Critique | Neutral Milk Hotel à l’Olympia de Montréal
Près de 16 ans après la parution de son dernier album de matériel original – le génial In the Aeroplane Over the Sea – un Neutral Milk Hotel fraîchement réuni rendait grâce aux nombreux adeptes de son culte dans un Olympia plein à craquer, samedi soir. Le rendez-vous, que plus personne n’attendait, aura été à la hauteur des attentes montées en épingle au fil du temps.
Le mythe NMH a pris une telle ampleur depuis la séparation du groupe en 1999. Un exemple : dix ans après sa parution (et neuf ans après la séparation du groupe), une version vinyle de In the Aeroplane Over the Sea était lancée, sans flafla, et selon Rolling Stone, l’album s’est classé 6e parmi les meilleurs vendeurs de 2008 en vinyle. Comme quoi les fans de NMH entretenaient toujours la flamme, à défaut de voir Mangum et ses potes faire de même.
Pendant plus d’une décennie, ils se sont terrés loin des projecteurs, de la pression et de l’étourdissante industrie de la musique.
En fait, on aurait dit que Mangum et sa troupe s’étaient enfermés dans un bunker à l’aube du bogue de l’an 2000 et qu’ils n’étaient ressortis que pour cette tournée : Mangum arborait un joli look yéti, qui cadre parfaitement avec sa personnalité étrange, mystérieuse et réservée, alors que les autres membres semblaient surexcités d’être en contact avec d’autres êtres humains.
Seul sur scène avec son inséparable guitare acoustique, Mangum a lancé les festivités en entonnant Two-Headed Boy sans saluer la foule, qui n’avait pas besoin de présentation ou de politesses. On va droit au but, et les fans en raffolent. La finale, avec tous les musiciens qui prennent part à la fanfare avec des cuivres et deux accordéons, prend des airs épiques.
Bien conscients du respect qu’ont les fans pour l’ensemble du répertoire – qui se limite tout de même à deux albums complets et deux EP – Neutral Milk Hotel pigeait autant dans les classiques à la Holland 1945, The King of Carrot Flowers (les trois tomes), Naomi ou A Baby For Pree, que dans les trucs plus obscures comme Everything Is, Ruby Bulbs, l’explosive Oh, Sister ou encore Ferris Wheel On Fire
Fidèle à sa réputation, l’instrumentation était foisonnante : aux habituels guitares, basse et batterie, s’ajoutaient les cuivres, de l’accordéon, de la scie musicale et même du banjo joué à l’archet. L’interprétation est un peu relâchée, mais c’est ainsi qu’on l’aime, puisque c’est ainsi qu’on la retrouve sur disque.
Le concert était convaincant, satisfaisant pour les obsédés qui ont usé le compact et/ou le vinyle à la corde. Un peu court, toutefois : à peine une heure, puis un rappel. Il faut dire qu’on avait pas mal fait le tour de la discographie du groupe, qui n’a pas de nouveau matériel à proposer.
À cet égard, il y a fort à parier que Neutral Milk Hotel retournera à sa tanière une fois la petite tournée de réunion terminée. Il fallait donc en profiter pendant que ça passait : ça pourrait prendre encore longtemps avant qu’on puisse voir Jeff Mangum et ses compères interpréter ces chansons devant nous…
- Artiste(s)
- Neutral Milk Hotel
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- L'Olympia
- Catégorie(s)
- Folk, Indie Rock,
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