Entrevue avec Safia Nolin | Celle-dont-on-prononce-le-nom
Safia Nolin sera des festivités aux FrancoFolies de Montréal, encore une fois cette année. Elle sera de passage au Club Soda le 16 juin prochain, où elle promet une chanson inédite et des invités surprises. Entrevue avec celle qui n’a pas la langue dans sa poche, qui s’est entretenue avec nous derrière ses verres fumés, soulignant d’autant plus le caractère excentrique de la chanteuse folk.
À quoi t’attends-tu pour l’édition de FrancoFolies de cette année, comparativement à celle de l’an passé?
L’année passée, c’était moyen parce que mon show, c’était en plein jour au Pub Rickard’s. Mais bon, il y avait plein de monde, donc c’était nice. Là c’est mon premier vrai gros show à Montréal. Je suis vraiment excitée! J’ai fait le Lion d’Or, mais dans ma tête le Club Soda, c’est plus gros. Je sais pas si c’est plus gros (n.d.l.r.: Oui, c’est facilement le double de la capacité), mais bon j’ai quand même hâte. C’est mon premier show full band aussi avec Joseph Marchand, à la guit’ comme d’habitude, Philippe Brault à la basse et Stefan Schneider au drum. Et il va y avoir des invités, là…
On t’a déjà vu monter sur scène avec d’autres artistes, dont entre autres Koriass qui sera de la programmation des FrancoFolies aussi. As-tu prévu des apparitions surprises cette année?
Non, personne m’a invitée à rien faire en ce moment. C’est weird parce que les deux dernières années, c’était comme l’inverse. J’étais comme sur douze shows! Mais là, c’est vraiment juste une date.
Tu roules ton album Limoilou (2015) depuis un bon moment déjà. À quand le nouveau stock?
J’écris très lentement, là… T’sais, c’est rock n’ roll faire la tournée! J’écris pas, moi, en tournée, jamais. C’est inspirant, c’est juste sur le moment, j’ai pas envie de l’écrire. Il y a quelqu’un qui m’a dit, il y a pas longtemps, que quand t’écris pas, t’écris. Mon cerveau enregistre pleins d’affaires et éventuellement, ça va s’écrire tout seul. Je préfère faire ça ici. Mais, j’ai jamais écrit dans mon nouvel appartement, ça fait un an que j’habite là. Peut-être que c’est l’appart qui m’inspire pas, je pense à ça, là… Le nouveau stock s’en vient mais très, très, très lentement. Ça va venir quand ça va venir, je le vois de même. Comme pour le premier.
Est-ce qu’on peut s’attendre à des primeurs à ton show du 16 juin au Club Soda?
J’ai une nouvelle toune que je vais jouer, que j’ai écrit il y a un an juste avant que mon album sorte. Elle est encore acoustique mais elle est plus punk. C’est ça que je voudrais aller, comme, explorer. Un peu grunge mais acoustique. Mon prochain album risque d’être encore folk mais plus grunge. Je veux qu’il soit plus trash, plus comme Elliott Smith que j’écoute beaucoup en ce moment. Lui, c’est du folk, mais c’est vraiment grunge. C’est juste une guit’ pas pluggée dans ma tête. Tu plug ça avec de la basse et du drum, et ça devient super grunge.
Pour le moment, tu as ton style qui t’es propre, mais comment fais-tu pour te distinguer dans le paysage musical québécois des Rosie Valland du même genre?
Ma personnalité, je pense. Et le fait que je m’en crisse. J’avais envie de faire cette musique-là, tout simplement.
Toi qui es de Québec, préfères-tu jouer en région ou à la métropole?
Jouer dans ta ville, c’est rare. Je joue pas souvent à Montréal, peut-être deux ou trois fois par année. Mais jouer en région, c’est fucking cool. Il y a plein de villes que j’avais jamais vues. Genre Joliette, j’étais jamais allée là. Mon gros coup de cœur c’est L’Anse-St-Jean. C’est un petit village, fucking malade! C’est full culturel, je veux full déménager là. Je sais pas combien il y a d’habitants, c’est minuscule, sur le bord du fjord. J’ai mangé un dhal végé, pis le lendemain, une crêpe vegan et un végé-pâté avec un latté au lait d’amande. C’est hot!
Te qualifierais-tu plus de « fille de région », alors?
