Critique concert: Adam Cohen à Montréal

Jeudi 9 février 2012 – Club Soda (Montréal)

Adam Cohen était de passage au Club Soda de Montréal hier soir. Douce, élégante et généreuse en clins d’oeil habiles, sa prestation a laissé une charmante impression auprès d’un public montréalais captif et enchanté.

À l’image de son plus récent album Like A Man, Adam Cohen s’est présenté en toute simplicité sur la scène du Club Soda. En plein contrôle de cette simplicité, en fait.

Flanqué de deux musiciens – Mai Bloomfield et Michael « Miguel » Chaves qui alternent aux guitares, clavier, violoncelle, basse et percussions légères – le Montréalais d’origine semblait sincèrement ravi de retourner au bercail.

« Parfois, on doit mentir en tournée: ‘I’m so happy to be in Liverpool!’ (soupir) Mais ce soir, pas de menterie: I’m so fuckin’ happy to be in Montreal! », lançait-il à la foule entre deux chansons.

On nous la joue souvent celle-là, mais dans ce cas-ci, on le croit.

Après tout, le public montréalais entretient depuis longtemps un lien singulier avec le nom Cohen. Il fallait entendre la foule réagir aux emprunts lexicaux du fils au père pour le comprendre: le « So Long Mary Ann » de Beautiful, le « so many kisses deep » de Sweet Dominique, le court extrait de Bird on a Wire greffé à Hey Jane.

Ces expressions, subtils clins d’oeil à l’oeuvre paternelle, ne sont pas passées sous le radar des mélomanes, réunis au Club Soda à la fois par nostalgie du père que par respect pour la continuité du fils.

 

Le légataire modeste

Il faut souligner que Adam Cohen a trouvé le ton juste pour harmoniser cet imposant héritage à ses besoins de s’accomplir, de quérir son individualité. L’homme n’est pas dupe: il sait très bien qu’il ne peut ignorer les attentes liées à son nom de famille, au timbre de voix qu’il possède et ce qu’il évoque pour plusieurs.

C’est avec humour et bon goût que le trio s’est d’ailleurs lancé dans une relecture de So Long, Marianne, tout juste avant le rappel. Inutile de préciser que la foule a profité de l’occasion pour accompagner le chanteur.

Mais il n’y a pas qu’à papa Leonard que Adam et ses acolytes ont emprunté une chanson. Ils ont également repris What’s Going On de Marvin Gaye de façon sympathique, à mi-chemin entre l’approche délicate du concert et le groove de la version originale, ainsi que Nothing Compares 2 U, chanson écrite par Prince pour son groupe The Family mais popularisée au début des années 1990 par Sinéad O’Connor. Pour cette dernière, la chanteuse Rachael Yamagata, qui assurait la première partie, est venue rejoindre le trio sur scène afin d’entonner le deuxième couplet. Quelle voix que celle-là!

Pour le reste, ses versions de Sweet Dominique, Matchbox et Eleanor (tirée de son projet Low Millions) se sont démarquées par leur élégance. Au rappel, Adam Cohen a sorti deux de ses chansons « certifiées » par de grands noms: la mal-nommée Overrated que Paul McCartney « aurait voulu avoir écrite » selon ce qu’il aurait confié à l’artiste en coulisse par une soirée magique, puis Out of Bed que Leonard Cohen appréciait particulièrement.

Le charisme du chanteur et guitariste, sa maîtrise vocale et la minutie du trio dans l’interprétation des jolis titres du nouvel album ont contribué à faire de ce sympathique spectacle acoustique une soirée intime, chaleureuse et mémorable.

 

* Adam Cohen sera en supplémentaire au Club Soda vendredi soir (10 février), avant de se rendre à Drummondville, Trois-Rivières, Québec et Saguenay.

Grille de chansons
1. Lie Alone
2. Sweet Dominique
3. Hey Jane
4. Stranger
5. Matchbox
6. Like A Man
7. What Other Guy
8. What’s Going On (reprise de Marvin Gaye)
9. Beautiful
10. Eleanor (chanson du projet Low Millions)
11. So Long Marianne (reprise de Leonard Cohen)

Rappel
Nothing Compares 2 U (chanson de Prince/The Family, popularisée par Sinéad O’Connor) (avec Rachael Yamagata)
Overrated
Out Of Bed