Earl Sweatshirt au Théâtre Corona | Some (Tired) Rap Songs
La tournée FIRE IT UP! du rappeur Earl Sweatshirt s’est arrêtée jeudi soir au Théâtre Corona, une date assez attendue après sa dernière prestation à Montréal, qui datait de 2015. La foule semblait par contre plus excitée que lui d’être là, et sa performance, sans être désastreuse, nous a laissé sur notre faim.
À son arrivée sur scène, Earl Sweatshirt était fidèle à son image : nonchalant, vêtu d’une paire de sweatpants et d’une chemise à carreaux beaucoup trop grande. Le rappeur californien a déjà un peu sapé l’enthousiasme de la foule en annonçant qu’il ne performerait que pendant une heure, ce qui ne semblait d’ailleurs pas le déranger outre mesure.
Son DJ et lui ont lancé le spectacle avec Molasses, une piste figurant sur son premier album, Doris (2013), qui a fait réagir ses fans de longue date, mais qui a laissé une bonne partie de la salle indifférente. Commencer avec un de ses classiques était assurément une bonne idée, mais une piste plus agressive (et on sait que ce n’est pas ce qui manque à son registre) aurait peut-être été une meilleure idée pour réveiller la foule.
Cette première chanson était à l’image du reste du spectacle; c’était bien, le public avait l’air de s’amuser et lui aussi, mais sans plus. Il faut aussi dire qu’il a misé sur plusieurs de ses nouvelles chansons, jouées les unes à la suite des autres (par exemple, l’alternance Ontheway!, The Mint, The Bends et Azucar), ne laissant peut-être pas la chance à ceux qui avaient moins accroché sur son dernier album, Some Raps Songs, sorti en novembre 2018, de se défouler autant qu’ils l’auraient voulu.
Il y a aussi que l’énergie du rappeur n’avait pas l’air à son top; il est même allé jusqu’à crier au public « I’m on tour, I’m tired », et semblait avoir plus d’interactions avec son DJ qu’avec la foule. Heureusement, quelqu’un a eu la brillante idée de lancer une paire de lunette sur le stage, permettant aux deux musiciens de s’amuser un peu et d’interagir avec l’audience.
Par contre, lorsque les premières notes de la chanson Pre ont résonné dans la salle après 45 minutes de spectacle, la magie a opéré. Le public s’est instantanément mis à hurler et à faire des moshpits, ce qui donne une idée de ce qu’aurait pu avoir l’air l’ensemble de la performance s’il avait misé sur ses plus anciennes et populaires tracks plus tôt dans la soirée.
L’énergie est retombée jusqu’à ce qu’il entonne Grief, qui figure sur I Don’t Like Shit, I Don’t Go Outside : An Album by Earl Sweatshirt (2015), son deuxième album. Il a enchainé avec Shattered Dreams et a finalement terminé sur Riot!, une nouvelle piste instrumentale pleine de potentiel, mais qui, encore une fois, n’était peut-être pas la meilleure idée pour finir un spectacle où l’énergie n’était pas particulièrement au rendez-vous.
Earl Sweatshirt a tenu sa promesse et a arrêté de performer aux alentours de 22 heures, mais au lieu de quitter la scène, son DJ et lui, vite rejoints par les deux premières parties, ont mixé quelques chansons. Ils sont restés là à danser une vingtaine de minutes, alternant entre des beats très trap (Womp Womp de Valee, Style Stealer de Gunna, Heard Cuz Was Hot de XanMan) à des trucs plus joyeux et assez hors contexte (Na Boca Do Sol d’Arthur Verocai, Tighten Up de City Girls), et on en est venu à se demander pourquoi, à ce compte-là, ils n’avaient seulement pas continué à jouer. Somme toute, une fin de spectacle un peu banale (et sans rappel).
Liv.e et Bbymutha
Les deux premières parties ont été assurées par deux artistes féminines, une bonne initiative qui a pu équilibrer le spectacle. C’est la Texane Liv.e qui a ouvert le bal avec son R&B vaporeux, et, malgré sa nervosité palpable, elle a su charmer le public, qui semblait d’ailleurs déjà la connaitre.
Elle a fait sauter la foule plus d’une fois lors de sa prestation, et son outfit jaune qui rappelait avec brio les images VHS projetées sur un écran pendant sa performance mérite une mention spéciale, même si elle n’arrêtait pas de répéter qu’elle crevait de chaud à cause de lui. Elle a rapidement été suivie de Bbymutha et sa DJ, qui a elle aussi fait pas mal bouger la foule, et a efficacement mis la table pour Earl Sweatshirt avec son rap agressif et assumé.
- Artiste(s)
- Bbymutha, Earl Sweatshirt, Liv.e
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Corona
- Catégorie(s)
- Hip-hop, Lo-fi, R&B, Rap, Rap/Hip-hop,
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