Critique CD : Phil Collins – Going Back
Phil Collins
Going Back
Cote de Marie-Kim:
Cote de Jean-François:
Critique de Marie-Kim Dupuis-Brault:
Six ans après sa compilation Love Songs: A Compilation… Old and New, et la réédition de trois de ses albums solos (sous The Platinum Collection), l’ex-batteur de Genesis nous revient avec un opus chargé, intitulé Going Back, qui se traduit en 18 reprises soul et motown, le tout remanié à la sauce Collins.
Bien qu’on s’en doutait déjà avec ses populaires reprises de You Can’t Hurry Love ou True Colours, l’influence qu’a eu le motown sur la carrière solo de Phil Collins se concrétise plus que jamais sur cet album.
On y retrouve des reprises de groupes et d’artistes des années 60, notamment The Temptations, Stevie Wonder, Martha and the Vandellas et The Supremes.
Le tout fait très Collins et ne semble pas une nouveauté en soi, comparativement à ce qu’il a fait auparavant. On y retrouve les arrangements typiques de l’artiste, toujours riches en trompettes, saxophones et tambourines.
Recréer l’esprit des originales
Ceux-ci semblent même parfois avoir un son un peu vieillot, vintage et il semble bien que c’est ce que Collins recherchait : « My idea, though, was not to bring anything ‘new’ to these already great records, but to try to recreate the sounds and feelings that I had when I first heard them. My intention was to make an ‘old’ record, not a ‘new’ record » comme il le confie dans le communiqué accompagnant l’album. Et de ce côté, c’est réussi.
Plusieurs pièces très rythmées, notamment (Love Is Like A) Heatwave – qui est probablement la meilleure piste de l’album – et Girl (Why You Wanna Make Me Blue), donnent envie de danser avec les choeurs fort entraînants. Disons que ça met du soleil dans une journée grise.
Là où Collins s’égare un peu, c’est avec la chanson Papa Was a Rolling Stone, où il semble forcer sa voix, en voulant trop reproduire le timbre de voix des chanteurs soul, ce qui ne lui va pas tout à fait.
Outre ce bémol, l’album comporte également son lot de balades, qui sont toujours une valeur sûre avec l’artiste britannique. Blame It On The Sun et Some Of Your Lovin’ sont des paris forts bien relevés.
Somme toute, c’est un album à l’ambiance très festive que nous livre Phil Collins, où tout est mis en œuvre pour nous faire revivre les années 60. Avec succès.
Le point de vue de Jean-François Tremblay:
Going Back : pour nostalgiques seulement…
Phil Collins fait un retour sur disque cet automne, huit ans après son dernier album, avec Going Back, une collection de reprises de chansons des années 60, plus ou moins obscures, et toutes tirées du vaste répertoire Motown.
Vous aimez sa version de You Can’t Hurry Love, le titre des Supremes qu’il a repris en 1983? Alors ce disque est pour vous.
L’album complet est conçu dans la même veine. Dès les premières notes de Girl (Why You Wanna Make Me Blue), on reconnaît les cuivres, le son particulier de la batterie, la tambourine, tout ce qui caractérise le son des classiques de l’étiquette Motown.
Un « Vieux disque »
Collins a fait appel, pour ce disque, aux membres survivants du groupe The Funk Brothers, un ensemble qui fut de tous les enregistrements Motown, de 1959 à 1972. Son désir : reproduire à la perfection le son de ces chansons qui l’ont inspiré tout au long de sa vie. Il voulait faire « un vieux disque ».
Et il y est parvenu. Force est d’admettre que Collins a réussi à faire un disque qui sonne exactement comme les disques soul des années 60. Le choix des chansons est intéressant – il a choisi des titres peu communs – et la production est impeccable.
Trop long
Ceci dit, c’est loin d’être parfait.
Première erreur – le nombre de pièces. 18 sur l’édition normale, 29 sur l’édition limitée. C’est beaucoup trop. Une douzaine de chansons bien choisies auraient donné un disque plus solide.
Deuxièmement – la voix de Collins. Celui-ci est âgé de 59 ans, il n’est donc plus le même homme qui, il y a 25 ou 30 ans, arrivait à donner une certaine gravité à ses pièces, comme Against All Odds ou Mama (de Genesis). Il n’a plus cette puissance dans la voix, le tout s’est adoucit, aminci, son chant est beaucoup moins poignant. La production de l’album, qui se veut très rétro avec les échos et autres effets, rend sa voix encore plus nasillarde que jamais.
Collins n’est pas Sam Cooke ou Otis Redding. Bien qu’il soit encore capable de pousser la chansonnette – et il le fait mieux que bien des gens qui ont la moitié (ou le tiers!) de son âge – il lui manque ce petit « oumph! » que les interprètes chez Motown avaient et qui a rendu leurs chansons intemporelles.
Où est l’intérêt?
L’entreprise est louable, et c’est très bien fait, mais le tout est convenu, sans surprises. Le disque n’a aucune pertinence en soi, et les jeunes qui cherchent à connaître ces classiques feraient mieux d’aller écouter les originaux. Collins les reproduit si bien, sans rien leur apporter de nouveau, qu’on ne voit pas trop à quoi sert ce genre d’exercice, si ce n’est que de nourrir une nostalgie qui occupe déjà beaucoup trop les ondes de nos radios.
Pour cet amateur de Phil Collins, ce disque est une déception, bien que certaines chansons soient très agréables. En bout de ligne, l’album est trop long, inutile, et destiné seulement aux nostalgiques finis.
Quelques moments forts: Girl( Why You Wanna make Me Blue), Ain’t Too Proud to Beg, Jimmy Mack
Moments moins forts: Never Dreamed You’d Leave in Summer, Going Back, Do I Love You
- Artiste(s)
- Phil Collins
- Catégorie(s)
- Pop,
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