Dirty Beaches

Critique concert: Dirty Beaches et Xiu Xiu à Montréal

Mercredi 9 mai 2012 – Sala Rossa (Montréal)

Alignant des EP à profusion depuis 5 ans, Alex Zhang Hungtai, canadien originaire de Taïwan, a multiplié ses présences à Montréal.  Dirty Beaches, nom qu’il s’est donné pour percer dans le crooner pop rock, était de retour à la Sala Rossa pour promouvoir son seul album Badlands.

Dirty Beaches

Les bras couverts de tatouages, ce mystérieux personnage solitaire a interprété ses différentes pièces (Black Nylon, Lord knows best et autres) en laissant imaginer aux quelques fans présents que les micros étaient défectueux et les instruments abîmés au fond d’une salle obscure.

Dirty Beaches. Photo par Renaud Sakelaris

Sur scène, les apparitions de Dirty Beaches, la plupart du temps seul mais parfois accompagné d’un saxophoniste fort talentueux, laisse place à un chanteur stylé et élégant : portant des jeans, se repeignant entre deux morceaux, alternant des cris d’animaux qu’on égorge et la voix sublime d’un Elvis Presley.

Pour ceux qui sont familiers avec Suicide, ses imitations sur scène, par moments, sont très frappantes et poignantes. Il essaie de retrouver une peur, de la récréer à partir de titres instrumentaux et de l’accomplir à travers des expressions faciales  pour nous terrifier, nous bouleverser et nous effrayer.

Malgré sa popularité grandissante à travers un réseau de fans internationaux par le biais du web, son omniprésence dans son blog généreux (Dirtybeaches.blogspot.com) et ses appels d’aide sur Twitter, il n’a pas réussi à convaincre beaucoup de fans ce soir, sans compter son entrée tardive sur scène…

 

Xiu Xiu

James Stewart, de Xiu Xiu. Photo par Renaud Sakelaris

Xiu Xiu est un de ces groupes qu’on peine à cerner et qu’on admire sans qu’il soit vraiment possible d’expliquer pourquoi. La bande de James Stewart garde intacte sa ligne directrice furieusement indépendante, dominée par la voix très affectée du chanteur.

C’est donc lui qui prend possession de cette précieuse petite salle, accompagné de trois musiciens. Un guitariste, un batteur d’une précision de frappe extrême et une claviériste qui ne s’exprime pas beaucoup; ce petit monde entoure le chanteur-guitariste qui se révèle, comme prévu, complétement habité de lui-même.

La discographie impressionnante du groupe – Always est le 8e album en 10 ans! – nourrit une interprétation live précise et intense. On reconnaît et apprécie notamment les tubes In Lust You Can Hear The Axe Fall et This Too Will Pass Away.

Ce groupe tellement en avance sur son temps est en effet une symbiose d’inconscience dans un monde de prise de risque modérée. Pour l’apprécier pleinement, il faut toutefois avoir écouté leurs albums à plusieurs reprises à tout prix.

* Dirty Beaches et Xiu Xiu seront également en concert ce soir (10 mai) à la salle Le Cercle, à Québec.

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