crédit photo: Marie-Claire Denis
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eaJ au Studio TD | Rock, chaleur et générosité

Le nombre de fans présents mercredi soir semblait inversement proportionnel à l’énergie dégagée : la mezzanine du Studio TD était fermée, la fosse en bas n’était clairement pas à sa capacité complète, mais l’accueil réservé à l’artiste K-pop eaJ fut des plus chaleureux. Il s’est appliqué à rendre la pareille avec succès si l’on en croit l’ambiance générale et les larges sourires affichés pendant et à la fin du show. Pour sa première fois sur scène à Montréal, comme il l’a indiqué au micro, la ville a certainement fait honneur à sa réputation, et il n’a pas manqué de dire et redire à quel point ces marques de bienvenue étaient chaleureuses et sonores.

Cette foule modeste n’a rien d’étonnant par ailleurs. aeJ n’a pas encore beaucoup de matériel pour enchaîner les tournées : le show aura duré un tout petit peu plus d’une heure. Qui plus est, son agenda a été bien rempli, entre cette tournée qui a commencé par l’Asie et va continuer son chemin en Amérique du Nord, en plus des premières parties du groupe Imagine Dragons pour leurs dates aux États-Unis le mois dernier.

Après une première partie assurée par la jeune chanteuse pop Neriah, un enregistrement sonore débute soudainement alors que les lumières de la salle s’éteignent.

Une voix, sa voix, parle de symptômes dépressifs. Très ouvert à parler publiquement de son combat pour une bonne santé mentale, pour lui-même et pour les autres, la métaphore de la pluie dans le titre de son EP et de sa tournée renvoie précisément à tout cela. S’ensuit un mouvement de confusion et d’excitation dans le public, et pour cause : eaJ a fendu la foule discrètement pour commencer le concert en plein milieu de la fosse !

Ses trois musiciens (batteur et guitaristes) l’attendent sagement sur scène, mais ils n’auront de sage que le nom : l’artiste n’a pas oublié ses années au sein du groupe de rock Day6… Ça joue fort, ça enchaîne les chansons un peu brutalement, et surtout, ça donne de la voix. Sa capacité vocale est vraiment impressionnante, d’autant plus lorsqu’on découvre plus tard qu’il est en fait un peu malade, lorsqu’il s’excuse de ne pas être en pleine possession de ses moyens avec une tisane à la main. Si, selon lui, sa prestation d’hier soir était moins bonne à cause de la maladie, on n’ose imaginer sa puissance lorsqu’il est en parfaite santé physique !

eaJ a vraiment livré un show de grande qualité, où la trame sonore intercalée entre les morceaux retrace l’évolution face à la maladie mentale jusqu’à un mieux-être, où il a pu montrer l’étendue de son talent sans trop en faire, et où les interactions avec le public étaient simples (sûrement facilitées par la proximité que permet une salle telle que le Studio TD) et bienveillantes. Il était également rafraîchissant de l’entendre évoquer les élections américaines à demi-mot, et de rappeler quelques principes de bon sens (« Votre corps votre choix », « aimez qui vous voulez », « aucun enfant ne mérite de mourir ») dans un contexte politique bien sombre, et venant d’une industrie trop souvent frileuse à dire publiquement quoi que ce soit de vaguement engagé.

Pour sa dernière chanson, il est retourné où il avait commencé le concert, c’est-à-dire en plein milieu de la foule, avant de remonter sur scène et d’accepter un drapeau québécois dédicacé par les fans en cadeau.

Accessible et talentueux, eaJ mérite amplement de remplir la salle, celle-ci ou une encore plus grande, pour son prochain passage à Montréal.

Photos en vrac

Neriah (Première partie)

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