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Critique | Festival Wayhome Music & Arts – Jour 1: des guitares électriques qui bottent des culs 

La première édition du festival Wayhome Music & Arts bat son plein depuis ce vendredi midi, dans la petite communauté de Oro-Medonte à quelques minutes de Barrie, Ontario. Le festival, qui est organisé par les même responsables du festival Bonnaroo au Tennessee, présente en têtes d’affiche de gros noms tels que St. Vincent, Kendrick Lamar, Sam Smith et Neil Young. Sors-tu.ca y est présent pour tout le weekend et vous présente ici un compte-rendu de quelques-uns des spectacles.


Première impression en arrivant sur les lieux : il y a beaucoup de monde. Le festival semble fonctionner, car le site de camping est plein à craquer, et l’endroit se remplit rapidement de festivaliers.

 

Rhiannon Giddens

Alors que nous faisons une reconnaissance des lieux – identifier les différents kiosques et scènes, situer les toilettes ainsi que les endroits pour manger, etc., nous sommes très tôt attirés vers la scène WayBright, la deuxième en importance, sur laquelle Rhiannon Giddens donne un spectacle avec son groupe.

Rhiannon.

Rhiannon Giddens.

Sa voix nous emballe, ainsi que son style vocal jazz qui se mélange adroitement – et curieusement ! – à des chansons tantôt country (voire bluegrass), tantôt d’inspiration irlandaise, et tantôt quasi-pop. Sa présence sur scène captive l’attention, la chanteuse possède une confiance intérieure qui attire le regard immédiatement. Ses prouesses vocales sont étonnantes, et la façon dont elle et sa bande ont de faire bouger la foule avec aisance nous enchante.

Ce spectacle, nous en aurions pris une heure de plus. Quelle belle découverte pour commencer la journée !

 

Courtney Barnett

Nous attendons l’arrivée sur la même scène de Courtney Barnett. Nous avions vue l’Australienne l’an dernier dans la petite salle du Silver Dollar Room de Toronto dans le cadre du festival North By Northeast (lire la critique ici).

Autant la jeune guitariste et ses deux musiciens arrivaient l’an dernier à remplir une toute petite salle et à en défoncer quasiment le toit avec leur rock énergique, autant leur son arrive à faire vibrer une foule plus que respectable dans un grand festival de musique.

Le son était fort et frappait l’audience comme une tonne de briques. Barnett, au ton de voix quelque peu monocorde (c’est son genre et ça fonctionne), a un talent fou pour les mots bien tournés, mais lorsque qu’elle empoigne sa guitare électrique, elle se transforme alors en petite Jimi Hendrix des temps modernes (en quelque sorte), empruntant la façon dont le légendaire musicien avait de s’agenouiller sur scène, torturant sa guitare et produisant ainsi des sons jouissifs pour quiconque aime le rock musclé.

Courtney Barnett botte les fesses de bien des guitaristes mâles, et sa réputation n’est plus vraiment à faire. Quand la programmera-t-on en tête d’affiche ?

 

The Decemberists

Puisque les horaires se chevauchaient, nous n’avons vu que les 20 dernières minutes de la prestation des Decemberists.

Le groupe de Portland en était à présenter certains de ses gros succès, tels que 16 Military Wives et O Valencia ! Nous aurions aimé entendre les nouvelles pièces du groupe en spectacle, mais ce sera pour une prochaine fois. Le groupe se produisait sur la plus grande scène, nommée WayHome, et une foule imposante y assistait sous un soleil de plomb.  Que du bonheur.

 

The Gaslight Anthem

N’étant pas vraiment familiers avec la musique de cette formation, cette visite sous la tente où se trouve la scène WayBold était un essai.

  • Point positif : une large foule s’était amassée sur les lieux, et tout le monde a semblé ravi du spectacle. Les gens chantaient, dansaient, participaient.
  • Point négatif : ce rock générique, qui frôle le rock de « douchebag », n’est pas notre tasse de thé.

Trop peu de prises de risques, trop lisse, des musiciens un peu trop poseurs, et aucune émotion ressentie à l’écoute des chansons.

Pour terminer le spectacle, le groupe a repris le classique Baba O’Riley, ce qui a mis en lumière une évidence : The Gaslight Anthem n’est pas de la trempe de The Who…

Somme toute, pour leur public, c’était correct et tout le monde a semblé ravi.

