crédit photo: Normand Trudel
Jorane

Critique concert: Jorane et l’Orchestre I Musici de Montréal au Festival de Jazz

30 juillet – Maison Symphonique

Dans le cadre du Festival de Jazz, la fée violoncelliste Jorane nous a fait grâce d’un concert spécial avec l’Orchestre de chambre I Musici de Montréal, le tout présenté dans la nouvelle Maison symphonique de la Place-des-arts.  Un très bon exemple de la fois où ça n’avait rien à voir avec du jazz…

Photo par Denix Alix

Le bois qui couvre 98% de la salle résonne sous le premier accord des violons et altos,  transmettant sa vibration dans les os des quelques mille personnes présentes pour entendre l’incarnation du sublime.  Jorane se laisse désirer cependant, et I Musici entame de façon convaincante une pièce instrumentale qui donne le ton intense et magique à la soirée.

Quand Jorane arrive, d’un pas sûr dans sa robe délicatement garnie de plumes blanches, avec ses cheveux flottants, elle hypnotise tout un chacun.  Est-ce le fait l’une des rares personnes à jouer du violoncelle debout, le fait d’être une virtuose de cet instrument si peu exploité, ou encore le fait qu’elle fasse de sa voix celle d’une enfant qui explore les sons, ou tout ça à la fois qui fait d’elle cette interprète magistrale?  Elle est comme ce cheval sauvage qui a quitté son clan pour parcourir le monde, et qui, pour l’instant d’un soir, revenait avec ses confrères pour une réunion plus qu’harmonieuse.  C’était vraiment l’idée du siècle de l’entourer d’un orchestre de chambre, de plus que celui-ci est particulièrement solide, dirigé par le dynamique Jean-Marie Zeitouni.

Confidences et interaction

Photo par Denis Alix

À travers la douzaine de morceaux joués, de Pour Gabrielle à Une sorcière comme les autres, Jorane y est allé de quelques confidences. Entres autres, elle est présentement en studio et Antoine Gratton signe les arrangements de la chanson Confort Song, prochain succès possible de la dame, avec son rythme plus pop et son ton réconfortant.  Elle a aussi offert à ses fans une nouvelle pièce qui se nomme Allégeance, un poème de René Char mis en musique spécialement pour I Musici.  Un pur délice.

À deux reprises, Jorane a réussi à impliquer la foule dans sa magie en faisant chanter la salle, pendant qu’elle fredonnait librement et que l’orchestre poursuivait son oeuvre.  Elle a aussi avoué sa tendance à jouer avec la voix pour la rendre instrument, d’où les dires des gens qui la nomme comme « celle qui chante dans une langue inventée là! ».  En farce, elle ajoute : « Ça met les choses au clair ; plus besoin de dictionnaire! »

Dans une salle à l’acoustique exceptionnelle, avec une artiste exceptionnelle, accompagnée d’un orchestre pour une exceptionnelle fois, que dire autre que: quel spectacle exceptionnel ce fut, que l’on souhaiterait revoir malgré l’exception!  Peut-être un disque Live avec I Musici?  Oui, on le veut!

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