Critique CD: The Pipettes – Earth Vs The Pipettes
The Pipettes
Earth Vs The Pipettes
Arriver à créer une suite satisfaisante à un premier album encensé par la critique et le public n’est pas chose facile.
La formation britannique The Pipettes en a fait l’expérience cette année. Leur 2e album, en magasins aujourd’hui en Amérique du Nord, s’est vu rabroué par la plupart des critiques sur le Vieux Continent, où il est sorti à la fin de l’été.
Attentes trop hautes?
Earth Vs The Pipettes n’est pas un album impertinent, loin de là. Seulement, face aux attentes engendrées par We Are The Pipettes (sorti en 2006), il ne fait pas le poids.
La première pièce, Call Me, annonce immédiatement les couleurs de l’album, avec un son disco copié sur ce qui se faisait dans les années 70, sans rien y apporter de novateur.
Les deux chanteuses se débrouillent bien – en particulier Gwenno –, mais les chansons demeurent ternes, et ne sont jamais plus qu’un fac-similé maladroit de vieux tubes rétro.
Là où le premier album reprenait avec subtilité – et goût – le kitsch des groupes féminins des années 60 en y mêlant l’attitude « girl power » des années 2000, Earth Vs The Pipettes déçoit par l’absence de toute forme de sarcasme et d’originalité, que ce soit au niveau des arrangements (trop touffus), ou des paroles (trop naïves).
Produit par le vétéran Martin Rushent, qui a travaillé par le passé avec des groupes aussi divers que Yes, Fleetwood Mac ou encore Gentle Giant , Earth Vs The Pipettes regorge de sons et de rythmes beaucoup trop denses, qui empêchent l’album de respirer. Les musiciens sont excellents, mais la production souffre d’un trop plein de couches et d’effets qui neutralisent les efforts du groupe.
L’album sait toutefois faire danser, et plaira sûrement à un public qui ne veut pas se casser la tête. Des airs comme Ain’t No Talkin’, History, Stop the Music ou I Vibe U sont parfaits pour les planchers de danse.
Cependant, si vous recherchez des chansons du calibre de ce que The Pipettes a offert dans le passé, ne perdez pas votre temps; depuis le départ des chanteuses Rose Elinor Dougall et Becki Stephens, le groupe a perdu son mordant, de son originalité, et surtout, de sa personnalité.
Malgré les efforts des membres du groupe, et en particulier de Monster Bobby (fondateur et guitariste du groupe), pour informer le public de la « démarche artistique » de la formation, rien ne peut changer le fait que le groupe a énormément perdu lorsque Dougall et Stephens sont parties.
Ce qui aurait put être un album pop non pas classique mais du moins intéressant n’est, au final, qu’un ramassis de clichés disco qui n’a rien de mémorable.
Si vous voulez de la bonne pop intelligente et subtile, rabattez-vous plutôt sur le premier album solo de Rose Elinor Dougall, Without Why, assurément l’un des meilleurs albums pop-rock de 2010.
Rebecca Stephens, quant à elle, s’apprête à entrer en studio avec son excellent groupe, The Projectionnists, que vous retrouverez sur MySpace.
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