Critique | Ben Harper à la Maison Symphonique de Montréal
Lundi 1er octobre 2012 – Maison Symphonique de Montréal
Ben Harper était de retour à Montréal, cette fois pour un concert acoustique à la Maison Symphonique de Montréal.
Silence religieux teinté d’impatience, une palette de guitares sur scène, un piano. Le public attend, alerte. À peine arrivé, Ben Harper se retrouve face à une foule en standing ovation. Charismatique, il se fait maître de la scène, seul, avec sa quinzaine de guitares alignées.
Il débute le concert sans un mot adressé au public en chantant She’s Only Happy In The Sun (Diamonds On The Inside) et enchaîne sur son morceau Blessed To Be A Witness (Diamonds On The Inside), tout en arborant un ukulele.
Ben Harper initie ensuite le public à la technique du slide qui consiste à poser la guitare à plat sur les genoux et à faire pression sur les cordes avec une barre en métal. Technique héritée des racines blues du Mississippi. Pendant de longues minutes, il reste concentré, le regard fixe sur sa guitare, à frotter les cordes méticuleusement.
À la suite de ce moment de pure instrumentation, il se met à chanter Pleasure And Pain (Welcome To The Cruel World). Il continue avec le morceau Forever du même album et poursuit avec Diamonds On The Inside, acclamé par le public entre chaque refrain.
Peu bavard
Il aura fallu six chansons pour que le chanteur californien adresse enfin quelques mots au public. Il raconte alors une anecdote en lien avec sa prochaine chanson, Masterpiece.
Puis, Ben Harper délaisse ses guitares au profit du piano et se met à jouer Trying Not To Fall In Love With You (morceau qui n’ait pas été enregistré). À la manière d’un soulman, il s’excite sur le piano et sort ses tripes sur les touches. Le décor de la Maison Symphonique s’efface doucement pour laisser place à un songe qui rappel les années Motown.
Il revient à la guitare et débute le morceau Another Lonely Day (Fight For Your Mind) et enchaîne avec Walk Away (Welcome To The Cruel World). Ben Harper prend enfin le temps de se poser pour parler au public et commence à raconter une anecdote sur sa rencontre avec Jeff Buckley au festival des Eurokéennes de Belfort en France. Il reprend le morceau Hallellujah, séduisant automatiquement le public, qui, de nouveau, se met à faire un standing ovation.
Il poursuit avec quelques chansons engagées telles que la reprise de Get Up Stand Up de Bob Marley, With My Own Two Hands (Diamonds On The Inside) et Excuse me Mister (Fight For Your Mind).
Après un départ qui annonçait forcément une reprise, Ben Harper revient, alternant des moments instrumentaux avec des morceaux chantés. Il termine, assis, devant la scène, sans micro, un ukulele entre les mains, chantant Suzie Blue (Burn To Shine), s’assurant que même aux balcons le public entende.
Un concert unique, pour des privilégiés qui se sont retrouvés durant quelques heures dans la bulle de Ben Harper. Bulle qui se veut intime, chaleureuse, émouvante, transperçante. À la manière d’un quasi autiste, il se retrouve parfois perdu dans son monde, à chercher la bonne guitare pour la bonne chanson, tout en prenant soin de l’accorder, en silence, comme s’il était dans son salon.
Ben Harper a su transporter la salle, à lui seul, dans un songe empreint de quiétude et de sobriété. Une mise à nue musicale, en toute pudeur et modestie. Un artiste qui a les pieds sur Terre, et les mains toujours cramponnées à une guitare.
- Artiste(s)
- Ben Harper
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Maison Symphonique de Montréal
- Catégorie(s)
- Folk, Jazz/Blues, Pop,
Vos commentaires