Critique concert | The Original Wailers au Café Campus

L’affiche était alléchante, surtout après cette chaude journée estivale : The Original Wailers prenaient d’assaut le Café Campus, jeudi soir, à Montréal. Deux heures de classiques de l’histoire du reggae interprétés par le nouveau visage du groupe iconique de Marley.

Comment prendre la relève de la légendaire formation de Kingston, sans Bob, ni Bunny Wailer ? Sans s’appuyer sur les frères Barret, Aston et le très regretté Carlton ? C’est le défi que s’est lancé aujourd’hui l’unique rescapé de l’ancienne formation de The Wailers au sein du groupe, Al Anderson.

Original ? Pas tant que ça donc. On connaît Anderson à travers les albums Natty Dread, Live!, ou Uprising, et également avec un autre grand monsieur du reggae, Peter Tosh (sur Legalise it et Equal Rights). En revanche, le reste du groupe n’a plus grand chose à voir avec les membres originels de The Wailers.

Emmené aujourd’hui par Chet Samuels, le chanteur d’origine porto-ricaine n’a pas manqué l’opportunité d’arriver sur scène hier soir arborant fièrement son chandail des canadiens.
Pensez bien que ça n’a évidemment pas laissé le public indifférent…

 

Sun Is Shining

On ne pouvait pas rêver mieux qu’un concert reggae pour clore cette magnifique journée d’été. L’ivresse et la ferveur estivale se lisait sur les visages des quelques centaines de personnes venues acclamer Anderson et sa bande. Et ces neo-wailers ne se sont pas moqués de nous. Loin de là, passant en revue une bonne partie du répertoire de leurs prédécesseurs.

Could You Be Loved, Buffalo Soldier, Is This Love, Stir It Up… Des standards que l’on connaît évidemment tous par cœur aujourd’hui revisités par des experts du genre. Imaginez la réaction d’un public bouillant après une journée sous un soleil tapant lorsqu’on lui lance les premières notes de Get Up Stand Up, ou Three Little Birds

Le Café Campus s’est transformé en temple de l’insouciance le temps d’une soirée : on ne pouvait penser à rien d’autre que profiter de ce beau rassemblement de joie et de bonne humeur, danser et chanter ces morceaux cultes de The Wailers et Marley, qui furent repris à l’unisson par tous les gens présents hier soir. C’était quelque chose, et Anderson a semblé lui-même plus d’une fois troublé par ces effusions de « vibrations positives » !

Le groupe a également dévoilé du contenu plus neuf, tiré d’un EP paru en 2012.

Roots, Rock, Reggae

Sur la musique en elle-même ? Anderson est un dieu de la guitare, point. D’une interprétation en solo très émouvante de Redemption Song, à un Exodus qui a viré en jam hard-prog à la Deep Purple à la fin du concert, on peut dire que le Jamaïcain a, du haut de ses 64 ans, encore beaucoup d’énergie à revendre. Mention spéciale également pour l’extraordinaire démonstration de technicité de la part du bassiste Rohan Reid, ainsi que la voix d’or de Samuels qui nous aura bercé du début jusqu’à la fin du show.

Le pari d’Anderson est réussi. La légende Wailers continue de perdurer avec brio, et ravir un public toujours aussi réceptif à ces morceaux cultissimes de la culture reggae.

Pour échauffer les oreilles, l’ensemble montréalais K-Man & the 45s avait assuré une performance endiablée, sur ska festif aux accents rock. Malgré la passivité du public (c’est bien souvent le dur labeur des premières partie), la performance musicale était solide et l’interprétation scénique au top !

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