crédit photo: Pierre Langlois
Eluveitie

Eluveitie au Club Soda |  Une soirée folk métal qui raplombe

Vous est-il déjà arrivé de vous rendre à un événement récréatif en trainant les pieds en raison d’une fatigue extrême et d’une condition physique loin d’être optimale pour en repartir enthousiasmé et plus en forme que jamais? C’est précisément ce qui s’est produit pour moi mardi soir, au concert d’Eluveitie, auquel Seven Spires et Omnium Gatherum prenaient également part.

Seven Spires

Seven Spires a défoncé la soirée à huit heures tapantes avec une énergie telle que nous aurions bien aimé avoir l’occasion d’en entendre et d’en voir davantage.

Adrienne Cowan, la chanteuse, envoûtait presque la foule avec sa façon fascinante de se mouvoir sur scène. Elle faisait onduler ses bras au rythme de la musique comme une marionnettiste au-dessus d’un bataillon de pantins.

Un petit détail en aura toutefois sans doute fait tiquer plusieurs : le son du micro n’étant pas convenablement ajusté, nous avions peine à l’entendre et à nous satisfaire de cette aisance toute naturelle qu’elle avait à passer d’un growl impeccable et puissant à un chant mélodieux.

Peter De Reyna, le bassiste, et Jack Kosto, le guitariste, ont également donné une très belle performance, jouant de leur instrument derrière le rideau de leur chevelure comme s’il s’agissait là d’une seconde nature.

Il convient d’adresser une mention spéciale à De Reyna qui a pris quelques secondes entre deux chansons pour clamer un petit discours concernant la tournée et le plaisir partagé des membres de Seven Spires de faire escale à Montréal, le tout dans un français excellent.

 

Omnium Gatherum

Lorsqu’Omnium Gatherum a pris le relais, nous nous sommes aperçus avec dépit que les problèmes liés à l’ajustement du son du micro subsistaient puisqu’il était à peu près impossible d’entendre Jukka Pelkonen à travers le tonnerre tonitruant des autres instruments.

Heureusement, ce petit problème technique ne s’est pas avéré trop préoccupant, car il semble avoir trouvé le moyen de s’ajuster en cours de route. Ici, il était beau d’observer la complicité du groupe sur scène, laquelle s’exprimait par la synchronicité des membres du groupe quand ils se balançaient d’avant en arrière à certains moments donnés durant leurs chansons sans même avoir à se consulter du regard.

Le talentueux Markus Vanhala était tout simplement captivant à regarder à l’œuvre, faisant tous ses solos en appuyant confortablement le V de la tête de sa guitare contre sa cuisse pour la tenir à la verticale, un petit sourire imprimé sur les lèvres. Pendant ce temps, Tuomo Latvala à la batterie jouait avec une puissance telle que l’on avait l’impression qu’un second cœur battait au creux de notre poitrine.

La foule enthousiaste répondait aux interactions de Pelkonen avec une rapidité étonnante et des moshpits énergiques se sont créés tout long de cette seconde partie du concert.

 

Eluveitie

Une fois qu’Omnium Gatherum a tiré sa révérence, l’excitation a monté d’un cran dans la salle, et ce, de manière particulièrement perceptible. Tout le monde était prêt pour la pièce de résistance : Eluveitie.

Le groupe de folk metal suisse a commencé en force avec, parmi leurs premières chansons, la très populaire Epona, dont les paroles ont été entièrement rédigées en gaulois. La barrière langagière n’aura certainement pas empêché la majeure partie du public de chanter en chœur avec la belle Fabienne Erni.

Un élément a toutefois fait naître un sentiment de confusion généralisé : Chrigel Glanzmann, le fondateur du groupe, n’était visible nulle part sur scène. Faisait-il patienter ses fans pour préparer une entrée dramatique? Afin de ne pas nous faire mariner dans le désarroi trop longuement, Erni a vite annoncé que Glanzmann ne pouvait malheureusement pas faire la tournée avec le reste du groupe.

Bien qu’elle ait eu la gentillesse de remercier les gens présents d’être venus si nombreux pour encourager Eluveitie, on a senti un vent de déception souffler sur la foule. Ce ne serait définitivement pas pareil sans l’artiste multidisciplinaire dont la présence au cœur des chansons était toujours bien ancrée. Pour sauver la situation, Cowan et Pelkonen se sont alternés afin d’interpréter les parties des chansons d’ordinaire chantées par Glantzmann pour le plaisir de nos oreilles.

Malgré la nouvelle quelque peu navrante, le groupe a su compenser avec une performance mémorable. Ce n’est pas tous les jours que nous avons l’occasion de chanter à tue-tête et de danser à en perdre haleine au son du violon, de la flûte, de la cornemuse et de la vielle à roue.

Nicole Ansperger, la violoniste, s’est avérée du bonbon tant pour les oreilles que pour les yeux, jouant de son instrument avec une constance admirable sans jamais demeurer immobile ni cesser de sourire. Elle portait un vêtement très ample qui faisait presque office de cape et formait de superbes tourbillons de tissus quand elle se promenait d’avant en arrière de la scène et inversement.

Quant à Erni, son énergie était contagieuse et son chant rien de moins qu’envoûtant. Elle nous aura presque fait larmoyer durant son interprétation solo dans sa belle tunique pâle qui perçait l’obscurité relative d’une scène aux lumières tamisées. Tous les yeux étaient rivés à elle, médusés.

Tous les autres membres du groupe ont également joué avec brio et occupaient brillamment la scène malgré leur nombre impressionnant. L’état de fébrilité de la foule a presque atteint son paroxysme quand Erni a annoncé que la dernière chanson à être jouée serait L’appel des montagnes. Quoi de mieux qu’une adroite révérence aux francophones qui se trouvaient dans la salle pour s’attirer de bonne grâce?

Le rappel avait toutefois une dernière surprise pour les fans, la chanson Inis Mona de l’album Slania sorti en 2008. Il s’agissait là d’une magnifique façon de clôturer un concert électrifiant puisque cette pièce était connue de la vaste majorité du public et de beaux chants coordonnés se sont élevés de part et d’autre de la salle en réponse aux exhortations de Cowen et Pelkonen qui nous en ont livré une interprétation des plus satisfaisantes.

Un tel spectacle nous fait espérer que ces groupes reviendront visiter Montréal dans un avenir rapproché!

 

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