
Dom Dolla à Montréal | Un pétard pas si mouillé
La saison est lancée! Pour le plus grand plaisir des festivaliers, et au grand dam des résidents d’Hochelaga-Maisonneuve, les événements d’evenko sont de retour à l’Esplanade du Parc Olympique pour les prochaines semaines. Le bal débutait avec une performance attendue du DJ Dom Dolla samedi dernier, le 17 mai 2025.
Mais avant l’arrivée sur scène de l’Australien, la soirée accueillait en sol natif la royauté montréalaise : Tiga, de loin l’artiste le plus connu à jamais être sorti de la scène électro locale, avec A-Trak bien entendu. Le DJ se produisait en B2B aux côtés de la Parisienne Chloé Caillet. Les deux artistes ont un style assez complémentaire, incluant des influences rock marquées dans leur musique, bien que Tiga soit décidément plus agressif dans ses rythmes. Le duo s’en tire très bien, y allant dans une techno assez diversifiée, n’ayant pas peur de faire grimper les BPMs jusque dans les 140 avancés ou de maintenir des basslines sur plusieurs minutes. On aura droit à quelques bons remixs semi-improvisés pendant l’heure de set du duo, notamment une revisite bass de Kids de MGMT en toute fin de set qui enchantera le public. Bien joué!
Après un changement de set relativement long, pas loin d’une douzaine de minutes, ce que l’on voit plus rarement lors de spectacles électro du genre, la star du jour se présente sur enfin scène. Il attaque en force, débutant directement sur sa pièce Girls, l’une de ses plus connues, et l’on comprend les raisons expliquant l’attente d’emblée, alors que la chanson sera jouée sur fond orgiaque de pyrotechnies diverses. La table est mise : ça va brasser.
La pluie s’invite rapidement dans la partie, mais qu’à cela ne tienne : le public est là pour danser peu importe les circonstances. Même mieux : les lasers et feux d’artifice ponctuant la performance ne sont que plus visibles. Rien à redire sur la scéno.
Le problème, et c’est une déception majeure, c’est de voir un artiste de la trempe de Dom Dolla avoir autant de difficulté avec les quelques moments où il décidera par lui-même, sur un set qui semble relativement préparé à l’avance, de décélérer ses BPMs lors d’enchaînements assez hésitants. Parole de DJ : il est généralement beaucoup plus facile d’accélérer la cadence si l’on veut continuer de faire danser la foule que l’inverse. Ça donnera lieu à quelques moments définitivement plus faibles, notamment une transition approximative au mieux entre une sélection techno et une chanson d’A$AP Ferg, ou quelques très longues drops qui en galvaniseront tout de même certains, mais en destabiliseront d’autres. Un remix plus ou moins réussi du hit de l’heure Pink Pony Club viendra également plaire à plus d’un, le public étant là pour danser d’abord et avant tout, visiblement pas pour analyser les tenants et aboutissants de chaque choix artistiques comme je l’ai probablement trop fait.
Les sélections musicales sauvent la donne jusqu’à un certain point. Les moments les plus efficaces sont ceux où l’artiste diffuse ses propres productions, mais il le fait avec une intéressante et louable parcimonie. Comparé avec, par exemple, Fred again.. qui n’aura diffusé presque que ses propres compositions lors de son dernier passage en terres montréalaises, Dom Dolla explore plusieurs genres et varie habilement les ambiances. On visite des hits actuels autant que des réinterprétations techno plus historiques, notamment deux pièces des Chemical Brothers qui côtoieront celles de Lana Del Rey (l’excellent remix de Cedric Gervais de la chanson Summertime Sadness), The Dare, Doja Cat ou encore du DJ Ambrxse. Le public apprécie visiblement ces accords souvent audacieux, félicitations au curateur!
Soirée donc relativement réussie musicalement. Je me permets toutefois un commentaire en terminant sur l’ambiance plus générale, surtout concernant la culture du viol. On pouvait constater samedi un certain recul par rapport à certains nouveaux acquis des dernières années. Rien qui relève de la faute des organisateurs, loin de là, mais j’ai pu voir plusieurs hommes prendre des photos de fesses de filles à peine majeures à leur insu ou faire des Tiktoks en abordant d’autres personnes sans aucune gêne, puis poster le tout sans laisser l’autre personne dire un seul mot. Ajoutez à cela la drogue consommée, partie intégrante de la culture rave comme on sait, qui empêche un consentement libre et éclairé à une partie du public et vous obtenez un cocktail particulièrement malsain et toxique, plus que j’aurai pu voir depuis longtemps dans un événement du genre. C’est assez décevant de constater tout ça, souhaitons donc qu’il ne s’agit donc pas d’une tendance.
Si vous avez vous-mêmes été victime de ce type de situations, on vous invite notamment à consulter le site de l’organisme Info-aide Violence sexuelle pour découvrir diverses ressources de soutien et d’accompagnement.
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