crédit photo: Annie-France Noël
Simon Daniel

Entrevue avec Simon Daniel | L’oiseau de nuit venu de l’Acadie

Trois ans après la sortie de son EP « Jaune », Simon Daniel débarque cet automne avec un premier album studio, « Nightcrawler ». Le Néo-Brunswickois jouera d’ailleurs ses compositions à l’Esco de Montréal le mardi 2 octobre prochain pour le lancement de son album.

 

Dans le cadre charmant de la microbrasserie du Dieu du Ciel, Simon Daniel tient à rappeler à quel point Nightcrawler n’a aucun rapport avec son premier essai, à raison. Les harmonies se sont bonifiées et l’artiste considère avoir enfin trouvé sa voie. « Au niveau de la sonorité, j’ai atteint quelque chose dans lequel j’étais plus à l’aise, où ma voix s’intégrait mieux ». Et le résultat est fascinant grâce à ces synthétiseurs qui offrent une exploration jusque là inexploitée. Une façon de laisser son « imagination prendre le dessus », lui qui se considère comme un oiseau de nuit. «  Je trouve qu’elle permet de se laisser aller. Le fait que tu es dans l’obscurité, il y a une espèce d’anonymat », souligne-t-il avec amusement.

 

« J’ai le cover de Wooden Arms tatoué sur le bras »

Pourtant, rien ne fût simple pour ce musicien autodidacte qui a vécu des pertes de contrôle dans sa jeunesse. « C’est un thème que j’aborde dans mon album, ayant déjà eu de l’anxiété au début de ma vingtaine. C’est un peu un struggle de s’adapter à la vie adulte, de prendre ses responsabilités, de trouver et décider ce que l’on veut faire », se confie l’artiste au détour d’une gorgée de bière. Cependant, la musique adoucie les mœurs et opère en échappatoire dans un l’album sensible qu’il qualifie de « sombre, mais pas déprimant ».

Joliment orchestré, Nightcrawler propose un voyage pop immersif aux textures rappelant les trames sonores de films. « Les musiques que j’écoute en général sont très cinématographiques », avoue cet inconditionnel de Radiohead dont il admire leur approche électronique. « C’est vraiment fou leur manière de mélanger différents styles tout en sonnant bien. Je ne sais pas comment ils y arrivent » s’interroge-t-il. Et si Radiohead agit comme une lune autour de son univers musical, Patrick Watson pourrait quant à lui être considéré comme ce soleil guidant sa créativité.

L’album Wooden Arms agira comme un électrochoc chez Simon Daniel au point de se tatouer la pochette de l’album sur l’avant-bras! L’Acadien conserve d’ailleurs un souvenir impérissable de sa virée à Québec pour assister, à ses 16 ans, à son premier concert de Patrick Watson. « J’ai eu des frissons durant tout le spectacle. L’expérience que j’ai vécue a été tellement impressionnante et chargée d’émotion que ça a été une révélation. Ce serait vraiment cool qu’un jour je puisse faire vivre cette expérience-là à d’autres gens », s’enthousiasme le multi-instrumentiste.

À la recherche de nouvelles textures et ambiances

Accompagné d’un batteur, d’un guitariste, d’un claviériste et d’un bassiste, Simon Daniel suivra prochainement les traces de Watson en présentant sur scène, à la guitare, ses nouvelles compositions dans une approche plus organique. « L’album est assez dense et c’est un gros défi à reproduire live. Il y a des chansons qu’on ne peut pas jouer de la même manière que sur l’album à cause de l’instrumentation ». Pas question pourtant de perdre l’intensité émotionnelle de Nighttcrawler, un album réalisé aux côtés de Pierre-Philippe Côté surnommé Pilou. L’homme a déjà collaboré avec Philippe Brach et c’est ce type d’exploration que recherchait Simon Daniel au moment de l’approcher.

Durant le processus de réalisation, Simon Daniel aura vécu plusieurs états d’âmes dont celui de délaisser des trames initiales pour tout reconstruire. « Il y a des chansons qui ont vraiment changé de direction. Pilou a écouté mes démos mais ne voulait pas être influencé par ce que j’avais fait. C’était un processus intéressant, les chansons ont pris d’autres allures. On a pu rendre justesse au propos », conclue-t-il avec fierté. Par chance, Simon Daniel a pu compter sur l’indépendance du label acadien Le Grenier pour ouvrir les horizons. « On a vraiment trippé ensemble. Je lui ai donné cette liberté d’aller à fond, d’explore sans se limiter ».

Le déplacement jusqu’au studio de Pilou à Saint-Adrien valait assurément le coup pour Simon Daniel qui s’impliqua pleinement derrière son projet dans un lieu « amazing ». Et si l’Acadien vit une part d’appréhension, il assume toutefois le produit final d’un disque qui fait sa fierté. « Le peuple acadien est un peuple résilient qui habite dans un milieu minoritaire mais qui crée des trucs super intéressants. Nous avons des artistes extraordinaires et je suis fier de pouvoir chanter en français ».

Une musique onirique et des textes touchants à découvrir assurément au lancement de Nightcrawler à l’Esco de Montréal le 2 octobre 2018.


* Cet article a été produit en collaboration avec Le Grenier Musique.

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