Critique | Swans au National de Montréal
C’était jeudi soir au National qu’a eu lieu le concert de Swans. Le groupe américain possède une identité unique et offre un son abrasif, axé sur le rock expérimental, le noise rock et le post-punk.
En fait, le multi-instrumentiste Michael Gira a créé la formation en réponse au new wave, s’inscrivant ainsi dans le courant éphémère du no wave. Ils offrent des chansons de dix minutes et plus, où la guitare et la distorsion sont mises de l’avant, et dont le rythme est quelque peu répétitif. Par ailleurs, on peut également y déceler de lointaines racines blues, tout comme de très discrètes touches d’électro.
En guise de comparaison, on pourrait faire un parallèle avec Sonic Youth. Cependant, le son de Swans est beaucoup plus lourd et définitivement plus sombre. Parmi les influences de Gira, mentionnons Chester Burnett (Howlin’ Wolf), Tom Waits et Joy Division. Malgré une présence plutôt faible du groupe sur les ondes radiophoniques, Michael Gira et sa bande ont su développer une réputation enviable auprès des mélomanes depuis leur formation, en 1982.
Le spectacle était sobre, et ce, pour deux raisons. Premièrement, peut-être est-ce à cause de la légende urbaine (Gira et sa bande sont reconnus pour jouer leur musique excessivement forte, à un point tel que certains spectateurs sont indisposés (vomissement), ou, encore, que quelques headbangers se seraient fait attaquer par le chanteur qui déteste cette pratique), mais le public était définitivement en mode observation. Très attentif, mais peu démonstratif, l’auditoire était obnubilé par ce qui se passait sur la scène. De plus, les musiciens n’étaient pas spécialement expressifs. Gira, dont la voix était puissante, s’est perdu, à quelques occasions, dans le moment présent, sans pour autant être totalement extraverti.
Après une longue introduction, Swans a offert un spectacle de deux heures, pour un total de six chansons, dont trois tirées de leur nouvel album, To Be Kind (2014), ainsi que trois nouvelles, qui paraîtront sur le prochain opus. Bien qu’il s’agisse d’un nouveau titre, Frankie M, avec sa basse pesante, a suscité un certain enthousiasme auprès du public. Par la suite, le groupe a enchainé avec l’extrait A Little God In My Hands, que la foule a immédiatement reconnu.
Ce n’est qu’au moment de la quatrième chanson, Just a Little Boy, qu’on a eu l’impression que le chanteur vibrait, qu’il était en harmonie avec la musique. Ce fut un moment quasi solennel, les cris du chanteur et le son de cloche furent écoutés avec un immense respect de la part des spectateurs, tandis que Michael Gira avait les yeux fermés. Il y a eu quelques moments de folie où Gira encourageait la musique à l’aide de grands signes avec ses bras, tout en se permettant un certain délire avec sa voix. Le public réuni au National semblait subjugué par la musique, applaudissant uniquement qu’à la fin des chansons. À l’exception de la musique de Swans, la salle était parfaitement silencieuse.
Il aura fallu attendre la dernière pièce, le medley de Bring the Sun et Black Hole Man, pour pouvoir profiter du côté plus heavy de Gira et ses acolytes, mais, malheureusement, cela n’a pas été suffisant pour créer un paroxysme. En effet, et malgré des musiciens très habiles, il y avait une lacune au niveau de l’ambiance. Bref, ce fut un bon concert, mais sans plus.
Xylouris White
La première partie a été assurée par le duo Xylouris White. Giorgos Xylouris est un joueur de luth crétois, et Jim White, qui est le batteur de Dirty Three. Ils offrent une musique plutôt originale, un mélange de folk expérimental aux sonorités méditerranéennes.
Grille de chansons – Swans
Intro
Frankie
A Little God In My Hands
The Cloud of Unknowing
Just a Little Boy (For Chester Burnett)
I Forget (The Cloud of Forgetting)
Bring the Sun / Black Hole Man
- Artiste(s)
- Swans, Xylouris White
- Ville(s)
- Montréal
- Catégorie(s)
- Indie Rock, Rock,
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