Critique concert: Matt Herskowitz à Montréal
Classique sur fond de jazz
Mardi 15 mai 2012 – Upstairs Jazz-Bar-Grill
Dans un environnement possiblement trop intime, le pianiste Matt Herskowitz présentait un spectacle solo au Upstairs Jazz-Bar-Grill, mardi soir. Les talents techniques de Herskowitz étaient des plus remarquables, faisant donc honneur à sa riche formation académique en musique. Toutefois, alors que Herskowitz est généralement connu comme un jazzman ayant des influences classiques, son concert au Upstairs a fait preuve du contraire…
Certains moments ont fait preuve d’une intensité musicale passionnante, mais son spectacle aurait été mieux placé avant une prestation de l’Orchestre Symphonique de Montréal que dans un bar de jazz. On ne peut pas nier les influences jazz de Matt Herskowitz, mais la présence de pièces de Bach et de Schumann a rapidement démontré que la salle correspondait mal à la musique proposée.
Vous savez qu’une des hypothèses les plus répandues sur l’origine du terme jazz, c’est qu’il viendrait du mot français «jaser»? Et donc, un spectacle de jazz dans un bar doit toujours être un moment propice à la conversation. Un spectacle de jazz doit faire preuve d’une certaine forme de chaos.
L’exemple incontournable soutenant cette affirmation est l’album live du trompettiste Booker Little enregistré avec le saxophoniste Eric Dolphy où l’on peut clairement entendre les bruits du public et même ceux des téléphones qui sonnent. Lors du spectacle de Matt Herskowitz au Upstairs, quelques fois les serveurs se sont faits regarder d’un œil croche alors qu’ils ne faisaient que ramasser quelques verres des clients. C’était l’atmosphère typique du jazz qui manquait.
Musique de qualité dans une ambiance moins appropriée
Malgré la proportion trop élevée de pièces lentes et calmes Matt Herskowitz a sans aucun doute présenté de la musique de qualité. À certains moments, son son jazz était très évident, comme un Oscar Peterson ou un McCoy Tyner, il a présenté un jazz rapide et excitant. Tout ça grâce à sa connexion avec son piano et les grands coups rythmiques qu’il y donnait. Ces moments jazzy étaient trop peu présents, mais on a pu les retrouver dans une pièce de Bach lors de la conclusion du premier set ou bien dans une composition de Herskowitz intitulée Bella’s Lament, lors du deuxième set.
Finalement, tout ce qu’on peut reprocher au spectacle de Matt Herskowitz au Upstairs Jazz ce sont des problèmes de forme, dans la mesure que son style de musique a mal correspondu avec l’atmosphère du bar.
Pendant son spectacle intime, où il a très bien interagi avec le public, Matt Herskowitz a fait la promotion de son prochain album qu’il a enregistré justement au Upstairs Jazz-Bar-Grill en novembre dernier. L’album devrait paraitre en septembre prochain. Le pianiste a affirmé que le son de l’album est similaire au spectacle qu’il a présenté mardi soir. Il joue en solo et le style de musique peut être qualifié de «chill», selon ses dires. Étant donné l’atmosphère relaxante
du bar au Upstairs, le terme choisi par Matt Herskowitz est très juste.
Probablement que son album finira par être fort plus intéressant que son concert au Upstairs. La qualité musicale pourra être appréciée à l’endroit et au moment que le consommateur le voudra. Ce dernier ne sera pas plus retenu par le public et l’atmosphère beaucoup trop tranquille qui était présent dans le bar.
- Artiste(s)
- Matt Herskowitz
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Upstairs
- Catégorie(s)
- Jazz/Blues,
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