The Residents

Critique concert: The Residents à Montréal

Mardi 29 mars 2011 – Club Soda (Montréal)

Les pionniers de la musique d’avant-garde et de la performance multimédia The Residents étaient en ville hier soir pour dérider les mélomanes aventureux avec leur univers déjanté. Bien qu’imparfaite à plusieurs égards, cette prestation éclatée a transporté la modeste foule réunie au Club Soda dans un univers parallèle habité par des personnages tordus sur fond de musique cauchemardesque.

Source: Production-Iris.com

D’emblée, la mise en scène intrigue. Une fausse façade de foyer et un fauteuil. « On vous invite dans notre salon », déblatère « Randy » (en 40 ans de carrière, les membres de The Residents ont toujours conservé leur anonymat), affublé de l’iconique masque de vieillard et robe de chambre trop grande.

Côté jardin, « Chuck » s’occupe des claviers et active les trames rythmiques préenregistrées. Côté cour, « Bob » torture une guitare électrique en s’aventurant dans des gammes hors sentiers. Tous deux affichent le même look: un smoking à paillettes rouges, perruque en dreadlocks et masque à mi-chemin entre lunettes d’aviateur et masque à gaz.

On nous annonce que « Carlos » n’est plus de la troupe et qu’il faudra se passer de ses solos de batterie. L’ordinateur portable de « Chuck » compensera tout au long de la soirée. Dommage…


De longs contes en entrée de jeu

La prestation s’est amorcée plutôt lentement, avec une suite de longs contes racontés tantôt par « Randy », tantôt par d’ignobles personnages projetés sur les trois écrans circulaires par le biais d’un projecteur télécommandé par le vieillard.

Source: Production-Iris.com

Absurdes, étranges et parfois comiques, ces historiettes de paranoïa, de « gens des miroirs » (« mirror people ») et autres personnalités invisibles ou fabulés commandent une attention particulière si on ne veut pas perdre le fil. La musique, minimaliste, servait alors de canevas et n’offrait rien de bien divertissant.

Heureusement, le « freak show » a graduellement fait place à plus de musique, des envolées complètement folles et parfois sournoisement agressives qui frappent l’oreille comme un tableau surréaliste frappe l’oeil.  On reconnaissait alors dans le jeu de guitare de « Bob » cette fascination pour les solos atypiques qui a inspiré les Primus de ce monde, particulièrement sur Death From Barstow.

Quelques airs vaguement familiers (ou reconnaissables) se sont glissés dans la prestation: Semolina, l’énigmatique Lillie et la violente Die-Go-Back en rappel. N’ayant rien à faire des conventions, The Residents a omis d’interpréter ses quelques hits (si l’on peut dire): Bach is Dead et le classique Hello Skinny/Constantinople brillaient par leur absence.

Blasé du prévisible show pop reglé au quart de tour avec ses enchaînements d’accords calculés et ses paroles fades? Dans ce cas, un show de The Residents vous ferait sans doute un grand bien…

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