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Critique théâtre | Le Journal d’Anne Frank au TNM

Le Théâtre du Nouveau Monde commence l’année 2015 en force en mettant en scène Le Journal d’Anne Frank. Écrit par Éric-Emmanuel Schmitt, c’est une toute nouvelle version d’une histoire classique qu’on redécouvre.

Un nouveau visage au théâtre

Mylène St-Sauveur, qu’on connaît pour ses nombreux rôles à la télévision et au cinéma, fait ses premiers pas sur la scène dans les souliers d’Anne Frank. Un premier rôle qui vient avec beaucoup de pression, mais qu’elle interprète avec justesse. Elle arrive à livrer les grands moments d’émotion avec autant d’aplomb que les comédiens d’expérience qui l’entourent sur scène.

La comédienne incarne parfaitement l’innocence et l’espoir de l’adolescente dans un contexte tragique, réussissant même à décrocher plusieurs rires du public. Marie-Hélène Thibault arrive elle aussi à alléger le poids de la pièce avec son interprétation plutôt cocasse du rôle d’Augusta Van Pels.

L’histoire d’Otto Frank

L’auteur Éric-Emmanuel Schmitt a fait le choix d’adapter Le Journal d’Anne Frank du point de vue paternel, celui d’Otto Frank, qui dans les faits, a publié lui-même le témoignage de sa fille. La pièce débute donc avec le père d’Anne Frank, qui apprend la mort de ses filles et de sa femme, avant de découvrir le journal et de s’y plonger.

C’est d’ailleurs une décision artistique intéressante, qui permet d’éviter une simple narration ou mise en scène du journal. Le mélange est efficace. On bascule entre deux périodes d’une façon dynamique. On reconnaît des passages intégraux et l’émotion y est, mais la majeure partie de la pièce, aux passages où les comédiens jouent l’histoire, est beaucoup moins dramatique que l’œuvre littéraire.

La place qu’a donné l’auteur à Otto Frank, interprété brillamment par Paul Doucet, apporte un tout nouveau sens à l’histoire si connue d’Anne Frank et ajoute même des passages qui nous en apprennent davantage. On peut entre autres découvrir comment le père a vécu l’histoire et l’auteur a même inclus un passage où on retrouve Anne et Otto Frank en camp de concentration après leur arrestation.

Photo de courtoisie par Yves Renaud.

Photo de courtoisie par Yves Renaud.

Une grande production

À la mise en scène, le travail de Lorraine Pintal est digne de mention. Avec un décor monté sur deux étages, un sur lequel on retrouve Otto Frank dans son bureau et un autre où on se retrouve au temps de la guerre, dans l’ « Annexe » où étaient confinés Anne Frank et les siens, la transition entre les deux périodes se fait parfaitement.

Bien que l’adaptation d’Éric-Emmanuel Schmitt rende moins bien l’aspect bouleversant de l’œuvre originale, la mise en scène donne à la pièce le côté sombre et émouvant qu’on connaît du Journal d’Anne Frank. Des projections d’images d’archives de la Deuxième Guerre mondiale en arrière et en avant-plan de la scène apportent au décor une authenticité poignante.

Un moment notamment où Hitler faisant son salut est projeté et qu’Anne, sur scène, se retrouve sous la main du Fuhrër crée une image puissante. Avec une trame sonore touchante signée Jorane, le jeu des comédiens et les ajouts de l’auteur, la pièce rend amplement honneur aux écrits de la jeune Anne Frank.

*Le Journal d’Anne Frank est présenté au Théâtre du Nouveau Monde du 13 janvier au 7 février, en supplémentaire du 10 au 13 février, avant de partir en tournée partout au Québec.

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