Non. J’adore Montréal. Je trouve que c’est la plus belle ville au monde. Mais, en même temps, j’ai juste vu deux villes, ça et Paris. J’ai pas vu d’autres grosses villes dans ma vie, mais Montréal c’est malade! Tout le long de ma tournée en Europe, j’arrêtais pas de parler de Montréal, de comment c’est hot. Mais j’arrivais pas à décrire pourquoi c’était hot. Au début, je suis venue à Montréal pour ma carrière, et après j’ai fait « Oh shit, il y a tellement d’affaires nice, je veux pas m’en aller, jamais! »
Justement, tu as ouvert pour Lou Doillon en Europe. Comment s’est déroulé ton voyage chez nos cousins français?
J’avais peur de prendre l’avion, c’était une phobie pour moi. Deux semaines avant, il y avait eu les attentats. J’étais vraiment à la croisée des chemins : soit j’écoutais ma peur et j’y allais pas, ou soit je me force le cul et j’y vais pareil. Finalement, c’était malade dans’ tête! Le public de Lou est super attentif, donc ils ont été super nice avec moi. J’ai même eu un rappel à un moment donné. J’ai jamais eu à changer rien, y’ont tout pris. Personne ne me faisait répéter. Ça ma crissement étonnée! Tout le contraire de ce que j’aurais pu penser. C’est sûr que j’ai eu des commentaires de marde. Genre : « Je pensais que tu chantais en allemand ». Mais deux ou trois maximum, sur trois semaines. C’est pas beaucoup.
Tu as fait le Festival international de la chanson de Granby en 2012 qui a été le point tournant de ta carrière et qui est aussi le seul concours de chanson auquel tu as participé. Te sens-tu désavantagée face à d’autres artistes de la même génération qui ont pu faire plus de festivals vitrines?
Je me pose souvent la question à savoir comment ça se serait passé si ça s’était pas fait de même. Je pense que j’ai juste été chanceuse. Les astres étaient alignés. J’ai rencontré Philippe Brault. Phil m’a fait mon démo. On a shooté ça à des labels. Bonsound m’a signée. Pac! Pac, esti! Vraiment, c’était juste aligné. Phil m’épaule encore beaucoup, c’est le premier que j’ai rencontré à Granby et il est encore avec moi aujourd’hui, ça fait quatre ans.
Tu as pu avoir un chandail fait exclusivement pour toi par Pony [Gabrielle Laila Tittley] pour ton passage à Tout le monde en parle. Comment c’est, maintenant que tu fais partie de cette communauté artistique montréalaise?
C’est beaucoup d’entraide, il y a pas de compétition. Gabrielle, c’est mon amie, et son linge, je le trouve mongole. Je lui ai juste écrit que je voulais mettre un de ses chandails – j’en ai plusieurs – et elle m’a dit « Fuck that, je vais t’en faire un home made ». C’est vraiment juste de l’amour. C’est beaucoup d’amis qui s’aiment. Mettons, Les Sœurs Boulay, c’est mes fucking bonnes amies. J’ai ouvert pour eux une ou deux fois, c’est malade! Je fais des shows avec mes meilleures amies. J’étais folle comme de la marde! Je trippe sur tout le monde. Je suis amie un peu avec tout le monde. C’est malade travailler avec ses amis.
Et ce fameux chandail, en plus de ton tattoo au coude des reliques de la mort, nous permet de deviner que tu es une fan d’Harry Potter. Est-ce que l’univers d’Harry t’as déjà inspiré pour une chanson?
J’ai déjà essayé, c’était un peu weird. Je pense que j’essaierais dans le futur sans le dire à personne. C’est super inspirant, pareil! Au début, mon album devait s’appeler « Défense contre les forces du mal », mais c’a duré deux secondes. C’était pas nécessairement pour une des tounes de l’album, juste parce que je trouve que c’est une belle phrase. Mais c’était un clin d’œil trop intense, je trouve. Peut-être que mon deuxième va s’appeler de même.
Finalement, qu’est-ce qui s’en vient pour toi cet été?
Je fais la tournée des festivals cet été, genre Le Festif, le Festival de la chanson de Tadoussac, Osheaga, Festival d’été de Québec, Festival de la Poutine, Arboretum à Ottawa… J’ai vraiment hâte à Osheaga parce que Radiohead! Oh my God! Sinon, Festival d’été de Québec parce que j’ouvre pour The Tallest Man on Earth. Je trippe sur sa musique. C’est ma première fois pour une tournée de festival. C’est sûr que c’est pas faire des shows en salle. J’ai hâte de voir comment je vais réagir. Je pense que je vais aimer ça, c’est ma prédiction.
- Artiste(s)
- Safia Nolin
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Club Soda
- Catégorie(s)
- Chanson, Folk, Francophone,
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