Godspeed You! Black Emperor

FME 2012 – Jour 3: Godspeed You! Black Emperor

Samedi 1er septembre 2012 – Agora des Arts (Rouyn-Noranda, FME)

C’était sans contredit le happening du festival: Godspeed You! Black Emperor à Rouyn-Noranda, dans une église convertie en salle pouvant accueillir 400 personnes, tout au plus. L’expérience aura été à la hauteur des attentes.

Godspeed You! Black Emperor au FME. Photo par Christian Leduc.

Ils sont experts en bien des choses, les gens de Godspeed. Musiciens post-rock aguerris, bien sur, mais aussi maîtres en édification de mythe.  Créer une rareté, un Événement avec un grand E, avec une aura de mystère.

Évidemment, le spectacle affichait archi-complet. Pris entre l’arbre et l’écorce, les organisateurs avaient dû transformer les accréditations média en loterie pour journalistes.  Tirage à 16h le jour même dans un tout petit lieu, présence obligatoire pour avoir droit à son laissez-passer. Tout le monde en ville s’affolait pour mettre la main sur les précieux billets. Ne serait-ce que pour pouvoir dire : « j’étais là ».

À 23h30, une longue file d’attente s’était créée devant l’Agora des Arts. On aurait dit que des milliers de personnes tentaient d’entrer en même temps.

Une fois entassés dans la salle, les spectateurs étaient progressivement plongés dans l’univers singulier du groupe. Lente progression sur un même accord. Le chatouillement de l’archet sur les cordes du violon et de la contrebasse forment une tempête sonore qui s’approche de nous, s’intensifie. Leeeeentement. Les musiciens ont tout le temps du monde pour installer leur ambiance.

Photo par Christian Leduc.

Les 8 musiciens prennent place, la batterie bat une cadence subtile, pendant que d’étranges images se superposent à l’arrière-plan.

En regardant devant, on pouvait voir les musiciens à l’oeuvre, certains assis dos au public, d’autres debout, avec les projections derrière eux. Mais en se revirant, on pouvait porter notre regard sur le 9e membre du groupe: le projectionniste, au balcon. Il joue lui aussi un rôle d’interprétation et de création dans le spectacle, avec ses 4 machines Super-8 et ses vieux films sur pellicule qu’il agence et manipule au gré des ambiances musicales.

Le groupe progresse vers des sonorités anatoliennes, puis metal, puis noise. Des brins de musique actuelle, mais aussi, des riffs typiquement post-rock: guitare claire qui joue des mélodies mineures, en boucle, alors que les rythmes texturés gonflent graduellement.

Il est tard et c’est le 3e jour du FME, donc la fatigue joue aussi un rôle sur le public. Certains baillent aux corneilles, d’autres cognent carrément des clous. Mais l’effet est plutôt hypnotique:  le public absorbe les ambiances continues de Godspeed You! Black Emperor, qui survolent la splendeur et l’horreur avec une imposante fluidité, en passant par des impressions de fin du monde.

Photo par Christian Leduc

Après plus de deux heures de prestation, les musiciens laissent résonner en boucle les échos de la dernière pièce, puis quittent. Le projecteur #3 éclaire la nef de l’Agora des arts avec des images qui s’apparentent à une galaxie étoilée.  Les spectateurs applaudissent à tout rompre l’expérience musicale singulière qu’ils viennent de vivre, mais sans insister pour un rappel. Parce qu’il n’y en aura pas, c’est ainsi avec Godspeed.

Sur le parvis de l’église, tout le monde est un peu ébranlé, confus. Comme au réveil après un rêve étrange.

Ai-je vraiment vu Godspeed You! Black Emperor à Rouyn-Noranda?

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