Les abeilles

Critique théâtre: Les Abeilles au Prospero

Les Productions Metishkueu présentaient leur toute première production depuis leur fondation en 2011, mercredi soir au théâtre Prospero; la pièce Les Abeilles tirée du roman de l’auteure japonaise Yôki Ogawa. C’est dans le sous-sol du théâtre, dans la petite salle pouvant accueillir 45 personnes, qu’Izabel Kerr, Richard Fréchette et Marc-André Thibault ont tenté d’animer la soirée, qui s’est plutôt déroulée dans le malaise…

Richard Fréchette et Izabel Kerr

Une jeune femme reçoit chez elle la visite-surprise de son cousin qu’elle n’a pas vu depuis l’enfance, et avec lequel il flotte une drôle de tension sexuelle. Ce cousin est là pour lui demander un service : peut-elle la référencer auprès du directeur de la vieille pension universitaire où elle a elle-même habité 6 ans plus tôt? Tous deux se rendent donc voir ce directeur, qui est handicapé physiquement. Une drôle d’ambiance règne dans la résidence… sans doute parce qu’elle est trop calme. C’est qu’il y a un an, un des résidents a disparu et depuis, tout le monde fuit l’endroit. Lors de nombreuses visites à la résidence, la jeune femme tentera de percer le mystère qui entoure l’intrigante pension.

 

Malaise au niveau du ton

Un des premiers problèmes de la pièce frappe dès le tout début, dans la première interaction entre Elle, interprétée par Izabel Kerr et le cousin, joué par Marc-André Thibault. Tous deux jeunes acteurs, ils utilisent un dialogue en français international qui ne leur colle pas à la peau. Comme s’ils n’étaient pas assez à l’aise avec cette forme de langage et que les mouvements de leur corps n’appuyaient pas leurs paroles. Un manque d’expérience, sans doute.

Le jeu de Marc-André Thibault n’est toutefois pas totalement inintéressant et on décèle chez lui une certaine aisance qui aurait pu se développer au fil de la pièce. Malheureusement, son personnage disparaît assez rapidement. De son côté, Izabel Kerr, qui est également productrice et directrice des Productions Metishkueu, joue son personnage d’Elle d’une manière très renfermée, sans montrer d’émotion, avec une grande timidité… il en résulte cependant, pour le spectateur, une impression qu’elle n’est pas à l’aise d’être sur scène et qu’elle n’habite pas son personnage, qu’elle essaie plutôt de faire du mieux qu’elle peut pour jouer un rôle qu’elle ne comprend pas vraiment.

L’expérience de Richard Fréchette, qui joue le rôle du directeur, est venue sauver la mise alors qu’il était le seul à vraiment maîtriser le ton de la pièce. Son personnage complexe d’un homme estropié, mais fier était rendu de manière juste et cohérente.

 

Une mise en scène efficace

On ne peut enlever à Miguel Doucet l’efficacité de sa mise en scène dans le déplacement d’un lieu à l’autre et dans l’utilisation des ombres pour incorporer une discussion au téléphone ou un personnage absent. Le décor, très simple et neutre, mélangé à la trame sonore et à l’éclairage ambiant, est tout à fait cohérent avec le rythme de la pièce, très lent et structuré.

 

Pour sa première production, Izabel Kerr a peut-être misé dans une difficulté trop grande en voulant adapter un texte japonais, dont les subtilités, les émotions et même l’histoire elle-même sont difficiles tant à reproduire sur scène qu’à saisir pour le spectateur. Il faudra, telle une abeille, se mettre à l’ouvrage pour la seconde production.

La pièce Les Abeilles est présentée jusqu’au 3 mars au Théâtre Prospero.

 

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