Entrevue avec Lewis Lines | Une voix qui vient du coeur
C’est une période de grandes premières pour Adrien Poulin, alias Lewis Lines, un chanteur et musicien émergent originaire de l’Ontario. En effet, après avoir sorti son premier single et son premier album, View From Nowhere, il s’apprête à présenter son premier spectacle de lancement à la Sala Rossa le 10 décembre prochain. Par un matin pluvieux de novembre, Sors-tu? s’est entretenu avec Lewis Lines pour sa toute première entrevue. Nous avons donc, en primeur, des réponses quant à ses inspirations, son processus de création et les thèmes marquants de l’album.
Ayant fait ses études en jazz, Lewis Lines baigne dans le milieu musical depuis longtemps déjà, en tant que guitariste et créateur de musique pour des spectacles de danse. C’est le temps libre de la pandémie qui lui a réellement donné la petite tape dans le dos qu’il lui fallait pour commencer à composer ses propres morceaux. « J’avais toujours écrit, mais là, j’avais le temps pour écrire, puis je vivais avec un certain inconfort. En étant enfermé à l’intérieur, ça a vraiment été un moment qui m’a permis de pouvoir mettre cet inconfort-là en musique. »
Cet espace de création lui a également permis d’explorer son désir de chanter, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. « Une fois, quand j’étais très jeune, je me rappelle que ma sœur m’avait surpris à chanter et ça m’avait tellement gêné. » C’est donc de manière vulnérable qu’il a décidé de prêter sa voix à son nouvel album, ne sachant toutefois pas si ce projet verrait le jour. « À ce moment-là, c’était plus un exutoire personnel », explique-t-il.
Les thèmes abordés dans View From Nowhere lui sont également apparus durant la pandémie, alors que le désir de fuir l’habitait. « Le désir de ne pas être chez nous, le désir d’être dehors dans le monde, ça a été une thématique présente dans ma vie et dans ma musique. »
Des titres à son image
Ainsi est né son tout premier album et de ce dernier, ce sera son single Neighbours qui lancera le bal lors de sa sortie le 28 juin dernier. « J’ai choisi de la sortir en premier parce que je crois que c’est celle qui est la plus lumineuse. Puis, en vrai, je l’ai téléchargée de manière assez impulsive, dit le chanteur en riant. J’ai reçu les masters, puis 24 heures plus tard, il y avait une date de sortie qui était prévue. » C’est également un morceau porteur du message que voulait transmettre Adrien Poulin. Le titre Neighbours, pour lui, était significatif d’un retour au bercail, et de ce sentiment d’être à la maison lorsque nous sommes entourés des personnes qu’on aime. « Si on n’a pas cette maison-là, on peut flotter pendant longtemps. Ça prend les autres dans notre vie pour se rappeler qui on est. »
Le titre de l’album View From Nowhere est également bien significatif pour Lewis Lines. Il concerne un concept philosophique de Thomas Nagel, définissant l’idée qu’il est impossible de regarder quelque chose sans prendre en compte sa propre perspective. Ce qui revient à dire que l’objectivité est, en quelque sorte, impossible à obtenir. « Cet album, c’est rien d’autre que ma perspective à ce moment-là. Ça parle pour personne d’autre que moi. Tant mieux aussi si ça parle aux autres, mais ce n’est pas pour ça que je l’ai fait. »
Afin de subventionner le petit rêve qu’il chérissait de créer cet album, Adrien Poulin s’est inscrit dans le programme Jeunes volontaires, visant à accompagner les jeunes adultes dans leur entrée sur le marché du travail. Ce processus nécessite un mentor, et c’est ainsi qu’est née sa collaboration avec Frannie Holder, une multi-instrumentiste et directrice artistique surtout connue pour son travail au sein des groupes Random Recipe et Dear Criminals. « Elle me donnait des retours super pertinents sur mes maquettes. Elle a vraiment été un support immédiat de confiance dans le projet. L’album ne se serait jamais fait sans son aide », remercie-t-il.
La langue du cœur
Lewis Lines provient de son deuxième et troisième prénom, issus de son nom complet Adrien Lewis Lines Poulin. Choisissant consciemment de se tourner vers un nom d’artiste aux sonorités plus anglophones, il décrit cette langue comme « celle du cœur ». Étant né en Ontario et ayant vécu deux ans à Winnipeg, il ne parlait pas encore français lors de son arrivée à la maternelle. Malgré qu’il ait ensuite poursuivi toutes ses études dans la langue de Molière, l’anglais reste pour lui « la langue la plus intuitive ». « C’est aussi une langue que je trouve plus directe. Ça touche directement, c’est plus in your face. » Il souligne également qu’il se trouve chanceux de pouvoir tenir l’entrevue en français, puis d’aller chanter en anglais. « Pour moi, ce n’est pas un qui domine l’autre, et ça, je trouve ça vraiment spécial. »
Après s’être finalement dit : « Je vais faire de la musique et arrêter de me cacher derrière mes insécurités, et on va voir ce qui émerge de ça », c’est le 10 décembre prochain, à la Sala Rossa, que le public pourra assister à la naissance de ce touchant projet. Les amateurs d’artistes tels que Matt Holubowski et Patrick Watson trouveront leur compte lors du lancement de l’album aux sons folk réconfortants. Ce sera Béatrice Lortie, une amie très proche du chanteur, qui assurera la première partie, et l’artiste multidisciplinaire Joy Boisvert s’occupera de la construction d’éclairage. « Puis sinon, il y aura plein de surprises, mais surtout plein d’amis ! » La soirée s’annonce donc chaleureuse et une fabuleuse occasion de découvrir un artiste émergent lors des premières bribes de sa carrière prometteuse.
- Artiste(s)
- Béatrice Lortie, Lewis Lines
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- La Sala Rossa
- Catégorie(s)
- Folk, Francophone, Indie, Instrumental, Québécois,
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