Critique | L’histoire des ours pandas racontée par un saxophoniste qui a une petite amie à Francfort au Théâtre Prospéro.
Dans la petite salle intime du Prospéro se joue devant nous une histoire au titre bien long et quelque peu étrange. Dans la pénombre de cette minuscule salle se vit une histoire d’amour pleine de tendresse dans un univers ou la douce folie à toute sa place.
Un jeune saxophoniste solitaire se réveille et n’a plus aucun souvenir de la dernière nuit. Assoupie à ses côtés, une mystérieuse jeune femme dont il ignore tout, même le nom. La seule chose dont il est certain : son désir de la revoir et de la connaître. Ils scelleront un pacte, elle lui offre neuf nuits, neuf nuits pour se découvrir et s’aimer. Vous savez, ce genre de rencontres uniques où être ensemble semble aller de soi. Elle et Lui se créeront leur petit monde empli de lumière et de poésie.
Il ne quittera plus son appartement, attendant son retour toutes les nuits, toutes les nuits ou presque, elle viendra l’y rejoindre. Sa chambre deviendra leur royaume, leur air de jeu. Ils se diront des mots doux dans une conversation constituée uniquement de « Ah » et qui étrangement, malgré l’absence de mot, est des plus touchantes! Ils y danseront, y élèveront d’étranges animaux qu’on ne peut voir, mais qui se multiplient à toute vitesse. Ils se découvriront à travers leur jeu, dans un tendre ludisme laissant toute la place à leur imaginaire.
Le duo formé de Charles-Alexandre Dubé et Sonia Cordeau – tous deux finissant du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 2010 – ne semble pas du tout jouer à « être complice ». Tout au long de la pièce, les deux comédiens s’échangent regards et petits sourires de connivences donnant encore plus de crédibilité et de chaleur à cet amour qui vous fera assurément sourire à votre tour. C’est avec aplomb et naturel qu’ils parcourent le texte tantôt drôle, tantôt touchant, toujours juste.
Le texte de Matei Visniec pourrait facilement tomber dans le « quétaine », une histoire d’amour à l’eau de rose, un coup de foudre et ils devinrent inséparables. Je vous rassure tout de suite ce n’est pas le cas! La superbe mise en scène d’Édith Côté-Demers – elle aussi finissante du Conservatoire d’art dramatique en 2010 — parvient à mettre de l’avant la beauté des premiers instants amoureux, la douceur des moments passer en compagnie de la personne qu’on aime. Jeux de lumière, enregistrement sonore et saxophone comme trame musicale donnent beaucoup de dynamisme à la pièce.
Une histoire d’amour qui fait du bien et qui donne envie de tomber, tout comme Elle et Lui, amoureux et de se réfugier dans sa chambre. Un duo d’acteur dont la chimie ne fait aucun doute accompagné d’une mise en scène dynamique a su créer une petite touche de magie dans la salle intime du Prospéro. Nous ne pouvons qu’attendre avec impatience la prochaine production du Théâtre du Chantier.
L’HISTOIRE DES OURS PANDAS RACONTÉE PAR UN SAXOPHONISTE QUI A UNE PETITE AMIE À FRANCFORT from Hugo B. Lefort on Vimeo.
- Artiste(s)
- L'histoire des ours pandas
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Prospero
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