avec The Darkness | Le retour du rock flamboyant à Montréal

Sept ans après leur dernier passage, The Darkness s’apprête à retrouver son public montréalais cet automne. Pour l’occasion, Sors-tu? a discuté avec le bassiste Frankie Poullain, qui s’est confié sur la vitalité du groupe, leur nouvel album Dreams on Toast et ce que signifie encore, en 2025, jouer du rock’n’roll avec une intensité intacte.

La dernière fois que The Darkness a foulé une scène montréalaise remonte à bien avant la pandémie. « Sept ans, c’est long », reconnaît Frankie Poullain. Le groupe, qui avait été parmi les premiers à repartir en tournée dès la levée des restrictions sanitaires, s’était vite rendu compte que le public n’était pas encore entièrement revenu. « Il n’y avait que la moitié des gens prêts à voir des spectacles, mais ça a rendu la tournée mémorable. The wheels are off, et quand ça devient chaotique, Justin [Hawkins] s’épanouit dans ce chaos. »

Ce retour en sol nord-américain représente donc une nouvelle étape. « Jouer ici, c’est un peu comme ramener le rock à la maison. Les publics américains et canadiens réagissent de façon plus instinctive, plus intuitive. En Europe, c’est parfois plus cérébral, plus lié à la mode. Ici, c’est brut, viscéral. »

the darkness cr simon emmett* Photo par Simon Emmett.

Rock is not dead

À ceux qui déclarent régulièrement la mort du rock, Poullain oppose un sourire et un solide contre-argument : « On nous dit ça depuis vingt ans, mais regardez : ça ne meurt jamais. Ce qu’on fait est instinctif, parfois même stupide – et c’est ce qui fait l’essence du rock. Ne pas avoir peur du ridicule, se laisser aller. Les gens comprennent ça très bien ici. »

The Darkness a toujours refusé de suivre les tendances. « En Angleterre, nous avons été énormes pendant un an, puis les gens nous ont fait payer pour ça. »

La scène là-bas est obsédée par la mode indie, le côté “twee” et apologétique. Nous, on est l’antidote. Ailleurs, on est devenus un groupe culte. Et c’est le bouche-à-oreille qui nous fait grandir, surtout en Amérique du Nord. Les gens reviennent parce qu’ils ont vu un concert et qu’ils en parlent, pas parce qu’on passe à la radio.

Leur plus récent album, Dreams on Toast, intrigue autant par son titre que par ses sonorités. « C’est un peu abstrait, impressionniste. J’aime les titres qui suggèrent plus qu’ils n’expliquent », raconte Poullain. Derrière l’image, il y a l’idée de ce moment entre sommeil et conscience, quand on étale sa confiture sur son pain et qu’on plane encore dans ses rêves. « C’est une demi-conscience, un espace entre deux mondes. »

Musicalement, le disque s’ouvre à de nouvelles couleurs. Deux chansons flirtent avec le country : Hot on My Tail et Cold-Hearted Woman. « Justin s’est pris de passion pour Townes Van Zandt, et Dan m’a initié à Loudon Wainwright III. C’est devenu un jeu entre nous, chacun amenant ses obsessions. Ça donne un country passé à la moulinette Darkness : drôle, mélodique, un peu noir mais toujours relevé. »

Du côté des lignes de basse, Poullain cite Hot on My Tail comme un moment particulièrement savoureux en studio. Quant à Weekend in Rome, chanson ambitieuse et cinématographique, elle a même été testée sur scène avec un monologue incarné par leur batteur Rufus Taylor – une rare incursion dans un registre plus théâtral.

L’énergie de la scène, encore et toujours

Vingt ans après leurs débuts fracassants, les concerts de The Darkness n’ont rien perdu de leur intensité. « Ça reste physique, énergique. Et ça paraît neuf à chaque fois, parce qu’il faut être dans le moment présent. Si tu n’es pas là, pleinement, ce n’est pas du rock’n’roll. »

Cette capacité à se renouveler tient aussi à la complicité interne du groupe. « On est comme une famille. On se comprend sans trop parler, sans ego démesuré. Justin, malgré son image flamboyante, ne prend pas son rôle trop au sérieux. C’est précieux d’avoir un chanteur qui ne se croit pas au-dessus. Ça évite de tomber dans les travers de 95 % des frontmen. »

Le groupe a d’ailleurs une règle claire : si un membre de l’équipe prend trop de place et devient la « prima donna », il est remplacé. « Le but doit toujours être le bien commun, peu importe ton rôle. »

À ceux qui hésitent à venir voir The Darkness, Frankie Poullain a un conseil simple : « Laissez votre téléphone dans vos poches. Ou mieux, à la maison. » Ce n’est pas tant pour le groupe que pour les spectateurs eux-mêmes. « Quand tu filmes, tu rates le moment. Tu t’inquiètes de ce que tu montreras à tes amis plutôt que de vivre ce qui est devant toi. Et de toute façon, il y a déjà tout sur YouTube. Un concert, c’est fait pour être vécu, pas archivé. »

Son pitch est limpide : « Venez pour l’euphorie. Mettez-vous dans le bain, dansez, riez, prenez quelqu’un par l’épaule. C’est là que la magie opère. »

Avec leur mélange d’énergie brute, d’humour assumé et de mélodies imparables, The Darkness promet une soirée qui sortira de l’ordinaire. « On a hâte de revenir. Chaque tournée ici, c’est comme un nouveau départ. »

Le groupe sera de passage au Club Soda le dimanche 14 septembre , dans le cadre d’une tournée nord-américaine qui débutait hier (le 3 septembre) à Atlanta. Montréal aura à son tour bientôt l’occasion unique de renouer avec l’un des groupes les plus flamboyants et attachants de la scène rock actuelle.

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Écoutez l’intégrale de l’entrevue (en anglais) :

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