Arno

Critique concert: Arno à Coup de coeur francophone

Jeudi 10 novembre 2011 – L’Astral (Montréal) – Coup de coeur francophone

Arno ne s’adoucit pas avec l’âge et c’est tant mieux. Dans un feu roulant de titres impétueux, le rockeur belge invétéré a marqué au fer L’Astral hier soir de sa fougue contagieuse et de sa poésie imagée trilingue portée par cette fameuse voix graveleuse qui frappe plus fort que jamais.

Que les faux rockeurs se le tiennent pour dit: on ne peut pas imiter un tel grain de voix et tenir le cap pendant plus d’une heure.

Doté de cet organe vocal si singulier, Arno, lui, en met plein la gueule à son public avec une ferveur de jeune premier et un contrôle digne des chanteurs les plus expérimentés. Et plus la prestation avançait, plus il semblait à son aise avec le public montréalais complètement charmé par cette énergie sauvage et ce sens de l’humour si particulier.

« La prochaine chanson, je l’ai écrite pour ma grand-mère. Ma grand-mère, c’est une vraie salope. Mais ça ne veut pas dire qu’elle n’ait pas de classe. Tous les hommes cherchent une femme comme leur grand-mère », laissait-il entendre avant d’entonner Lola, etc.

Ce genre d’introduction, tout à fait dans le genre d’humour d’Arno, nous permettait d’entrer furtivement dans le coco de cette tête sale si intrigante, où il semble régner un bazar d’idées pour le moins éclatées.

 

Du rock plein la gueule

Son approche brute est parfaitement soulignée par ses musiciens qui donnent à sa musique tout le mordant nécessaire.

Certains nouveaux titres, tirés de son plus récent album Brussld, prennent des dimensions insoupçonnées. Non pas que les versions soient modifiées outre mesure, mais l’esprit sauvage d’Arno envahit vraiment la salle lorsqu’il est sur scène, et les Brussels, Mademoiselle et Ça monte (écrite pour la comédie de Nabil Ban Yadir, Les Barons) grondent davantage sur scène, alors que le vieux chanteur belge se dresse avec la confiance d’une rock star en pleine puissance au milieu de ce bazar.

Quelques anciens titres sont encore plus musclés et exaltants: Meet The Freaks et Ratata, notamment, produisent un joyeux chaos. Le classique Putain Putain, n’a rien perdu de son éclat d’antan, non plus.

Mais il n’y a pas que le rock brut chez Arno. La délicatesse d’interprétations telles que la déchirante Quelqu’un a touché ma femme et cette reprise hantée, en accords de piano mineurs, de Get Up Stand Up de Bob Marley, vont chercher des émotions toutes autres.

La prestation s’est terminée sur l’incontournable Les Yeux de ma mère en rappel, avant d’entonner Les filles du bord de mer d’Adamo, revisitée avec toute la créativité de l’artiste belge.

Chapeau à Coup de coeur francophone d’avoir ramené Arno à Montréal! Sa prestation sera sans doute l’un des points marquants de cette 25e édition.

Grille de chansons
1. Brussels
2. Mademoiselle
3. Black Dog Day
4. Elle pense quand elle danse
5. Meet the Freaks
6. See line woman
7. Lola, etc.
8. Ça monte
9. Ratata
10. Quelqu’un a touché ma femme
11. Watch Out Boy
12. With You
13. Get Up Stand Up (reprise de Bob Marley)
14. Je veux nager
15. Bathroom Singer
16. Oh la la
17. Putain Putain

Rappel
Les yeux de ma mère
Les filles de bord de mer (reprise d’Adamo)

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