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Alt-J

Nous avons assisté aux deux tiers de la performance de Alt-J sur la scène WayBright. Une très grande foule s’y trouvait, et le groupe a su la conquérir immédiatement avec sa musique originale, nappée de voix harmonieuses très travaillées, de piano et claviers et aux sonorités souvent électro.

Que du bon dans cette performance au coucher du soleil. Alt-J, c’est peut-être un peu moins absorbant sur scène que sur disque, mais les musiciens accomplissent un travail remarquable pour transposer ce dur travail de studio en spectacle.

 

Neil Young + Promise of the Real

La pièce principale de la journée s’annonçait comme étant la performance du légendaire Neil Young avec son nouveau groupe, Promise of the Real, composé de gars qui n’étaient, selon toute vraisemblance, pas nés lorsque le pappy du rock Canadien a débuté sa carrière.

Et mesdames et messieurs, ÇA, c’est ce qu’on appelle une tête d’affiche ! Deux heures et quarante-quatre minutes ininterrompues de spectacle, suivies d’un rappel de près de 30 minutes.

Arrivant tout d’abord seul sur scène, devant une foule immense, reprenant de vieux titres acoustiques dont Heart of Gold, alternant du piano à la guitare et puis à l’orgue (pour la jolie Mother Earth (Natural Anthem)), Young a vu soudainement son espace de travail êre envahi par des hommes en combinaisons de style Hazmat, représentant évidemment des agents de Monsanto venus répandre du Roundup sur les récoltes des fermiers (celles-ci représentées par quelques plantes en pots au devant de la scène – on est là dans un show concept !). Tout ceci en lien, bien sûr, avec le plus récent album du chanteur-guitariste, The Monsanto Years, qui dénonce sans vergogne la fameuse corporation Américaine ainsi que plusieurs autres – Starbucks, WalMart et cie.

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Ensuite le groupe s’est joint à lui, et c’est là que les choses sérieuses ont commencé. Young, qui semblait vieux et fatigué au début du spectacle, a soudainement pris vie au contact des jeunes hommes qui l’entouraient:  un joueur de bongos, un batteur, deux guitaristes et un bassiste qui l’accompagnèrent sur de nombreux succès tels que Out on The Weekend, Lookin’ For A Love, Word (Between the Lines of Age), ainsi que Down By The River qui dura certainement 20 minutes, dont 15 minutes de solos de guitare totalement féroces, défoncés, déchaînés, délirants.

Ce groupe, Promise of the Real, sied parfaitement à Neil Young, qui semblait prendre son pied tout au long de la soirée et qui en donnait toujours plus aux spectateurs.

Et ça bottait le cul de tout le monde. Neil Young, à 69 ans, semblait rajeunir à mesure que l’horloge avançait, quitte à sembler plus jeune que ses musiciens vers la fin. Sa version complètement survoltée de Rockin’ in the Free World a déchaîné les passions.

Sa désinvolture, ainsi que sa façon de manger des cerises sur scène (organiques, a-t-il précisé) et d’en distribuer à ses musiciens et au public, étaient dignes du personnage légendaire qu’il est devenu au fil du temps.

On pouvait observer dans la foule le petit monsieur âgé, monté sur une caisse pour mieux voir et qui tenait dans ses mains une biographie de Neil Young. On pouvait observer le jeune, à peine vingt ans, qui criait, chantait, hurlait « rock ‘n’ roll !! » à tous vents. On pouvait observer les adeptes de body surfing, ainsi que la jeune femme qui a dénudée sa poitrine et dont l’image fut retransmise sur les écrans géants.

Une foule bigarrée, passionnée, heureuse, qui était attentive aux moindres faits et gestes de Neil Young, qui de son côté semblait prendre un malin plaisir sur scène avec ses talentueux (extrêmement talentueux!) accolytes. Un spectacle de plus de trois heures qui restera longtemps gravés dans les mémoires, ça c’est certain.

Gageons que Kendrick Lamar et Sam Smith aurons de la difficulté à offrir quelque chose d’aussi intense en tant que têtes d’affiche des soirées de samedi et dimanche. À suivre !

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