Entrevue avec K!RA OJI | Chercher sa voie
Âgé de 22 ans, K!RA OJI, de son vrai nom Antoine Poireau, débute sa carrière dans le rap la tête comblée de rêves et d’ambitions. Après un premier EP lancé sur les plateformes l’année dernière, le jeune artiste revient sur les devants de la scène avec un nouvel album à paraître à la fin du mois d’octobre.
C’est trop cliché dit comme ça c’est ouf, mais c’est un peu comme si c’était le rap qui s’était tourné vers moi.
À la manière d’une baguette qui choisit son sorcier, l’alliance entre le rap et Antoine Poireau est arrivée d’une manière presque inévitable, malgré lui, malgré l’absence d’une formation instrumentale par le passé.
« J’ai commencé la musique à un moment où j’avais vraiment besoin d’extérioriser beaucoup de choses, confie K!RA OJI. Je me sentais pas écouté par les autres, j’ai commencé à me parler à moi-même, à écrire à moi-même, poursuit l’artiste. J’ai commencé à me dire que si jamais j’ai l’impression que les gens ne comprennent pas ce que je leur dis et que j’essaie de me [tourner vers un autre moyen de me saisir], ça va peut-être un peu plus m’aider à savoir comment je me sens. »
Débutant, comme dans bien des cas, par des sessions de freestyle avec ses amis sans prétention dans l’adolescence, Antoine Poireau aperçut rapidement une opportunité dans la musique.
« C’est plus quand j’ai compris que j’aimais vraiment ça que j’ai commencé à penser [à une carrière] d’un œil un peu plus sérieux, professionnel, que je me suis dit, « pourquoi pas essayer de faire un truc avec » », lance l’artiste, qui a écrit sa première chanson à l’âge de 14 ans.
Le petit prince
D’abord surnommé KIRA, inspiré de l’alter ego du personnage principal du manga Death Note, Light Yagami, Antoine Poireau étoffait son nom de scène d’un point d’exclamation et du mot japonais « Oji », signifiant prince.
« Vu que j’ai vraiment eu l’impression d’avoir atteint un nouveau palier, j’ai trouvé l’idée cool, de changer de nom et de marquer le coup, déclare l’artiste. J’aime imaginer que K!RA OJI c’est l’évolution du petit KIRA, qui a été créé il y a quelques années déjà. Et peut-être qu’un jour ce sera K!JA OJI MASTER SENSEI [rires] », plaisante Antoine Poireau par rapport à cette décision artistique qui pourrait devenir habitude pour le futur.
Chercheur de lumières, premier projet long de l’artiste montréalais, paraîtra le 27 octobre prochain. S’échelonnant sur 12 titres, l’album sera d’abord défendu sur les planches du Ministère la veille, le 26, lors de son lancement.
« J’aime beaucoup dire que mon premier album c’est un album CV, établit d’emblée Antoine Poireau. J’aime beaucoup imaginer que c’est la meilleure façon pour moi, en tant que K!RA OJI, de présenter aux auditeurs, à l’industrie et à tous les gens qui s’intéresseront au projet ce que je suis capable de faire », poursuit K!RA OJI.
« J’ai essayé de la meilleure façon possible de réaliser un projet qui me ressemble, mais qui ressemble aussi aux gens. Il y a vraiment plein de styles, j’ai essayé d’aller un peu partout, précise l’artiste. J’aime bien imaginer que c’est le rappeur qui chante, j’aime bien imaginer que c’est le chanteur qui rappe. On sent vraiment dans l’album que je veux m’accorder le plus de liberté possible au niveau artistique et que j’ai pas envie de me brimer à une seule et unique façon de faire, alors qu’il y en a des dizaines et des dizaines », ajoute Poireau quant à l’éclectisme de Chercheur de lumières.
La solitude, ses impressions par rapport à son entrée dans la vie d’adulte, de constantes remises en question, cette envie d’atteindre les sommets : tous ces thèmes peuvent être retrouvés dans la parution de K!RA OJI, l’artiste qui n’hésite pas à montrer une facette authentique dans le courant de ses titres, sans peur du jugement.
« C’est sûr que c’est un album où je me dévoile beaucoup, je suis très à nu par rapport à l’humain que je suis, glisse K!RA OJI. J’ai l’impression que plus je parle de moi profondément, plus les autres auront la chance de s’identifier à ce que je dis. Je pense que c’est en arrêtant d’effleurer des sujets, c’est en y allant à 100% qu’on va s’en sortir. »
Toujours en rap et en chant, un aspect pas forcément obligatoire dans la musique actuelle, mais rajoutant un bonus agréable aux créations d’un artiste, selon K!RA OJI.
« Indirectement, en chantant, tu ouvres la possibilité à des auditeurs qui ne sont pas forcément attirés au premier abord par un fast-flow, des trucs comme ça, d’apprécier le refrain et du coup, se poser pour écouter le couplet. Se retrouver à dire « putain, tu vois, j’écoute pas de rap, mais j’aime bien ce que j’entends! » », laisse tomber Antoine Poireau, faisant également référence à Drake, maître dans l’art de combiner le flow au chant.
Libre sur scène
S’apprêtant à refouler les planches à la fin du mois, et en première partie de Marie-Gold en novembre, K!RA OJI parvient à transformer la pression en plaisir lorsqu’il se retrouve devant un public.
« [J’avoue un peu angoisser] avant un concert, mais quand je monte sur scène, en l’espace de 15 secondes je kiffe et je ne me sens plus stressé du tout, formule le musicien. Si on me mettait en avant d’une classe avec un exposé que j’avais pas préparé, ben là c’est sûr que je me sentirais con [rires]. Mais l’exposé, il est préparé, je connais mes chansons, je sais quoi faire. Je me sens à l’aise », souligne K!RA OJI, rempli d’assurance.
Vers le milieu de l’entrevue, l’idée d’un retour éventuel en France pour l’artiste, originaire d’Angoulême, est soulevée par Sors-tu?, pays accueillant l’une des scènes rap les plus vibrantes du globe. Idée à l’instant rectifiée par K!RA OJI.
« Je viens de la Rive Sud, et j’ai envie pour le petit gars que j’étais hier, qui rêvait de conquérir la ville, de faire quelque chose ici, suggère le rappeur, qui apercevait Montréal seulement à travers le fleuve, de l’autre côté de la ville. Je trouve qu’il y a trop de talent, trop de gens incroyables ici pour abandonner cet endroit », termine K!RA OJI.
* Cet article a été produit en collaboration avec Les Faux Monnayeurs.
- Artiste(s)
- K!RA OJI
- Catégorie(s)
- Rap, Rap/Hip-hop,
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