Jacques Greene

Entrevue avec Jacques Greene | L’étape du premier album complet

Réalisateur et DJ montréalais en plein essor, Jacques Greene fait paraître ce vendredi son premier album studio « Feel Infinite ».  Il sera également en prestation à Montréal le 14 avril au Newspeak. Notre collaborateur Antoine Fortin l’a rencontré. Condensé d’une longue conversation de geek à geek.

Sors-tu : Tu as fait paraitre plusieurs EP, des collaborations avec Tinashe, des remix fortement appréciés de Drake, The Weeknd, Frank Ocean. Ton back catalogue est assez volumineux, mais tu es de retour avec un premier album officiel. Ça ressemble à quoi la production d’un album de A à Z après tant de productions ?

Jacques Greene : C’était un défi, dans le temps, lorsque la tension montait, mon gérant me répétait souvent que je devrais faire un album. Je voulais être le gars qui fasse un album qui poppe, mais c’était un gros casse-tête que je n’avais pas réussi à finir. Il y a 3-4 ans, j’avais essayé d’en produire un et après 7-8 morceaux, ça ne fonctionnait pas. Finalement, cette première expérimentation est devenue le EP Phantom Vibrate. Notamment avec la chanson No Excuse.

Il y a deux ans, c’est venu de façon beaucoup plus naturelle et personnelle. Je passais beaucoup de temps en studio. Je ne m’attendais pas trop à faire un album, après une première tentative. Mais dans la musique électronique, plusieurs artistes sont voués à faire paraitre que des EP. Je me disais que j’étais peut-être ce genre de personne.

Finalement, il y a deux ans, c’est venu, naturellement, sans forcer les choses.

Sors-tu : J’ai découvert ton premier single sur la première parution du NightSlugs Records… L’album que tu lances le 10 mars prochain est très consistant et cohérent. Ton son a toujours été orienté vers les synthétiseurs, cela remonte au moment durant lequel tu partageais un studio avec Wolf Parade. Pour ce nouvel, y a-t-il eu une approche plus physique, en frais d’instruments ?

Jacques Greene : Oui ! L’instrument physique est beaucoup plus important que le côté analogique. Pour cet album, j’ai beaucoup utilisé d’équipement modulaire. Je suis assez geek, même lorsque je regarde des films, je porte attention aux petits détails, tels que le compositeur de la trame sonore, le scénariste.

En tombant en amour avec la musique électronique, c’est sûr que je pousse le truc plus loin, en me demandant quelle machine ou synthétiseurs a fait tel son. Le fait de créer des sons de A à Z me parlait beaucoup.

Passer des heures sur Youtube permet de trouver des échantillons uniques.

Sors-tu : Tu recherches également beaucoup d’échantillons en ligne. L’une de tes compositions intègre la voix d’une star du X. Tu mentionnes souvent que tu n’es pas un échantilloneur de vinyle, mais que tu préfères te consacrer à chercher les sons sur Youtube. Pourquoi ?

Jacques Greene : J’achetais beaucoup de disque et de vinyles, mais j’ai jamais été le gars super profond qui cherchait pour un sample dans le fin fond d’un sous-sol d’un disquaire sur Mont-Royal pour trouver le flip d’une chanson qui n’avait jamais été portée en beat. J’ai grandi avec Limewire et Kazaa…

 

Sors-tu : Soulseek tient encore la route en plus!

J.G. : Oui, j’utilise encore Soulseek!

J’ai toujours aimé ce côté de l’Internet, qui permet de trouver de l’information et de trouver des explications sur ce que tu ne comprends pas, sur un synthétiseur par exemple. Passer des heures sur Youtube permet de trouver des échantillons uniques.

 

Sors-tu : Tu as vécu a New York, tu es maintenant du côté de Toronto. Pourquoi être de retour à Montréal?

J’ai adoré New York, mais pour vivre à New York, je devais ne pas être à New York! Le loyer est tellement cher. Je passais, par moment, 5-6 jours par mois dans mon appartement, car je devais jouer à l’extérieur pour payer mon loyer. J’avais moins de journées en studio, c’était un rythme de vie qui réduisait les moments créatifs.

