Critique théâtre | Christine, la Reine-Garçon au TNM
Sous une plume aux allures shakespeariennes, de la nouvelle pièce de Michel-Marc Bouchard émane un propos et une opinion encore et toujours vivant, moderne dans chaque réplique et chaque cogitation. Malgré le cadre de l’action, qui nous transporte en Suède de l’hiver 1649, le discours de cette reine femme-malgré-elle transpire les désirs de liberté, d’émancipation de l’esprit par la culture et la conaissance, désirs qu’elle applique pour elle et qu’elle souhaite à son peuple barbare et inculte.
Sous les mots de l’auteur, on sent ce commentaire sur la politique actuelle, sur le débat du rôle du politicien face aux contribuables, de la reine face à ses sujets. Comme le dit Bouchard lui-même, « Ce n’est pas le cadre, ni le sujet qui définissent un auteur. C’est la manière, le point de vue. Jamais un auteur ne se trahira s’il a un point de vue. »
C’est ce que l’on reçoit de Christine, des opinions philosophiques personnels qui rejoignent ceux qui se pose aussi des questions. Le sujet n’est que prétexte à réflexion, avec un humour cinglant dans un décor marquant de cour royale austère et froide. Voilà la force de Michel-Marc Bouchard ; le sacré qui valse avec la dénonciation.
Les questionnements de cette création touchent une fois de plus à l’affirmation de l’orientation sexuelle, par l’entremise de l’emblème marginale qu’est la Reine Christine. Évidemment que les faits et gestes de celles-ci furent déviés pour les besoins de la dramatique, et l’on s’attache rapidement à la jeune femme de 23 ans en-dessous de la couronne.
Le génie de Céline Bonnier fini de conférer au personnage une authenticité désarmante, et l’actrice réussit encore une fois à s’éloigner de son casting tout en le consolidant. Magalie Lépine-Blondeau, incarnant la belle dame de compagnie, est elle aussi remarquable. Qui de mieux qu’Éric Bruneau pour incarner le jeune frère imbus et narcisse incarné, désopilant dans ses élans nombrilistes. C’est que le texte est si bien fait que l’on rit, pleure et s’interroge, et on reste béat devant la scénographie époustouflante, dont Serge Denoncourt (m.e.s.) a su tiré pleinement profit.
Christine la Reine-Garçon, une oeuvre au sens propre, qui grave déjà sa marque dans le paysage théâtrale québécois.
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre du Nouveau-Monde
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