Petit Biscuit

Entrevue avec Petit Biscuit | La relève de la musique électronique est assurée

Avec le succès phénoménal de son titre « Sunset Lover », le prodige Petit Biscuit a su se forger une place de choix parmi les plus grands artistes de musique électronique. Après un premier EP homonyme en 2016, il vient de sortir « Presence », une compilation de 14 morceaux aussi variés que captivants, confirmant son talent et sa grande maîtrise artistique. En pleine tournée des Zéniths en France, il a pris le temps de nous parler de son parcours et du renouveau qu’il propose avec ce nouvel album.

Un succès aussi intense qu’inattendu

En moins deux ans, la vie de Petit Biscuit – de son vrai nom Medhi Benjelloun – a pris une tournure tout à fait inattendue : autrefois lycéen à Rouen (en France) et passionné de musique (violoncelle, guitare et piano), il est aujourd’hui un des DJ de musique électronique les plus populaires à travers la planète. À la fois réfléchi et spontané, ce jeune virtuose nous parle de son ascension fulgurante comme d’une « expérience humaine » dont il parvient à profiter tout en restant le même, grâce à son entourage mais aussi parce qu’il le fait « pour l’amour de la musique ».

Loin des logiques des radios commerciales, c’est avec son titre Sunset Lover qu’il s’est fait connaître, à partir des plateformes numériques YouTube (plus de 50 millions d’écoutes de ce seul titre à ce jour) et Soundcloud (plus de 25 millions). Pour Medhi, ce qui a tout de suite charmé les internautes, c’est « le côté voix découpées, mais aussi le côté un peu pop dans l’électro qu’on ne retrouvait pas trop encore à l’époque ». Il y avait dans ce titre quelque chose de planant, beaucoup de douceur, mais surtout une mélodie très entêtante qui a réussi à « parler à tout le monde » (le public de Petit Biscuit est en effet très varié, il s’étend à tous les âges et à toutes les nationalités).

L’originalité de ce premier titre réside aussi dans le fait qu’il a utilisé des canaux particuliers pour se faire remarquer : ceux du web et du bouche-à-oreille.

C’est ce côté indépendant : les gens aiment dire qu’ils sont les premiers à avoir découvert ou entendu quelque chose pour ensuite le montrer à leurs potes. Je pense que c’est ce côté très organique dans le développement de la musique qui a plu à autant de gens.

Une identité toute particulière

Cependant, Petit Biscuit ne se résume ni à ce profil de « jeune prodige », ni au titre qui l’a fait connaître : « Petit Biscuit, c’est d’abord une musique évolutive, très variée, c’est un vrai métissage ». Son nouvel album Presence en est la preuve ultime : porteur de mélodies toujours aussi ensorcelantes, il présente une variété de textures, de rythmes et d’émotions absolument exceptionnelle. Si l’aspect poétique et aérien de Sunset Lover se retrouve dans des titres comme Follow me, Petit Biscuit explore également d’autres univers, tout à fait inédits pour l’artiste. Ainsi, on embarque par exemple au sein d’un « voyage stellaire » avec Gravitation, produit en collaboration avec Møme, ou bien on se plonge dans une atmosphère « de dangers » aux influences tribales avec Wake Up ou The End.

Cette grande diversité qui définit Presence, Petit Biscuit l’explique par le fait qu’il a conçu l’album en tournée, suivant les inspirations que lui procuraient « les moments exceptionnels qu’il a vécus » pendant ses voyages. Medhi nous raconte que ces périples ont forgé sa personnalité et sa maturité : les émotions qu’il a éprouvées se retrouvent alors sur l’album, lui affectant un « côté authentique ».

Presence, l’expression d’un renouveau

Avec des titres aussi contrastés, Petit Biscuit souhaite offrir à son public « un voyage enivrant, très pulsionnel, hors terre mais aussi hors du temps ». Il ne s’agit plus seulement pour lui de « faire vibrer les gens, mais vraiment de les faire bouger ». Ses expériences en live ont en effet eu un fort impact sur ses créations. S’il compose toujours avec la douceur qui caractérisait ses premiers titres, il cherche aujourd’hui à y ajouter « quelque chose de mystique », notamment en installant une dimension « grandiose », voire « épique », au niveau de ses percussions.

On comprend alors que pour Petit Biscuit, processus de création et performances sur scène sont indissociables. D’une part, il perçoit la composition comme « la base de la musique même » : « je ne vois pas l’intérêt d’aller faire le DJ sans un vrai catalogue musical, sans avoir ta propre patte ». Il est avant tout un musicien, et puisqu’il joue de plusieurs instruments sur scène, il ne peut pas « partir de rien ». D’autre part, c’est le live qui lui permet de rencontrer son public, il nous raconte alors à quel point il a besoin de ces moments de partage : « je serai vraiment frustré de pas voir qui est derrière tout ça, de pas avoir ce contact direct et sincère avec le public ».

Ambitions pour l’avenir

Petit Biscuit s’estime déjà particulièrement chanceux d’avoir pu investir les plus grandes scènes d’Europe et d’Amérique du Nord. Les tournées qu’il a eu l’occasion de faire n’ont fait qu’accentuer ses désirs de voyages, il souhaite aujourd’hui découvrir l’Asie mais aussi les pays du Nord de l’Europe dans lesquels il n’a pas encore eu l’occasion de se produire. Il rêve aussi de multiplier les scènes, en particulier celles des « gros festivals comme Coachella ou Lollapalooza ».

On est alors tentés de savoir s’il souhaite revenir au Canada, et en particulier à Montréal. En effet, il avait complètement enflammé la foule d’Osheaga cet été, un souvenir tout aussi marquant pour les festivaliers que pour l’artiste :

J’ai vu la scène blindée et j’étais vraiment très, très content. Et je crois que les gens ont tellement sauté qu’à la fin du concert la plateforme qui était sur l’eau a commencé à se casser, j’ai vu que la sécurité a dû les faire reculer et tout !

Il nous raconte alors que pour lui, « c’était exceptionnel, un des meilleurs publics que j’ai vu dans ma carrière ». Il ajoute alors que, s’il ne peut rien nous révéler de précis, il reviendra à Montréal (et dans le reste du Canada, sans doute) dès 2018…

Une excellente nouvelle dont nous avons hâte de connaître les détails.

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