Autant que je viens de Montréal. Par moments, il faut quitter le lieu dans lequel nous avons grandi pour aller voir ailleurs. Ça fait cependant du bien de revenir à Montréal, la vie est assez facile ici. C’est quelque chose d’agréable d’aller au café, un mardi après-midi et de croiser de bons amis.

Sors-tu : Je n’aime pas parler de hit, mais ta chanson Another Girl est quand même ton hit ! D’un côté plus corporatif et business, tu roules la maison de disques Vase. D’un point de vue affaire, vois-tu une différence entre Montréal et Toronto?

J.G. : Ça ne me touche pas du tout, le distributeur de Vase est RubaDub qui est installé à Glasgow en Europe. C’est quelque chose qui se fait purement sur Internet. C’est pour cela que ça ne me dérangeait pas de partir de New York.

C’est important d’être là, de connaitre les gens et de rouler tes trucs. Mais il arrive ce moment où tu connais ces personnes. Je suis très chanceux, car mon emploi me mène où je dois être. Je n’ai pas besoin d’une infrastructure super corpo de maison de disques pour rouler mes projets.

Je suis quelqu’un qui aime être à la maison, passer du temps avec des amis qui ne sont pas musiciens. Le côté corpo de rouler une étiquette de disques ne m’intéresse pas du tout, Vase se maintient, mais on a toujours fait le tout avec passion pour la musique. On faisait assez d’argent pour presser le prochain projet.

Le côté très « business », de contacter les radios, faire des communiqués de presse et tout ça, ça ne m’intéresse pas vraiment.

 

Sors-tu : Tu as fait plusieurs remix, notamment celui de Drake, qu’il fait souvent jouer sur Beats1. Ton plus récent est celui de Frank Ocean. Quelle a été l’approche de ce remix?

J.G.:  J’écoutais Blonde en boucle l’été dernier, j’ai fait ce remix pour mon plaisir. Je voulais jouer une chanson de l’album, car j’avais beaucoup de DJ sets qui arrivaient. Aucune chanson de l’album proposait une sonorité « de club », donc je m’en suis fait une. Au début, je ne voulais pas les diffuser, mais plusieurs de mes amis m’ont dit que je devais lancer le tout en ligne.

 

Sors-tu : Si je te demande une chanson que tu voudrais balancer en ce moment?

P: La nouvelle de Kodak Black, Tunnel Vision. La production est débile, la voix est tellement jeune et naïve…

 

Sors-tu : Je sais que tu adores Spooky Black(Alias Corbin)…

J.G. : Oui! J’adore ce qu’il fait, il est jeune et talentueux, d’ailleurs, il travaille avec Shlomo sur un album. J’ai entendu quelques morceaux, et c’est intense.

 

Sors-tu : As-tu des informations sur le projet? Tu es proche de Schlomo, quelle relation entretiens-tu avec lui?

J.G. : Beaucoup de gens dans l’industrie sont des « amis », mais Schlomo reste un des producteurs avec qui je suis très proche, chaque fois que je suis de passage, il m’arrive de passer quelques jours chez lui.

 

Sors-tu : Tu travaillea avec Jason Voltaire, un vidéographe plus que talentueux de Montréal ! Il t’accompagne souvent en tournée. Quelle importance accordes-tu au fait d’avoir un ami avec toi lorsque tu pars sur la route?

J.G.: Être en tournée peut vite devenir intense, être entre deux vols d’avion, l’anxiété peut vite embarquer. Jason Voltaire est tellement quelqu’un de vrai et d’honnête, l’avoir avec moi en tournée m’aide à garder le foccs et d’avoir quelqu’un avec qui partager.

Il est super bon, mais c’est également un être heureux. Il m’arrive d’être dans ma tête, de ne pas dormir assez et d’être en avion. Avoir quelqu’un d’easy going comme ça avec toi, ça aide à rester groundé.

 

Sors-tu : Tu seras de retour à Montréal le 14 avril, pour un show un Newspeak. À quoi ressemble un live de Jacques Greene?

J.G. : C’est un mix entre ma passion des machines et mes compositions. Chaque performance n’est pas un DJ set mais un concert, dans lequel j’incorpore plusieurs éléments musicaux, autant sur l’interprétation que sur le produit final.

 

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