1995

Entrevue avec Nekfeu du collectif français 1995

1995 (prononcé un-neuf-neuf-cinq), c’est une histoire simple: un collectif de six gars qui s’autoproduisent, tout ça dans le placard de Fonky Flav’ transformé en studio d’enregistrement pour l’occasion. Nekfeu, l’un des plus insolents de la gang, nous a accordé une entrevue. Retour sur la place du collectif 1995 dans le hip-hop français.

Les MC parisiens l’expliquent dans le morceau Bienvenüe de leur nouvel EP La Suite, déjà vendu à plus de 32 000 exemplaires : « On ramène le souffle d’époque, demande au hip-hop on apporte énormément, bienvenue à ceux qui font le taffe en indépendance ».

1995 en concert. Photo: Paddy.

Nekfeu confirme que leur rap est hybride entre old school et new school : « le rap des années 90 n’est pas un style mais un mouvement musical, on a bénéficié de l’avancée de précurseurs, on montre que le mouvement ne s’est pas arrêté ». Il ajoute que leur rap « est un apprentissage qui s’est fait avec le temps, qui est travaillé, réfléchi. On est des scientifiques du rap ! »

Le hip-hop de 1995 n’a pas de recette pré-établie, c’est un savant mélange hasardeux entre consonances old school et sujets ancrés dans l’actualité. Ils le résument bien dans le même morceau Bienvenüe : « on s’obstine dans notre propre style ».

 

L’inspiration au naturel

Nekfeu confie qu’il n’existe pas de règles dans leur processus de création. Ils discutent des thèmes de chaque morceau ensemble avant de poser leur flow sur les instrumentations concoctées avec soin par DJ Lo’ et Fonky Flav’. Les thèmes proviennent sobrement de ce qui les entourent: « on s’inspire de notre vécu, des tracas de la vie quotidienne, des revers de l’industrie du hip-hop », ajoute Nekfeu.

Rien de transcendant à première vue, excepté qu’ils déclament leur flow avec une maîtrise de la langue honorable. On est bien loin d’un beef mal débité au Word Up, les garçons soignent leur punchline, cherchent le mot qui aura un impact, trouvent la phrase qui fera réfléchir.

© J. Mannion

Ce que Nekfeu ne dit pas, modestement, c’est que leur flow ingénieux concorde parfaitement avec l’instrumentation. Il mentionne que Jay Dee fait partie des artistes qui l’inspirent. Certes, il n’y a rien de comparable au génie du feu producteur Jay Dilla, mais l’influence se fait ressentir dans les morceaux d’un-neuf-neuf-cinq. Leurs instrumentations, tout comme leurs punchlines, sont travaillées et s’avoisinent souvent à des sonorités soul et jazz qui tendent à adoucir leur flow comme dans les morceaux La Suite, Temps Perdu ou Comment Dire de leur dernier EP.

 

Montréal: comme un deuxième chez-soi

Nekfeu avoue qu’il n’a pas énormément de recul sur la vague de succès que le collectif connaît en France. Il continue à faire son boulot de rappeur à temps plein tandis qu’il n’attend qu’une chose, retourner à Montréal qu’il considère comme sa seconde ville préférée. Il est d’ailleurs possible de retrouver Nekfeu en collaboration avec Casse Croute sur le morceau Les Choses Se Passent. 

Le collectif 1995 pose ses valises à Montréal pour les Francofolies. Ils seront en concert extérieur gratuit sur la Scène Ford (coin Sainte-Catherine et Jeanne-Mance) le jeudi 14 juin, ainsi qu’au Club Soda le lendemain, dans un programme double avec Imposs. DJ Lo’ participera également à un Party du Shag (DJ set), au Savoy du Métropolis, dans la nuit du 14 au 15 juin.

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